Redynamiser les zones de montagne : exemple à l'Argentière-La Bessée

26 octobre 2002
01m 42s
Réf. 01032

Notice

Résumé :
Reportage à l'Argentière-La Bessée où le maire, Joël Giraud, a réussi à enrayer le déclin de sa commune et insuffler un nouveau dynamisme économique en développant des activités touristiques et sportives.
Date de diffusion :
26 octobre 2002
Source :

Éclairage

Cet extrait du journal de France 3 Marseille de 2002 évoque la reconversion de la commune de l'Argentière-La Bessée (Hautes-Alpes) à la suite de la fermeture de l'usine d'aluminium Péchiney en 1985.
C'est dans le vallon du Fournel que débute au Moyen-Âge l'activité industrielle de la commune avec l'extraction de plomb argentifère. Les techniques extractives se transforment à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle. Alors que la mine est abandonnée à la fin du XIXe siècle, le développement de l'énergie hydroélectrique et le fort potentiel de l'ombilic[1] de l'Argentière attirent Gilbert Planche, un entrepreneur lyonnais, qui s'installe à son tour dans le vallon du Fournel. Ce vallon est donc fortement lié au développement des activités industrielles de l'Argentière-La Bessée, il est d'ailleurs confondu dans le reportage avec l'ensemble de la commune. 
Au début du XXe siècle la SEMF[2], qui deviendra plus tard Péchiney, s'installe en amont du vallon. Elle investit le fond de la vallée de la Durance, entourée des différents hameaux historiques dont les plus peuplés sont la Bessée du Milieu, La Bessée Basse, Plan Léothaud et La Blachière. Premier pourvoyeur d'emplois de la vallée, le producteur d'aluminium va fortement marquer le territoire et l'identité argentiéroise de 1910 à 1985 au travers de son activité productive et d'une politique sociale paternaliste (mise en place de logements, de lieux de cultes, de dispensaires, organisation des loisirs etc).
L'activité s'arrête en 1985 après un long conflit médiatisé où interviennent divers acteurs politiques départementaux, régionaux et nationaux (l'entreprise est nationalisée en 1982). De nombreux emplois directs et indirects disparaissent. Le centre de la commune qui accueillait le complexe usinier est en partie rasé.
Face à la nécessité de se reconvertir, la nouvelle équipe municipale élue en 1989 utilise le foncier de l'entreprise acquis à un prix symbolique pour développer progressivement un projet à plusieurs facettes : une tentative de maintien de l'activité industrielle avec l'implantation des fonderies et aciéries de Provence, puis une relance économique par le tourisme de nature, le sport et le patrimoine appuyé sur l'expertise d'une ingénierie territoriale. Une place particulière est accordée à l'histoire industrielle locale. Les mines d'argent du Fournel, déjà centre de recherche, sont désormais ouvertes au public et accompagnées d'un musée. Un circuit sur le patrimoine industriel est mis en place à travers la commune. Le centre est rebâtit (supermarché, logements, commerces). L'Argentière-La Bessée se voit aussi équipée d’infrastructures sportives telles que le stade d'eaux-vives visible dans le reportage. Ces différents projets financés par des subventions publiques nécessitent tout de même un important investissement financier de la commune et induisent une hausse de la fiscalité locale comme l'évoque l'extrait. Ils aboutissent à un accroissement démographique et une relance de l'activité économique locale désormais tournée vers le tourisme.
Au début des années 2000, cette « re-dynamisation » devient un symbole médiatisé comme le montre le reportage. La voix-off évoque la présence d'une vingtaine de maires de l'Association nationale des élus de montagne réunis à l'Argentière-La Bessée pour « voir comment s'est opéré le miracle ».
Une première interview donne la parole à Marie-Jeanne Pasqualini, maire de Gavignano (Haute-Corse). L'élue explique son intérêt pour le stade d'eaux-vives de la commune, un concept transposable sur l'île où il existe aussi des torrents praticables, « un exemple à suivre ».
Une seconde interview donne la parole à Joël Giraud, maire de l'Argentière-La Bessée depuis 1989 et député de la 2ème circonscription des Hautes-Alpes depuis 2002. Cette figure de la localité rappelle que la commune a fait ses preuves, renvoyant implicitement aux difficultés rencontrées depuis la fermeture de l'usine autant qu'à un sentiment de réussite face au processus de reconversion de l'Argentière-La Bessée. Le maire évoque la poursuite des projets en cours et la hausse des moyens mis à la disposition de la commune à la suite des lois de décentralisations.
Le reportage conclut sur un exemple de cette consécration du modèle argentiérois : le stade d'eaux-vives de la commune accueillera les championnats d'Europe de canoë-kayak de 2006.
Au delà du cas particulier de l'Argentière-La Bessée, cette archive télévisuelle renvoie principalement à deux questions : celle de la construction et de la médiatisation de modèles d'adaptations pour les territoires de montagne, ainsi que celle de la circulation de ces modèles entre différents territoires confrontés à des problématiques semblables et/ou ayant des ressources similaires.

[1]    Un ombilic glaciaire correspond à une dépression d'une vallée glaciaire. Dans le cas de l'Argentière, cet ombilic est remblayé.
[2]    Société Électro-Métallurgique Française de Froges

Voir aussi :

Développement du village de Jarzy par l'artisanat
Cécile Combal

Transcription

Robert Papin
C'est sûrement l'un des plus beaux exemples de redynamisation d'une zone de montagne en France. En 12 ans, le vallon du Fournel s'est repeuplé comme au plus fort temps de son ère industrielle. Ici la fermeture d'une usine d'aluminium en 85 a provoqué un véritable exode rural. Aujourd'hui 2500 personnes vivent à nouveau dans le vallon. Une vingtaine de maires de l'association nationale des élus de montagne est venue voir comment s'est opéré le miracle et certains ont même trouvé quelques idées d'applications à ramener à la maison.
Marie-Jeanne Pasqualini
Notamment dans la gestion du stade aquatique, parce ce que en Corse on a des torrents qui se prêteraient à ce genre de sports. Et je pense que c'est une, c'est un bon exemple à suivre.
Joël Giraud
Lorsque l'entreprise a annoncé... 
Robert Papin
Dès qu'il fut élu maire en 89, Joël Giraud a lancé sa recette, elle s'appuie sur l'exploitation de tout le patrimoine historique, naturel et même industriel de sa région. Exemple : les mines d'argent, fermées depuis un siècle, elles sont devenues aujourd'hui un lieu touristique très visité, mais aussi un centre de recherche et d'études archéologiques. La fiscalité locale a bien sûr augmenté mais l'ensemble des projets a été en grande partie financé par des aides nationales et européennes.
Joël Giraud
Parce que nous avons fait nos preuves nous continuerons, je dirais au travers de cette dynamique, à avoir, au travers de la décentralisation je pense, encore plus de moyens mis à notre disposition.
Robert Papin
Et cerise sur le gâteau c'est sur le stade d'eau vive de la commune que se dérouleront les championnats d'Europe de canoë kayak en 2006, de quoi faire bouillonner encore un peu plus les projets de développement.