La tendance aux chalets de luxe à la montagne

16 février 1995
01m 47s
Réf. 00069

Notice

Résumé :

La tendance de l'immobilier dans les stations de sports d'hiver est aux chalets en bois luxueux et haut de gamme. En effet, chacun de ces chalets coûte entre 1,3 millions et 2,5 millions de francs. Ceux-ci sont destinés à une clientèle aisée, étrangère. Cette tendance s'accompagne d'une montée globale des prix de l'immobilier et les propriétaires de petits studios ont du mal à y faire face lorsqu'ils souhaitent revendre.

Date de diffusion :
16 février 1995
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Le reportage, diffusé sur FR3 Alpes le 16 février 1995, met en exergue la question de l'immobilier de loisir en station et plus particulièrement celle de l'évolution du parc d'hébergement touristique. Ainsi, c'est la station de Flaine, située dans le Grand Massif en Haute-Savoie et présentée comme un « petit coin de Norvège » qui sert d'exemple, avec une vue sur des chalets récemment construits.

La construction de chalets de grande surface, représentants d'une architecture norvégienne dans la vidéo (mais principalement tyrolo-autrichienne dans la plupart des sites alpins), constitue l'option retenue par la plupart des stations alpines. Ces types d'hébergement touristique correspondent à la demande de la clientèle, dont les attentes ont évolué depuis la création des stations et qui aspire désormais à des surfaces plus grandes et à une certaine authenticité architecturale. Dans ce contexte, les prix d'accession à l'immobilier s'envolent (le reportage fait état d'un budget de 1,3 à plus de 2 millions de francs de l'époque pour l'achat d'un chalet). De tels niveaux de prix expliquent la montée en gamme immobilière des stations, avec une clientèle de plus en plus européenne et/ou internationale, seule apte à pouvoir acquérir de tels biens. Ceci questionne également le devenir des lits touristiques issus de la période originelle de construction des stations, où les logements étaient basés sur des ratios de 9-12m² par lit touristique et qui trouvent plus difficilement acheteurs.

En parallèle, se pose le problème de l'immobilier de loisir non mis en location par leurs propriétaires et qui viennent rejoindre les rangs des lits qualifiés de « froids ». Les raisons sont multiples, combinant à la fois l'inadéquation des logements à la demande de la clientèle mais aussi les réticences des propriétaires à mettre en location leur bien (via une agence ou par leurs propres moyens). C'est une situation qui a émergé dans les années 1990 et qui a conduit le législateur, lors de la loi Solidarité et Rénovation Urbaine de 2000, à proposer le dispositif ORIL, Opération de Rénovation de l'Immobilier de Loisir, lequel tente via des dispositifs essentiellement fiscaux, de remettre en marché les lits touristiques après une réhabilitation.

Aujourd'hui, cette question de l'immobilier de loisir reste entière en stations de montagne, avec d'un côté, une poursuite de la construction de lits neufs en stations pour répondre à la demande et de l'autre, un parc immobilier ancien peinant parfois à être mis en location.

Emmanuelle George-Marcelpoil

Transcription

Yvan Avril
Un petit bout de Norvège en plein coeur du grand massif. Les derniers programmes immobiliers construits à Flaine donnent le ton de l’axe principal développé dans les stations alpines, luxe et haut de gamme. Pour acquérir l’un de ces chalets, il faut débourser entre un million trois et deux millions et demi de francs. Alors naturellement, on se tourne vers une clientèle riche et étrangère, la crise de l’immobilier a déjà aboli les frontières.
Cathy Vauffrey
C’est surtout une évolution vers une clientèle européenne, une clientèle internationale qui elle, recherche beaucoup de chalets, beaucoup de chalets individuels, et recherche aussi l’espace ; et l’unité architecturale, ça aussi, c’est très important.
Yvan Avril
Concernant le marché du logement classique, Flaine et ses 10 000 lits semblent se contenter de l’acquis. Ici pas de construction neuve en vue, la crise n’encourage pas l’optimisme des promoteurs. En ce qui concerne la revente, même situation, les grands appartements se vendent plutôt bien, alors que les petites surfaces restent le plus souvent sur les bras des propriétaires. Ceux qui ont perdu le plus sont les acheteurs des dernières années.
Cathy Vauffrey
Les propriétaires qui perdent de l’argent, ce sont les propriétaires qui ont acheté dans les huit dernières années. Mais les propriétaires qui ont acheté il y a 15 ans ne perdent pas d’argent. La revente n’est pas à son point bas, mais les belles choses se revendent bien, les choses moyennes se revendent moyennement, et les appartements minis et…, se revendent mal.
Yvan Avril
L’investissement locatif a également du plomb dans l’aile. Les particuliers ne souhaitent plus louer. Investissements amortis, ils évitent ainsi d’avoir à assumer certaines déprédations. L’avenir reste donc résolument tourné vers le haut de gamme qui pourrait même être combiné à la multipropriété, évitant ainsi une addition trop salée.