Les navires aluminium Neptune

22 décembre 1977
01m 45s
Réf. 00238

Notice

Résumé :
Le chantier Pouvreau, installé à Vix, utilise l'aluminium dans la construction de ses bateaux. Cette entreprise artisanale produit cinquante bateaux par an. Guy Fillion, son directeur, explique pourquoi il a opté pour ce matériau, notamment pour fabriquer le Neptune.
Type de média :
Date de diffusion :
22 décembre 1977
Source :
FR3 (Collection: Reflets )
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Éclairage

Les années 1970 sont une époque de nouveaux choix stratégiques pour les chantiers navals qui ont négocié avec succès le passage d’une production de navires de travail vers la plaisance. Deux voies différentes se dessinent alors. Celle des chantiers Bénéteau mise sur la démocratisation des pratiques et la construction de séries en choisissant les avantages offerts par le polyester en terme de standardisation des productions. D’autres acteurs choisissent l’aluminium. C’est le cas de Metalu (créé en 1975) qui emploie alors 16 employés et sort 30 bateaux par an sous l’impulsion de l’architecte naval Sylvestre Langevin.
C’est aussi le choix de reconversion de chantiers plus anciens, ayant tenté jusqu’au bout de poursuivre avec le bois. En 1977, Pouvreau, chantier situé à Vix dans le marais poitevin, est dirigé par Guy Fillon, petit-fils du fondateur. Le chantier est le concepteur de Neptune, alors en course autour du monde. Il bâtira aussi le Kriter VIII, avec lequel Michel Malinowski participera à la Route du Rhum en 1981.  Ces chantiers se caractérisent par leur refus du travail à la chaîne. Pouvreau sort 50 bateaux par an. Le choix technique de l’aluminium tient en deux mots : solidité et légèreté.
Si le navire aluminium est plus lourd que son concurrent en polyester, il reste pour quelques temps encore, plus robuste. Les chantiers qui le travaillent s’éloignent donc du marché le plus porteur, celui de la plaisance que prospectent les Brémaud, Janneau et Bénéteau qui produisent alors des dizaines de navires chaque mois. La production aluminium s’adresse à un marché de niche, suspendu aux piètres performances du plastique en terme de robustesse à la haute mer. Metalu propose des yachts et des vedettes de haute mer et Pouvreau acquiert une solide réputation en proposant ses services aux skippers des courses au large.
Ces chefs d’entreprise font alors figure de marginaux et, même s’ils se refusent à l’envisager, les jours de leurs entreprises sont comptés. En 1986 Metalu ferme ses portes et Pouvreau le suit en 1993. Les catalogues de navires d’occasion recèlent aujourd’hui de nombreux navires sortis de ces chantiers et Kriter VIII navigue encore, offert à la location. Rétrospectivement, cela donne raison à ceux qui ont défendu cette solution technique. L’aluminium a succombé faute d’avoir pu concurrencer une construction plastique qui n’a cessé de gagner en fiabilité et en coût, grâce à la standardisation, durant les années 1980 et qui est ensuite venue les concurrencer sur leurs niches d’excellence : le yachting et la course au large.
Thierry Sauzeau

Transcription

Journaliste
Mais il n’y a pas que le polyester qui soit mis en œuvre dans la région. L’aluminium ou l’alliage AG4 est traité dans deux chantiers. Métalu, une dimension artisanale orientée sur les unités conçues par Sylvestre Langevin, l’architecte naval spécialiste des navires en acier ou en alliage. C’est un chantier récent, 1975, avec 16 employés qui sortent 30 bateaux par an. Et puis Pouvreau, encore un exemple du sens de l’entreprise des Vendéens. Guy Fillon, petit fils du fondateur du chantier s’est donné à fond dans la construction en aluminium. C’est ici que Neptune, aujourd’hui en course autour du monde a été réalisé. De la belle ouvrage et aussi le refus du travail à la chaîne, le rythme de production s’est stabilisé à 50 bateaux par an. Guy Fillon, vous faites un peu figure de marginal dans la construction de plaisance, l’aluminium, vous êtes un des rares chantiers en France à le pratiquer.
Guy Fillon
C’est exact, bien qu’il y ait encore quelques constructeurs français qui utilisent le même matériau. Mais c’est certain que nous sommes actuellement le plus grand constructeur de bateaux en aluminium en Europe.
Journaliste
Alors, c’est un matériau qui, comme tout nouveau matériau, a ses détracteurs, ses passionnés. On y croit ou on n’y croit pas en fin de compte.
Guy Fillon
C’est exact, c’est une question de religion. En fait, je ne cherche pas à convaincre les gens qui ont des doutes, et s’il devait y avoir des doutes, ça enlèverait l’attrait et le plaisir qu’ils ont d’acheter le bateau de plaisance. Et s’ils vivaient dans la crainte permanente, je leur conseille de prendre un autre matériau.
Journaliste
Et pour vous, c’est le matériau idéal aujourd’hui ? La corrosion de l’aluminium, ça existe non ?
Guy Fillon
C’est quoi ça ? En fait, la corrosion de l’aluminium ça existe, mais la façon dont c’est traité surtout dans nos chantiers, il n’y a aucun problème.