La construction de l'usine Michelin à la Roche-sur-Yon

14 janvier 1972
05m 15s
Réf. 00017

Notice

Résumé :
La construction de l'usine Michelin à La Roche-sur-Yon sera achevée en juillet 1972. Son implantation, facilitée par la municipalité, renforce le poids de l'entreprise dans l'ouest, offrant 400 postes à des salariés encore en formation.
Date de diffusion :
14 janvier 1972
Source :

Éclairage

En France, la décennie 1965-1975 est marquée par la véritable démocratisation de l’automobile dans toutes les couches de la société. D’après les statistiques de l’INSEE, la part des ménages possédant une automobile passe de 47,5 % en 1965 à 57,6 % en 1970 et 64,1 % en 1975. Les immatriculations de voitures particulières et commerciales neuves en France passent ainsi de 800 000 en 1965 à 1,4 million en 1973. Les années Pompidou sont ainsi fréquemment présentées comme celles du « tout voiture », de « la reine bagnole » en référence à l’achèvement des voies sur berges à Paris ou de l’inauguration par le chef de l’Etat du dernier tronçon de l’autoroute A 6 le 29 octobre 1970.
Au seuil de la décennie 1970, l’industrie automobile fait ainsi vivre près d’un Français sur dix et parmi les fabricants de pièces détachées pour le secteur automobile, les industriels du pneumatique emploient des milliers de salariés et investissent constamment dans la recherche-développement pour améliorer leurs produits. Parmi les manufacturiers présents sur le sol français, la société Michelin fondée en 1889 par André et Edouard Michelin à Clermont-Ferrand possède un capital de notoriété particulier reposant tout à la fois sur la qualité de ses enveloppes pour tous types de véhicules que sur son omniprésence dans la culture automobiliste nationale avec ses célèbres plaques de signalisation en béton, les cartes routières, les guides vert et rouge ou même le fameux autorail « Micheline ».
Dans son cœur de métier, Michelin a lancé en première mondiale en 1949 le pneu à carcasse radiale, le pneu X, développé à partir d’un acier spécial fabriqué aux Forges et aciéries de Pompey près de Nancy. L’avance technologique du pneu X Michelin associée à la qualité de la tenue de route de la Citroën DS à suspension hydraulique placent la France au premier rang mondial en termes de qualité de roulage dans les années 1950.
La demande pour les pneus Michelin explose au cours de la décennie 1960 et en 1970, Michelin annonce son intention de compléter ses seize sites de production français en implantant une nouvelle unité de fabrication à La Roche-sur-Yon avec une ouverture à l’horizon de l’été 1972. La construction de cette usine s’inscrit dans une chaîne logistique impliquant le grand Centre-Ouest puisque le groupe possède, achève ou projette des unités de fabrication pour véhicules légers, utilitaires ou poids-lourds à Vannes, Cholet, La Rochelle, Poitiers et Tours.
Compte tenu de la notoriété de Michelin, l’annonce de l’implantation du fabricant de pneumatiques à La Roche-sur-Yon fournit aux élus locaux un argument de poids pour convaincre d’autres industriels à s’implanter à leur tour dans la nouvelle zone industrielle de la route de Nantes aux portes du centre-ville. C’est la raison pour laquelle la ville a financé le terrassement du terrain de 4 ha de la future usine.
En 2015, presque un demi-siècle après son inauguration, l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon employait 740 salariés contre 300 à ses débuts et bien que les évolutions de la production mondiale de véhicules aient conduit la marque du célèbre Bibendum à s’internationaliser toujours davantage, la société auvergnate s’appuie encore sur les sites de Vannes, Cholet, Tours et La Roche-sur-Yon pour assurer une petite part de sa production. Après avoir annoncé en juin 2014 un investissement de 100 millions d’euros dans son site vendéen et la création de 170 nouveaux emplois pour atteindre un objectif de production de 1,6 million enveloppes à l’horizon 2019-2020, le groupe a dû faire réviser ses ambitions de développement à la baisse en septembre 2015 du fait du ralentissement de la croissance observée en Chine. Dans un nouveau schéma d’investissement, l’usine vendéenne ne devrait plus recevoir que 50 millions d’euros et ne créer que 100 emplois pour un objectif annuel de production de 1,2 million enveloppes à la fin de la décennie 2010. Dans cette grande industrie mondialisée, la gouvernance se fait à vue en fonction des anticipations économiques.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

musique
(musique)
Journaliste
Décidée il y a deux ans, commencée au mois de juillet dernier, l’implantation de Michelin à La Roche-sur-Yon sera une réalité au mois de juillet prochain. Le premier pneu doit sortir en effet de l’usine yonnaise à cette date, soit un an après la pose de la première pierre, ce qui constituera sans doute un record du genre. Pour l’instant, ce sont quelques 40000 mètres carrés de chantier sur lequel travaillent 300 ouvriers de 29 entreprises différentes. Il a été nécessaire de terrasser 300000 mètres cubes de terre pour aménager ce terrain à trois kilomètres du centre de la ville, sur la route de Nantes.
musique
(musique)
Journaliste
La conception de cette usine est assez intéressante. Tous les services ont été groupés autour des futures unités de fabrication, les pneumatiques y seront coulés, formés et vulcanisés en chaîne selon les procédés Michelin.
musique
(musique)
Journaliste
Monsieur [Verdet], le Groupe Michelin dispose en France de quelques 16 usines mais quelle est l’importance de votre implantation dans l’ouest ?
Intervenant 1
Eh bien, je pense que avec la, notre nouvelle usine de La Roche-sur-Yon, nous commençons à peser sérieusement dans l’économie de l’ouest de la France, puisque notre usine de Vannes, notre usine de Tours, notre usine de Cholet, notre usine de Poitiers et maintenant notre usine de La Roche-sur-Yon, ça fait donc cinq usines fabriquant du pneu, des pneus tourisme, du pneu poids lourd, du câble. Tout ça forme un tout, une chaîne cohérente et je crois que nous irriguons, nous commençons à irriguer l’économie de l’ouest de la France.
Journaliste
Votre matière première viendra de Cholet ?
Intervenant 1
Eh bien, nous avons des produits semi-finis qui viendront aussi bien de Cholet que de Tours, et que de notre usine de Vannes, et nous élaborerons ici des pneus poids lourd qui iront, être stockés, qui seront stockés et distribués dans notre usine de Poitiers.
Journaliste
En principe, cette usine va commencer à tourner au mois de juillet, combien d’emplois seront créés à cette époque ?
Intervenant 1
Je suis technicien et non pas spécialiste de l’embauche. Tout ce que je peux vous dire, c’est que la, nous commençons à tourner effectivement aux environs du mois de juillet avec 400 personnes environ ; et ensuite, ce sont les Yonnais eux-mêmes et les désirs de la clientèle qui feront que nous croîtrons plus ou moins vite.
Journaliste
Des possibilités d’extension donc dans l’avenir ?
Intervenant 1
Ah, il y a de sérieuses possibilités d’extension, que vous pourrez constater sur le site lui-même, puisque nous pouvons doubler l’usine actuellement sous vos yeux ; et même faire une troisième extension pour des chambres de voitures et des pneus de vélos et de motocyclettes.
Journaliste
Quelle sera la capacité de production de cette usine ?
Intervenant 1
La première tranche, en poids lourd, sera de 1300 bandages/jour, c’est-à-dire environ 80 tonnes de produits finis par jour.
musique
(musique)
Journaliste
Une partie du personnel déjà recrutée sur place est en ce moment en formation professionnelle à Clermont-Ferrand, au siège des usines Michelin, où les techniciens et les agents de maîtrise qui travailleront ici se familiarisent avec les méthodes de fabrication propres au Groupe Michelin. En effet, la firme clermontoise se vante de posséder des techniques qui lui sont propres et les machines qu’elle utilise sont fabriquées selon des normes particulières. Cette implantation représente un investissement de plus de 5 milliards de Francs mais la municipalité de La Roche-sur-Yon a pris à sa charge une partie des travaux dans tout l’aménagement d’accueil avec terrassements, lignes électriques et conduites d’eau. De plus, Michelin a été exonéré de la taxe d’équipement et le terrain lui a été cédé à des conditions avantageuses par la municipalité. Mais dans quelques années, un tel investissement sera une source de revenus pour la ville de La Roche-sur-Yon.
musique
(musique)
Intervenant 1
Monsieur [Gaborit], comment ça s’est passée cette installation ici, à La Roche-sur-Yon, de cette usine Michelin, vos relations avec la municipalité ?
Intervenant 2
Ben écoutez, nos relations avec la municipalité ont été excellentes, tant avec la direction de l’équipement qu’avec la ville elle-même. D’autre part, nous avons bénéficié d’un temps exceptionnel étant donné que cette année, nous n’avons pratiquement pas eu de pluie depuis le mois de juin ; ce qui nous permet dès maintenant de tenir les délais et peut-être même d’envisager un démarrage plus tôt que la date qui avait été annoncée officiellement.
Journaliste
Est-ce que vous aviez, est-ce que vous avez fait un choix entre plusieurs villes de l’ouest pour vous installer ?
Intervenant 2
Bien, le choix entre plusieurs villes de l’ouest, non, pas spécialement, étant donné que lorsque nous choisissons un site, nous tenons compte des possibilités d’eau, pour l’alimentation de notre usine, et de main d’oeuvre dans la région.
Journaliste
Possibilités que vous avez trouvées ici, à La Roche-sur-Yon ?
Intervenant 2
Possibilités que nous avons trouvées à La Roche-sur-Yon, effectivement.
Journaliste
Donc, début de la fabrication juillet 72 avec 400 ouvriers, cette usine pourra s’agrandir dans les années prochaines et on estime qu’il y aura alors quelques 600 ouvriers qui travailleront ici.