Visite du château de Terre-Neuve

25 juillet 1967
05m 21s
Réf. 00103

Notice

Résumé :
Le château de la Renaissance de Terre-Neuve à Fontenay-le-Comte appartient à la famille de Fontenioux depuis 150 ans. Le propriétaire du moment en retrace l'histoire et fait visiter les lieux. Depuis les cheminées sculptées jusqu'aux caissons des plafonds, en passant par les voûtes à ogives, chaque pièce est une oeuvre d'art unique.
Date de diffusion :
25 juillet 1967
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Au sud du département, aujourd’hui compris dans la ville de Fontenay-le-Comte, le château de Terre-Neuve est un témoignage exceptionnel de la période de la Renaissance. Il a été construit à partir de 1580 pour l’un des compagnons du roi Henri IV, Nicolas Rapin, qui était né à Fontenay en 1535 et mourut à Poitiers en 1608. Issu d’une famille puissante, il est maire de sa ville natale après avoir été admis au barreau de Paris comme avocat, quand il est emprisonné par les protestants en 1569 qui prennent la ville. Il s’échappe et s’engage dans la lutte armée, tout en gardant un office de judicature et en publiant des poèmes satiriques et politiques. Désireux de conserver le royaume en l’état, il se rallie à Henri IV et prend part active à des combats contre les ligueurs, ce qui lui vaut d’être anobli et de devenir prévôt général.
L’édifice, véritable château de la ville, est remarquable, outre son élégance, pour ses plafonds à caisson et pour une cheminée monumentale dédiée à l’alchimie. Au XIXe siècle, l’artiste Octave de Rochebrune, (1824-1900) hérite du château et le transforme. Il y installe d'importants éléments d’époque Renaissance ainsi que des éléments du décor intérieur du château de Chambord offerts par son propriétaire d'alors, le comte de Chambord, le prétendant au trône de France Henri V, dont Rochebrune était partisan. Celui-ci a laissé une collection de près de 500 eaux fortes, réalisées dans le château, où il avait installé une presse. Il était lié aux intellectuels et artistes de la Vendée, que ce soit le peintre Paul Baudry ou l’historien Benjamin Fillon. Ce sont ses descendants, la famille de Fontenioux, qui possèdent encore le château, prolongeant une tradition bi séculaire. Ils l’ouvrent dorénavant aux visiteurs entre mai et septembre. Parmi les hôtes célèbres qui séjournèrent dans le château, il faut signaler la présence, entre 1940 et 1943, de Georges Simenon qui y écrivit de nombreux romans.
Jean-Clément Martin

Transcription

Journaliste
En arrivant à Fontenay-le-Comte, vous trouverez des panneaux qui vous signaleront le château de Terre-Neuve. Et devant ce château, vous aurez peut-être la chance d’être accueilli, comme nous l’avons été nous-mêmes, par son propriétaire Monsieur du Fontenioux.
silence
(silence)
Journaliste
Monsieur, depuis combien de temps, votre famille possède-t-elle ce château ?
Henry (du) Fontenioux
Eh bien, cher monsieur, il y a maintenant un peu plus de 150 ans que ma famille est fixée à Terre-Neuve, dans cette vieille demeure qui a été construite pour Nicolas Rapin. Nicolas Rapin, auteur de La Satyre Ménippée, grand prévôt de la Connétablie de France ; donc pour Nicolas Rapin mais construite par un architecte du nom de Morisson, qui a laissé à Fontenay-le-Comte d’ailleurs, des oeuvres assez nombreuses et de qualité.
Journaliste
Il n’est pas question aujourd’hui de vous faire visiter ce joyau qu’est le château de Terre-Neuve. Tout au plus, de vous faire admirer au passage quelques-unes des pièces remarquables qu’il contient.
silence
(silence)
Journaliste
C’est par exemple la cheminée monumentale du grand salon qui rassemble, dans ses panneaux sculptés, tous les symboles des opérations qui précèdent l’obtention de la pierre philosophale. Masque de vieillard, gnome, rose hermétique, blason de d’Estissac, l’alchimiste célèbre, tout cela justifie l’étude, fort complète, que Fulcanelli a faite de cette cheminée.
silence
(silence)
Journaliste
Dans le petit salon, des panneaux de chêne sculptés dans la masse qui datent de la fin du XVIIIe siècle.
silence
(silence)
Journaliste
Nous arrivons maintenant à la partie Renaissance du château, les plafonds en sont remarquables, entièrement en pierres sculptées, le motif de chaque caisson étant différent de son voisin. L’auteur de ces multiples merveilles, Liénard de la Réau. Cette porte a une histoire, elle donnait accès au cabinet de travail de François Ier au château de Chambord, ce qui explique le F couronné et la salamandre, emblème du Roi. Octave de Rochebrune qui habita Terre-neuve l’a reçue en cadeau du comte de Chambord, qui savait quelle place son ami pouvait lui réserver dans son domaine de Vendée. La salle à manger, qui fut longtemps l’atelier d’Octave de Rochebrune, dont les nombreuses eaux fortes restent célèbres. La cheminée, aussi remarquable que celle du grand salon, date du début du XVIe et se ressent fortement de l’influence de la Renaissance italienne. On peut découvrir, parmi les nombreuses sculptures qui l’ornent, la Fée Mélusine qui, dit la légende, construisit en une nuit la tour qui porte son nom. Et puis face à cette cheminée, une porte datant de 1551, aux lignes pures d’inspiration essentiellement française.
silence
(silence)
Journaliste
Enfin la voûte, cette pièce aux belles ogives qui fut au château de Coulonges-sur-l’Autize la lanterne du grand escalier. Monsieur du Fontenioux y a conservé quelques unes des plaques qu’Octave de Rochebrune utilisait pour ses gravures.
silence
(silence)
Journaliste
Eh bien, la visite se termine mais, Monsieur du Fontenioux, je ne voudrais pas vous quitter, sans admirer au passage au moins l’une de vos collections, il s’agit de votre collection de mortiers. Elle paraît extrêmement complète, et vous avez apparemment de très jolies pièces.
Henry (du) Fontenioux
Oui, oui effectivement, ce fut une des passions de mon père qui, au cours de sa longue carrière, a récolté, a collectionné tous les mortiers qu’il a rencontrés. Et le fait est que au nombre de ceux qui sont ici, il y en a qui sont assez exceptionnels de qualité. Vous avez celui-ci, par exemple, qui est attribué à Benvenuto Cellini qui est d’une qualité exceptionnelle, cet autre très beau, bien gothique, et cet autre encore, ou ces autres de la pleine Renaissance. Et puis à côté, au contraire, celui-là, si modeste, [Ienon] Balley, qui est l’oeuvre d’un brave Vendéen, qui, dans son patois, avait inscrit son nom en 1716 sur son propre mortier.
Journaliste
Visite trop brève d’un château absolument remarquable, et qui, curieusement, est très peu connu. Allez à Fontenay-le-Comte, suivez l’allée de 300 mètres qui sépare la grille d’entrée du château lui-même, un guide vous y attend tous les jours du mois de juillet et du mois d’août de 9 heures à 19 heures. Il commentera pour vous la visite qu’il faut faire au château de Terre-Neuve.
silence
(silence)