Le mémorial des Lucs-sur-Boulogne

22 septembre 1993
02m 23s
Réf. 00109

Notice

Résumé :
Aux Lucs-sur-Boulogne a été édifié un mémorial des Guerres de Vendée, un lieu de mémoire pour cette ville martyre. Un parcours spirituel a été pensé avec des objets d'époque, des textes historiques et une scénographie intégrant musique, oeuvres d'art et espaces cloisonnés.
Date de diffusion :
22 septembre 1993
Source :

Éclairage

Si la commune de La Gaubretière avait été au XIXe siècle, le « Panthéon de la Vendée », c’est la commune des Lucs-sur-Boulogne qui devient un siècle plus tard, l’exemple de la ville martyre de la Vendée.
Le massacre de février 1794 commis par les colonnes infernales avait été redécouvert pendant le Second Empire et commémoré par une chapelle édifiée aux bords de la Boulogne. Les noms des victimes, tels qu’ils figuraient dans la liste de « mortuage » établie par le curé Barbedette à cette date avaient été ensuite reportés dans la chapelle tandis que des vitraux évoquaient cette tuerie dans l’église du bourg.
En 1993, la présence de la mémoire est notablement renforcée puisque l’entrée du bourg est marquée par une esplanade où sont érigées des stèles commémoratives et surtout puisque le mémorial des guerres de Vendée est construit au pied de la chapelle ancienne, sur l’autre rive de la rivière et non loin de l’Historial de la Vendée.
La conception du mémorial, qui rappelle l’esthétique des monuments mémoriels de Berlin, entraîne le visiteur dans un parcours qui insiste sur les dimensions universelles et spirituelles de la guerre de Vendée, en utilisant avec sobriété des éléments régionaux, comme des archives du temps, pour déboucher sur une évocation stylisée des massacres. Toutefois, la spécificité et la complexité de la guerre sont rappelés par les faux et les chapeaux des Vendéens, comme par le discours du 1er octobre 1793 qui demande la destruction des « rebelles de la Vendée ».
Cette leçon, à portée universelle, qui est présentée par le mémorial est confirmée par les salles consacrées aux événements de 1793 à 1796 dans l’Historial voisin.
Jean-Clément Martin

Transcription

Christine Vilvoisin
Branle-bas de combat sur les bords de la Boulogne lors des derniers préparatifs de la mobilisation quasi générale. Samedi soir, on attend ici 40 000 invités et Alexandre Soljenitsyne en personne. Son nom, ses pensées sont déjà inscrits dans la pierre. Sur le chemin qui mène au mémorial, un bâtiment contemporain, sobre, volontairement austère, il ne s’agit pas d’un musée mais d’un lieu de commémoration jalonné d’oeuvres d’artistes régionaux.
Dominique Souchet
C’est en fait un parcours qui est ponctué d’oeuvres contemporaines, des sculptures, des graphismes, une musique originale même qui a été conçue tout exprès pour ce lieu. Mais un art contemporain qui n’est pas gratuit, un art contemporain qui a du sens, qui exprime une réalité historique et une réalité spirituelle.
Christine Vilvoisin
La réalité historique ici, c’est aussi l’exposition de ces objets cultes choisis, ciblés, ainsi que les textes qui les accompagnent. Ce chapeau qui protège du soleil mais pas des balles, le décret du 1er octobre 1793 ordonnant la destruction des rebelles vendéens. Chacune des salles est cloisonnée, la visite rythmée par la musique qui monte crescendo jusque dans la crypte. Sous la croix se dresse alors le peuple vendéen. Naturellement, le mémorial est un lieu de recueillement.
Philippe Noir
Quelque part, les guerres de Vendée sont une guerre de religion, où le problème de la foi, de cette impossibilité de pratiquer sa religion s'est manifesté. Donc, le lieu, on l’a voulu spirituel dans ce sens et évidemment, cette spiritualité, on la retrouve dans la manière de faire l’architecture.
Christine Vilvoisin
Spiritualité sur ce parcours conçu comme un pèlerinage menant à la Chapelle des Lucs, là où sont gravés les noms des martyrs. Ce mémorial se veut un lieu de réconciliation, il est surtout un lieu contre l’oubli et ce message-là, il est omniprésent. Avec à l’entrée de la ville, un autre monument, ces stèles qui symbolisent les massacres, les Lucs-sur-Boulogne est bien la ville martyr de la Vendée.