Noirmoutier se défend contre la mer

29 juin 1968
03m 21s
Réf. 00211

Notice

Résumé :
Les communes de l'Île de Noirmoutier ont demandé des travaux de protection actuellement en cours et réalisés par les Ponts et Chaussées. Les engins de chantier reconstituent le cordon dunaire, des travaux qui peuvent prendre plusieurs mois mais sans lesquels l'île toute entière serait menacée de raz-de-marée.
Date de diffusion :
29 juin 1968
Source :

Éclairage

Les tempêtes d’hiver, quand elles sont associées à de forts coefficients de marée, sont redoutables pour les plages et les dunes qui bordent les côtes océaniques, exposées à la puissance destructrice de la houle. L’érosion marine peut alors arracher les dizaines de milliers de m3 de sable aux plages, et ronger les dunes sur plusieurs mètres de largeur. Ce phénomène est normalement contrebalancé l’été, quand les houles se font plus douces et rechargent les plages, qui contribuent alors à l’alimentation des dunes en sable, grâce au vent d’ouest dominant.
La côte ouest de l’île de Noirmoutier, entre la pointe du Devin et le goulet de Fromentine, fait partie des paysages soumis à ce type de mécanisme bien connu. Durant les années 1960, les premiers effets des changements climatiques contemporains étaient sans doute à l’œuvre, même si on n’en avait pas conscience. L’élévation du niveau de la mer, que l’on estime rétrospectivement à + 2 mm/an durant cette décennie, a entraîné un déséquilibre important de ce mécanisme : l’érosion est devenue plus forte que le rechargement, le bilan sédimentaire est devenu négatif.
A cet égard, durant l’hiver 1967-1968 on a enregistré un fort recul des cordons de dunes à L’Epine. A Noirmoutier, les dunes de la côte ouest jouent le rôle de défenses naturelles contre la submersion marine. Cet amaigrissement était et reste problématique : il fait craindre un franchissement possible de la mer, avec pour conséquence probable la submersion des marais maritimes situés à l’arrière de ces dunes. Le risque de voir l’île transformée en archipel (L’Herbaudière, Noirmoutier-en-l’île, L’Epine et Barbâtre devenant autant d’îles) était alors pris très au sérieux.
Les services des Ponts-et-chaussées, fiers de pouvoir disposer de moyens modernes (pelleteuses, camions) se sont alors lancés dans de grands travaux de roulage de sable, prélevé sur les plages, afin de renforcer les dunes. Ces travaux lourds, et d’un nouveau genre, n’ont pas empêché la mer de poursuivre son travail de sape, à la faveur des changements climatiques, ils l’ont simplement retardé. A L’Epine, dans le secteur de la plage des Eloux, en dépit d’enrochements et de rechargements ininterrompus ces dernières années, la côte à reculé de 50 à 70 mètres en certains secteurs depuis les années 1950.
Thierry Sauzeau

Transcription

Journaliste
Nous nous trouvons actuellement sur la côte ouest de cette grande île de Noirmoutier, dont la superficie, je crois, atteint près de 5000 hectares, et qui se divise en quatre communes. La commune de Noirmoutier, la Guérinière, Barbâtre et l’Epine. Chacun sait, ou tout de moins, beaucoup savent que la, les 3/5ème de la surface de l’île de Noirmoutier se trouvent à près de 3 ou 4 mètres en dessous du niveau de la grande mer. Et si l’île n’était pas protégée par une ceinture de dunes, surtout de ce côté-là, il y aurait grand danger aux grandes eaux de la marée que l’île soit inondée. Alors, les municipalités de l’île se sont émues et ont demandé qu’un projet soit étudié et des travaux effectués pour protéger leur territoire. C’est le service des Ponts et Chaussées qui a été chargé de l’étude de ces travaux et de leur réalisation. Monsieur Mativat, vous êtes ingénieur d’arrondissement des Ponts et Chaussées, pourriez-vous nous dire ce que vous avez entrepris d’exécuter ?
Monsieur Mativat
Oui, et bien volontiers, nous avons ici un chantier de, sur 7 ou 800 mètres de côte qui étaient particulièrement affectées, n’est-ce pas, depuis les tempêtes du mois de novembre 1967. Et nous avons entrepris de refaire, de faire une reconstitution du cordon dunaire, en sable, n’est-ce pas, par prélèvement sur l’estran du sable de plage. C’est une technique quelque peu nouvelle, disons, tout au moins pour le département de la Vendée ; qui a l’avantage d’être très économique du fait que elle n’est possible à réaliser que grâce aux engins de terrassement modernes, n’est-ce pas, qui ont fait leur apparition sur le marché français depuis une dizaine d’années maximum. Des chargeuses pelleteuses, ce sont des gros tracteurs de 150 ou 200 chevaux montés sur pneus sable, de pneus donc basse pression qui adhèrent parfaitement sur le sable de plage. Qui se déplacent par conséquent très vite et qui, par le seul jeu de ces engins et du chauffeur qu’il y a dessus, d’un seul homme donc, transportent à 80 mètres de distance moyenne, dans une journée de 8 heures, quelques 600 mètres cubes ou 800 mètres cubes de sable.
Journaliste
Je vous demande pardon, quelle est l’importance globale de vos travaux ?
Monsieur Mativat
Alors, l’importance globale des travaux, je crois me rappeler qu’ici, nous avons, je crois, un mouvement à faire de 20000 ou 25000 mètres cubes, n’est-ce pas, de sable, de sable à prendre sur la plage et à remonter sur la dune pour reconstituer le cordon.
Journaliste
Mais c’est très impressionnant, combien de temps, pensez-vous, qu’il sera nécessaire ?
Monsieur Mativat
En deux mois, on doit pouvoir arriver à faire cela,
Journaliste
Et vous pensez que cela tiendra ?
Monsieur Mativat
Euh, tout le problème est là, bien sûr, mais enfin, je suis très confiant en cette matière.
Journaliste
Monsieur le Maire, nous venons d’avoir l’avis d’un technicien sur la question, j’aimerais savoir l’avis du principal intéressé, celui du Maire de la commune sur laquelle se déroulent les travaux ?
Maire
Eh bien, la commune l’Epine ici, c’est la commune qui était la plus menacée de l’île question de défense contre la mer. Si la mer envahissait la commune de l’Epine, la mer se répandait, par exemple, il y a un raz-de-marée soit janvier ou février, par mauvais temps, s’il y a une forte marée d’un sens, par exemple, au-dessus ; la mer envahissait de suite tout le bourg de l’Epine, tout le centre de la commune, ensuite elle s’étendait sur la Guérinière qui est au même niveau. Elle atteignait après Noirmoutier qui aurait été coupé par le pont de Noirmoutier.
Journaliste
Il y avait des dangers pour toute l’île ?
Maire
Ah, pour toute l’île à ce moment-là, parce que aussi bien ça se répartissait après sur Herbaudière, tout ça, c’est une plaine, c’est à peu près le même niveau partout.
musique
(musique)