Les difficultés de l'emploi dans le Sud Vendée
29 septembre 2009
01m 34s
Réf. 00537
Notice
Résumé :
Le Sud Vendée subit actuellement une crise de l'emploi, avec des entreprises telles la SAMRO, SKF ou Plysorol qui ferment ou ont recours au chômage partiel. Dans le contexte de mondialisation et de hausse du chômage au plan national, l'ensemble du département vendéen est touché, avec la perte de 6000 emplois industriels, mais c'est le bassin de Fontenay-le-Comte qui est le plus atteint.
Type de média :
Date de diffusion :
29 septembre 2009
Source :
FR3
(Collection:
JT soir Pays de la Loire
)
Lieux :
Éclairage
Après avoir été l’un des territoires ayant le mieux incarné l’émergence du dynamisme économique vendéen depuis le milieu des années 1960 jusqu’aux années 2000 sous le long règne municipal d’André Forens, l’arrondissement de Fontenay-le-Comte a été durement frappé par la désindustrialisation qui affecte de nombreuses autres régions françaises depuis une vingtaine d’années et peine encore aujourd’hui à renouer avec la croissance même si des signaux encourageants sont observés depuis peu.
Enfant chéri de la DATAR, le bassin d’emplois de Fontenay-le-Comte a bénéficié de plusieurs décentralisations industrielles dont les plus remarquables au début des années 1970 furent l’usine de disjoncteurs transférée depuis la banlieue parisienne dans la fameuse « usine étoile » conçue par l’architecte Georges Mathieu et l’usine du géant suédois des roulements SKF. Le cercle vertueux des investissements de l’Etat et des initiatives politiques locales ambitieuses dans les équipements collectifs favorisait le maintien sur place d’une population jeune et disposée à s’investir dans les emplois industriels. Le dynamisme économique n’était pas uniquement importé de l’extérieur de la région comme en témoigne la réussite de la Samro qui en trente ans va devenir le leader français de la remorque de poids-lourds ou des transports routiers Thouanard. Pour sa part, la campagne avoisinante n’était pas en reste avec de belles réussites dans des productions aussi diverses que le maïs, le tournesol, l’élevage laitier ou celui de bêtes à viande, tous intégrées dans le mouvement coopératif.
Ce système socio-économique relativement harmonieux va entrer en crise au cours de la décennie 2000 et connaître un déphasage croissant avec les autres bassins d’emplois vendéens qui continuent de se développer ou qui résistent bien mieux à la crise de 2008-2009. A Fontenay, la crise industrielle débute de manière larvée avec comme exemple symbolique la disparition précoce de France Transformateurs qui avait été la première à occuper l’usine Mathieu. Elle est suivie d’autres petites mises en liquidation au cours des années 1990. La lente montée du taux de chômage semble cependant davantage corrélée avec la réduction d’activité de l’armée de terre qui affecte le commerce. Les inquiétudes au sein de la population commencent à réellement se faire sentir avec l’annonce d’un premier plan social de 148 emplois chez SKF en 2006 car l’entreprise qui comptait 900 salariés en 1990 avait déjà connu un reflux du nombre de salariés au fil des ans. Cette mesure constitue le signe précurseur d’une cascade de mauvaises nouvelles à partir de 2009. Cette année est en effet marquée par les dépôts de bilan de la Samro et des transports Thouanard et un second plan social portant sur 380 emplois chez SKF ; les déconvenues se poursuivent jusqu’en 2013 avec la fermeture du site fontenaisien de la multinationale suédoise ainsi que du fabricant de contreplaqué Plysorol qui employait 112 salariés.
En quelques années, Fontenay-le-Comte a ainsi perdu 1600 emplois et la réussite d’Horoquartz dans les locaux de l’usine Mathieu ne peut masquer l’ampleur de la déprise industrielle, d’autant que le siège fontenaisien de l’entreprise de services n’est qu’administratif et technique et que le vrai pouvoir de décision est à Paris. Afin de faire rebondir l’activité, les acteurs politiques et économiques locaux ont choisi de s’appuyer sur la proximité de l’A83 près de laquelle ils ont aménagé le Vendéopôle Sud-Vendée qui accueille entre autres la fabrication des vérandas Fillonneau ainsi qu’une base logistique Système U, mais ils regrettent l’abandon du maillon autoroutier A831 qui aurait permis de faciliter les échanges avec le port de La Pallice et la côte charentaise.
Il est possible que l’une des causes des difficultés du sud-Vendée soit à rechercher dans la différence de mentalité de cette partie du département qui se traduit d’ailleurs sur le plan électoral. Le sud-Vendée n’entretient pas les mêmes liens de solidarité sociale et économique que ceux en vigueur dans les terroirs du nord-vendéen. Fontenay-le-Comte paye aussi sans doute en partie la politique de meccano industriel conçue depuis les bureaux parisiens de la DATAR qui était certes parvenue à des résultats spectaculaires qui ont porté leurs fruits durant une génération, mais qui n’ont pas permis de faire jaillir un esprit entrepreneurial aussi puissant que dans le reste du département ; peut-on espérer que la crise provoque un électrochoc qui porterait rapidement ses fruits ?
Enfant chéri de la DATAR, le bassin d’emplois de Fontenay-le-Comte a bénéficié de plusieurs décentralisations industrielles dont les plus remarquables au début des années 1970 furent l’usine de disjoncteurs transférée depuis la banlieue parisienne dans la fameuse « usine étoile » conçue par l’architecte Georges Mathieu et l’usine du géant suédois des roulements SKF. Le cercle vertueux des investissements de l’Etat et des initiatives politiques locales ambitieuses dans les équipements collectifs favorisait le maintien sur place d’une population jeune et disposée à s’investir dans les emplois industriels. Le dynamisme économique n’était pas uniquement importé de l’extérieur de la région comme en témoigne la réussite de la Samro qui en trente ans va devenir le leader français de la remorque de poids-lourds ou des transports routiers Thouanard. Pour sa part, la campagne avoisinante n’était pas en reste avec de belles réussites dans des productions aussi diverses que le maïs, le tournesol, l’élevage laitier ou celui de bêtes à viande, tous intégrées dans le mouvement coopératif.
Ce système socio-économique relativement harmonieux va entrer en crise au cours de la décennie 2000 et connaître un déphasage croissant avec les autres bassins d’emplois vendéens qui continuent de se développer ou qui résistent bien mieux à la crise de 2008-2009. A Fontenay, la crise industrielle débute de manière larvée avec comme exemple symbolique la disparition précoce de France Transformateurs qui avait été la première à occuper l’usine Mathieu. Elle est suivie d’autres petites mises en liquidation au cours des années 1990. La lente montée du taux de chômage semble cependant davantage corrélée avec la réduction d’activité de l’armée de terre qui affecte le commerce. Les inquiétudes au sein de la population commencent à réellement se faire sentir avec l’annonce d’un premier plan social de 148 emplois chez SKF en 2006 car l’entreprise qui comptait 900 salariés en 1990 avait déjà connu un reflux du nombre de salariés au fil des ans. Cette mesure constitue le signe précurseur d’une cascade de mauvaises nouvelles à partir de 2009. Cette année est en effet marquée par les dépôts de bilan de la Samro et des transports Thouanard et un second plan social portant sur 380 emplois chez SKF ; les déconvenues se poursuivent jusqu’en 2013 avec la fermeture du site fontenaisien de la multinationale suédoise ainsi que du fabricant de contreplaqué Plysorol qui employait 112 salariés.
En quelques années, Fontenay-le-Comte a ainsi perdu 1600 emplois et la réussite d’Horoquartz dans les locaux de l’usine Mathieu ne peut masquer l’ampleur de la déprise industrielle, d’autant que le siège fontenaisien de l’entreprise de services n’est qu’administratif et technique et que le vrai pouvoir de décision est à Paris. Afin de faire rebondir l’activité, les acteurs politiques et économiques locaux ont choisi de s’appuyer sur la proximité de l’A83 près de laquelle ils ont aménagé le Vendéopôle Sud-Vendée qui accueille entre autres la fabrication des vérandas Fillonneau ainsi qu’une base logistique Système U, mais ils regrettent l’abandon du maillon autoroutier A831 qui aurait permis de faciliter les échanges avec le port de La Pallice et la côte charentaise.
Il est possible que l’une des causes des difficultés du sud-Vendée soit à rechercher dans la différence de mentalité de cette partie du département qui se traduit d’ailleurs sur le plan électoral. Le sud-Vendée n’entretient pas les mêmes liens de solidarité sociale et économique que ceux en vigueur dans les terroirs du nord-vendéen. Fontenay-le-Comte paye aussi sans doute en partie la politique de meccano industriel conçue depuis les bureaux parisiens de la DATAR qui était certes parvenue à des résultats spectaculaires qui ont porté leurs fruits durant une génération, mais qui n’ont pas permis de faire jaillir un esprit entrepreneurial aussi puissant que dans le reste du département ; peut-on espérer que la crise provoque un électrochoc qui porterait rapidement ses fruits ?
Eric Kocher-Marboeuf