Manifestation Coordination Rurale en Vendée

19 juin 1992
01m 56s
Réf. 00032

Notice

Résumé :
150 agriculteurs de la Coordination Rurale de Vendée manifestaient aujourd'hui, à Palluau, en protestation contre la Politique Agricole Commune. Ils protestent contre les principes de cette politique qui, selon eux, entraîne une baisse les prix garantis, gèle les terres et est la cause de la disparition de certaines exploitations.
Date de diffusion :
19 juin 1992
Lieux :

Éclairage

Au début des années 1990, la question de la réforme de la politique agricole commune (PAC) revient régulièrement à l’ordre du jour des sommets entre chefs d’Etat et de gouvernement et le président de la Commission européenne. La préparation du traité sur l’Union européenne (Traité de Maastricht) qui sera adopté le 7 février 1992 ne concerne pas directement la PAC mais tout le monde est conscient qu’une extension des champs de compétence de l’Europe communautaire vers les piliers de la défense et de la sécurité se traduira par des dépenses nouvelles et que le budget agricole qui représente 85 % des dépenses sera forcément amené à se réduire en proportion et sans doute en montant. Le commissaire européen à l’agriculture irlandais Ray McSharry porte le projet d’une refonte de la PAC passant par le gel de terres, le plafonnement des dépenses communautaires par type de production pour limiter la surproduction chronique de produits agricoles au sein de l’Europe et la mise en place d’aides directes aux agriculteurs. Dans le monde agricole français, l’annonce d’une réforme de la PAC suscite de vives inquiétudes qui aboutissent par exemple le 29 septembre 1991 à une grande manifestation du monde paysan de l’ensemble du territoire français à Paris et donc la délégation vendéenne est emmenée par Philippe de Villiers. La coordination rurale naît en 1992 en refusant l’introduction du système des primes, accusé de faire des agriculteurs des quémandeurs, sa devise est « Tous unis ! » et son slogan est : « Des prix, pas des primes ». Le mouvement rencontre un indéniable succès en particulier chez les céréaliculteurs et dans des départements de tradition politique aussi différente que le Calvados et le Lot-et-Garonne où elle a remporté la présidence des chambres d’agriculture dès 2001. En Vendée, grâce à l’influence de Luc Guyau, devenu précisément président de la FNSEA en 1992, le démarrage est moins spectaculaire et la FDSEA continue de canaliser majoritairement les revendications des agriculteurs. Lors des élections des représentants à la chambre d’agriculture de Vendée de 2013, la coordination rurale a recueilli 23,33 % des voix et un siège contre 63 % des voix et 3 sièges à la FDSEA ; il est indéniable que l’aggravation du malaise paysan, s’il n’est pas enrayé, est favorable à son essor.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Marc Brucker
Madame, Mademoiselle, Monsieur, bonsoir, l’ouest, finalement, aura mis du temps à se mobiliser. Mais c’est parti aujourd’hui, avec la première action donc contre la réforme de la politique agricole commune, la PAC 92 des agriculteurs vendéens. Au total, 150 d’entre eux ont soutenu cette manifestation de la coordination rurale de Vendée, ils entendent ainsi défendre une dignité qu’ils estiment compromise par les effets de cette fameuse PAC.
Marie-Christine Dupé
Il y a encore quelques mois, cette prairie était inexploitée. Aujourd’hui, elle est ensemencée en tournesol sur plusieurs centaines d’hectares. Voilà une des réalités de la nouvelle politique agricole commune, une PAC 92 jugée scandaleuse, que refusent catégoriquement à leur tour les agriculteurs vendéens regroupés en coordination rurale. Pour leur première action sur les routes du département, ils ont dévié les automobilistes vers ces cultures mises en place uniquement pour percevoir des aides européennes.
Gérard Bredin
C’est tout à fait symbolique, nous ne dénonçons, nous n’attaquons surtout pas les agriculteurs qui ont ensemencé ce tournesol, mais bien le principe qui est maintenant de se faire payer de production par des primes.
Marie-Christine Dupé
Certes, la Vendée a mis du temps à bouger, mais à présent, les syndicats minoritaires, Confédération paysanne, FFA et MODEF reçoivent peu à peu l’appui du monde rural régional. Car la PAC, c’est aujourd’hui la baisse des prix garantis, mais demain, le gel des terres. Autrement dit, la condamnation à mort de beaucoup d’exploitations et par conséquent de l’animation rurale comme à Palluau.
Julien Fetiveau
Ben, déjà qu’il n’y a pas de commerce, il n’y a plus rien de resté. Voyez la [incompris] qui est en face, là, elle a fermé il y a un an, c’est resté comme ça. Parce que quand l’agriculture marche Madame, eh bien, tout marche. Puis, s’il n’y a pas d’agriculture, ben tout est mort.
Marie-Christine Dupé
Parmi les 150 exploitants mobilisés ce jour dans ce front uni, certains seront dès lundi à Paris, les autres restent en Vendée pour y préparer de nouvelles actions.