La famille Dubé

03 décembre 1999
04m 54s
Réf. 00228

Notice

Résumé :
La famille Dubé s'est réunie à la Chapelle-Thémer il y a quelques jours. Français et Américains se trouvaient ainsi rassemblés sur la terre de Mathurin, leur ancêtre commun émigré au 17e siècle.
Date de diffusion :
03 décembre 1999
Source :
FR3 (Collection: 12-13 Ouest )

Éclairage

La Vendée n’a pas le monopole du respect de la famille, elle en est cependant un bon exemple et si les rassemblements familiaux sont à la mode depuis les années 1980-1990, ceux qui, comme celui-ci, s’inscrivent dans l’histoire de la Vendée mettent l’accent sur des valeurs particulières : l’attention à la religion, au patois et aux traditions. La force de ce courant est indéniable et reconnu, comme l’atteste l’intervention dans le reportage d’un sociologue, le replaçant dans l’époque. L’illustration la plus significative a certainement été donnée lorsque le lancement du spectacle du Puy du Fou s’était fait en s’appuyant sur la famille Maupillier dont un des membres était un des héros de la cinéscénie, présentée comme rappelant l’histoire des Maupillier.
L’exemple de la famille Dubé met en lumière ici l’évolution qui a eu lieu en Vendée entre les générations, entre les lieux et les modes de vie. La distance est prise avec les habitudes anciennes de hiérarchies internes et d’obéissance, mais la volonté de garder les liens familiaux est affirmée au-delà des divergences de vie et de conviction. On notera particulièrement le rappel des relations entre Bretagne et Vendée, comme entre Vendée et Canada, qui font partie aussi des pratiques les plus anciennes, soulignant que le monde traditionnel n’a jamais été un monde figé.
Jean-Clément Martin

Transcription

Présentateur
Pour la dernière fois de la semaine maintenant, nous retrouvons la famille Dubé en Vendée à la Chapelle-Thémer ; où toute la famille s’est rassemblée au mois de septembre y compris les Dubé qui sont allés à l’autre bout de l’atlantique. Aline Mortamet et les équipes de France 3 Ouest.
bruit
(bruit)
Journaliste
Ce jour-là, au coeur du bocage vendéen, se retrouvaient pour la première fois les Dubé d’Amérique et les Dubé du grand ouest. Grand moment de la journée, la photo de famille bien sûr, mais aussi, l’hommage rendu aux ancêtres communs.
Richard Dubé
Au milieu du XVIIe siècle, près de 400 familles ont immigré en Amérique en provenance de Vendée. Alors, toutes les hypothèses sont possibles, des raisons sociales, des raisons économiques, peut-être des raisons religieuses aussi ; parce que pour immigrer en Nouvelle-France au XVIIe siècle, souvent les recruteurs trouvaient des gens et les associaient à des projets de développement, qui étaient des projets aussi religieux.
Journaliste
De la Vendée à la Normandie, en tout, l’ouest a fourni près des deux tiers des migrants vers les Amériques au XVIIe siècle. Car il y avait des grands ports, des marins aguerris et un esprit d’aventure certain. Ce sont par exemple, les gens de La Flèche dans la Sarthe qui sont à l’origine de la création de Montréal. Ils embarquaient d’ici, jusqu’à Nantes. Puis, ils prenaient le large pour n’en plus revenir.
Robert Rouleau
Il y a eu d’abord la… à partir de 1630 vers Québec, une vague surtout de défricheurs d’agriculteurs partis beaucoup dans l’ouest, partis du Perche en famille. Après, il y a eu dans l’ouest, la création de Montréal, la fondation de Montréal. Puis, il y a eu un troisième départ plus systématique encore, c’est celui du recrutement des filles du roi, donc le roi envoyait… On a pris dans les hôpitaux parisiens des orphelines qu’on dotait et qu’on envoyait là-bas au Canada ; parce qu’évidemment si on voulait qu’il y ait une population de souche européenne, il fallait qu’il y ait à la fois des parents des deux sexes.
Journaliste
Une fois le contrat d’engagement signé, là-bas, au Canada, les conditions de vie étaient plus intéressantes qu’en France métropolitaine. Le régime politique moins strict, les terres accordées plus vastes, les libertés globalement plus nombreuses. Mais il y avait de nouveaux inconvénients inconnus sur notre continent.
Robert Rouleau
On avait des conflits fréquemment avec des Indiens au sujet du commerce des peaux, des fourrures. Et les Français court-circuitaient en somme le commerce des fourrures de certains Indiens. Alors de là les mécontentements, et les attaques indiennes ont été très nombreuses surtout autour de Montréal, qui était très en avance dans le système.
Journaliste
Il y a aujourd’hui plus de 12 000 foyers Dubé outre-Atlantique dont les deux tiers installés au Québec. Par delà les trois siècles d’éloignement géographique, quelles que soient les nationalités de tous ces cousins, l’esprit de famille demeure.
Louise Dubé
C’est pour mélanger avec la terre de mes grands-parents au Québec, à Chicoutimi. Alors, ça va faire un petit mélange de terre, l’Angleterre, la France, le Québec. Ca sera pas mal au point de vue historique, non ?
Robert Beswetherick
Je me suis marié l’année dernière avec une Dubé, je pensais avoir épousé une seule personne. En fait, j’en ai épousé 40 000. A mon avis, les Anglais ont perdu l’esprit de famille, alors qu’en France, c’est toujours le cas, et c’est formidable.
Journaliste
Mathurin, l’aïeul commun de tous ces cousins était né ici à La Chapelle-Thémer en 1631, il en est parti à l’âge de 44 ans.
Intervenant
A rendre hommage au père de notre lignée, Mathurin Dubé, qui avec Marie Campion, a donné naissance à une longue, une grande, une large famille en Amérique.
Journaliste
Aujourd’hui ses héritiers ont-ils gardé ce même esprit aventurier ?
Philippe Dubé
Etant jeune, certainement, maintenant, beaucoup moins.
Journaliste
Vous aviez cette envie de voyage aussi ?
Philippe Dubé
Oui, exactement et c’est un peu la raison pour laquelle je me suis engagé, et j’ai fait une carrière militaire.
Stéphane Arnaud
Je pense que si je n’avais rien sur place et que je n’avais pas d’avenir, ça ne me gênerait pas de partir même très loin. Ce n’est pas les attaches de la famille ou des choses comme ça qui me retiendraient.
Jean-Jacques Dubé
Je ne sais pas si j’aurais vraiment tenté ce qu’a fait Mathurin il y a à peu près trois siècles et demi, prendre armes et bagages et partir. Je ne sais pas si j’aurais tenté, non. Je suis trop attaché à cette terre.
Journaliste
Les cousins d’Amérique en tout cas ne regrettent rien de ce qui s’est passé, et la grande famille Dubé ce jour-là s’est réconciliée autour de Mathurin.
Richard Dubé
Les Vendéens ont vécu une histoire difficile, les Québécois aussi ont vécu une histoire difficile. Et comme je le signalais, on s’est défendu, on a lutté, on a combattu, on a résisté, puis on a duré. Puis aujourd’hui, on s’épanouit à travers nos histoires respectives.
bruit
(bruit)