Exposition nautique

02 janvier 1968
03m 50s
Réf. 00210

Notice

Résumé :
Les chantiers navals Pouvreau, à Vix, produisent depuis 1939 différents modèles de voiliers de compétition ou de croisières, certains ayant même concouru aux Jeux olympiques. Cette production de bateaux en bois s'exporte à l'international et résiste face à l'avènement du plastique.
Date de diffusion :
02 janvier 1968
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Éclairage

Dans la région du Marais poitevin, la Vendée possède la particularité de disposer d’un vaste rivage intra littoral, accessible via un réseau de canaux. Comme aux Pays-Bas, ces paysages de terre et d’eau, gagnés sur la mer à force de grands travaux de dessèchement, abritaient une civilisation très particulière, celle des maraîchins. Jusque dans les années 1960, la barque restait pour eux le moyen de transport adapté pour les productions traditionnelles qui dominaient encore l’économie : les palettes de haricots blancs (les fameuses moghettes) et les vaches.
Habitués à se déplacer de place en place et de champ en champ en utilisant les voies d’eau, les maraîchins ont tout naturellement développé des industries nautiques attachées à la construction traditionnelle en bois. Fondés en 1939, les chantiers Pouvreau de Vix étaient de ceux-là. Après-guerre, ils ont néanmoins su prendre le virage de la reconversion vers la plaisance. Sans se départir de leur savoir-faire, et en maintenant le choix de la marine en bois, ils produisaient alors des voiliers pour répondre à une demande croissante.
Certes, le polyester a déjà fait son apparition chez Bénéteau, mais cette enseigne promise à un bel avenir le réservait encore aux petites annexes (1963) ou aux vedettes dites « pêche-promenade » (Salon de Lorient et Paris, 1964). Pour des questions de coût, le bois conserva son avantage comparatif pendant une quinzaine d’années encore, permettant aux chantiers Pouvreau de poursuivre leur activité. L’heure du polyester, que l’on croyait venue avec l’élaboration du First 30 (Bénéteau, 1976) allait même être encore un peu différée, suite à la hausse des prix des résines de synthèse consécutive au choc pétrolier de 1973. Malgré tout, faute d’avoir pu pris le virage du plastique, les chantiers Pouvreau ont dû fermer en 1999, date de leur liquidation judiciaire.
Thierry Sauzeau

Transcription

silence
(silence)
Journaliste
Et alors, c’est en 1939, Monsieur Pouvreau, que vous avez commencé à fabriquer des requins ?
Monsieur Pouvreau
A démarrer les requins, oui. Et depuis ce temps-là, on en a fait dans les 500, 500, 550.
Journaliste
Environ 500, ce n’est pas là votre seule fabrication ?
Monsieur Pouvreau
Ah non, on fabrique aussi les, les ombrines, qui est un peu bateau camping, très habitable.
Journaliste
Et puis le tigre aussi.
Monsieur Pouvreau
Et puis le tigre, alors ça, c’est le gros bateau compétition, quoi, très rapide.
Journaliste
Alors, prenons les choses dans l’ordre, en somme, vous avez commencé par le requin. Comment se présente le requin, quelle sorte de bateau est-ce ?
Monsieur Pouvreau
Le requin, c’est un bateau de jeune, un bateau qui est déjà très compétitif question prix.
Journaliste
Oui ?
Monsieur Pouvreau
Il vaut 1,8 million tout complet, voilure comprise,
Journaliste
Deux jeux de voiles et un spinnaker ?
Monsieur Pouvreau
Deux jeux de voiles et un spinnaker,
Journaliste
Oui, en effet, c’est intéressant.
Intervenant
Ça intéresse également la, la marine nationale puisqu'elle nous a commandé une cinquantaine de bateaux. Il y en a, on en a fait pour la Martinique, à Dakar, au Liban, en Italie et en Suisse, enfin, un peu partout, quoi, dans le monde.
Journaliste
Et c’est un bateau rapide, essentiellement conçu pour la compétition ?
Monsieur Pouvreau
Ah oui, un bateau rapide et inchavirable.
Journaliste
Bien qu’il ait 1,5 tonne de lest ?
Monsieur Pouvreau
Oui.
Journaliste
Et puis alors l’ombrine, c’est beaucoup plus important au point de vue volume ?
Monsieur Pouvreau
Ah, c’est beaucoup plus important, puis vous avez hauteur sous barreau 1,80 mètre. On est très à son aise et ça fait le camping flottant, quoi.
Journaliste
Combien de couchettes ?
Monsieur Pouvreau
Cinq couchettes.
Intervenant
C’est pour la, la croisière familiale, se promener de port en port, mais enfin, avec une habitabilité qui est certaine.
Journaliste
Oui, en plus de ça, tout de même, une bonne rapidité aussi.
Intervenant
Oui, oui, une très bonne rapidité, oui.
Journaliste
Et alors, le tigre, lui ?
Monsieur Pouvreau
Ah, le tigre, il est très spacieux à l’intérieur aussi, 1,80 sous barreau, il a la cuisine, waters, table à carte et tout ce qui s’en suit, quoi.
Intervenant
Du fait de son prix qui est le plus élevé des trois bateaux, restreint déjà la clientèle.
Journaliste
C’est aussi un bateau de croisière,
Monsieur Pouvreau
Mais très rapide, beaucoup plus rapide.
Intervenant
C’est ça, plus fin que l'ombrine.
Monsieur Pouvreau
J’ai un client qui, l’année dernière, qui a pris cinq semaines de vacances, il a fait 3000 miles pour ces cinq semaines.
Journaliste
Entièrement à la voile ?
Monsieur Pouvreau
Entièrement à la voile après le moteur.
Journaliste
Vous m’avez dit tout à l’heure que le tigre était le gros bateau, le requin était en somme son petit frère ?
Monsieur Pouvreau
C’est ça, oui.
Journaliste
Et pas conçu pour la croisière, et pourtant, vous avez des exemples à nous citer.
Monsieur Pouvreau
Ah oui, j’ai deux clients qui ont pris leur bateau au Havre, qui ont été à Helsinki pour les Jeux Olympique.
Journaliste
Alors, en effet, là c’est…
Monsieur Pouvreau
C’était vraiment une performance.
Journaliste
En effet.
Monsieur Pouvreau
Oui.
Journaliste
Alors, il y a un problème qui se pose actuellement, c’est la fabrication en plastique. Est-ce que le bois conserve sa place dans la fabrication ?
Monsieur Pouvreau
Ah, moi je crois qu’on aura toujours notre place en, je ne sais pas, le bois, pour une certaine clientèle est plus chaud et c’est mieux, quoi !
Intervenant
Son prix…
Journaliste
On parle, on parle de, il y a deux arguments qui viennent soutenir la thèse du plastique qui sont l’entretien et le poids, que faut-il en penser ?
Monsieur Pouvreau
Ah, le poids non, ça, pour cette catégorie de bateaux qu’on fabrique, nous, le poids reste le même, la densité du plastique est aussi forte que le bois. Et pour l’entretien, c’est un fait que il y a peut-être moins d’entretien pour le plastique, mais nous, pour entretenir un bateau dans le courant d’une année, il faut compter un prix très minime, quoi.
Journaliste
Oui, donc à votre avis, le bois a encore de l’avenir ?
Monsieur Pouvreau
Ah oui, il reste toujours, il restera toujours le bois, je crois, oui.