Le Tour de France en Vendée

01 juillet 1962
03m 55s
Réf. 00326

Notice

Résumé :
La 8e étape du Tour de France s'est disputée en deux parties ce jour. Ce matin, lors de la demi-étape Saint-Nazaire-Luçon, au cours de laquelle les coureurs sont passés par Nantes et La Roche sur Yon, la victoire a été remportée par Minieri.
Type de média :
Date de diffusion :
01 juillet 1962
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Éclairage

Après Les Sables-d'Olonne, treize ans plus tôt, Luçon connait, à son tour, le plaisir d'accueillir une étape du Tour de France. Avant, cerise sur le gâteau, de se transformer, dans l'après-midi, en ville-départ pour le contre-la-montre emmenant les coureurs jusqu'à La Rochelle.
L’histoire d’amour entre la Vendée et le Tour de France commence dès la première édition de l’épreuve, en 1903, le mardi 15 juillet, peu après 9 h du matin. C’est en effet à cet instant que les 23 coureurs - parmi lesquels le Vendéen Ernest Pivin - encore en course lors de l'avant-dernière étape menant de Bordeaux à Nantes, pénètrent pour la première fois en Vendée. Peu habitués à un tel événement, les Vendéens vont avoir, les années suivantes, l’occasion de se passionner de plus en plus pour le Tour de France puisque les organisateurs conserveront cette étape Bordeaux - Nantes jusqu’à l’édition de juillet 1914.

Les Sables, première ville-étape vendéenne

Ce n’est qu’au retour de la guerre, en 1919, que le Tour de France s'arrête, pour la première fois, en Vendée. De 1919 à 1931, la ville des Sables-d'Olonne (à la fois lieu d’arrivée et lieu de départ) accueille le Tour chaque année, sans interruption, avant de laisser ce rôle à La Roche-sur-Yon de 1934 à 1938.
Après la guerre 1939-1945, le Tour de France revient aux Sables d’Olonne en 1947 et 1949. Puis, hormis cette arrivée en 1962 à Luçon - où l’Italien Mario Minieri s’impose sur la piste de 360 m (détruite depuis) du stade Eugène-Beaussire mis en service en 1956, aujourd'hui dénommé stade Jean-de-Mouzon (maire de Luçon de 1971 à 1993) - la Grande Boucle va à nouveau oublier le département pendant plus d’une vingtaine d’années. Il faut attendre 1972 pour que la Vendée renoue avec le Tour de France. Ceci, grâce à la volonté des frères Merlin, promoteurs,  qui, conscients de l’impact médiatique de plus en plus important de l’épreuve, entendent mettre en valeur de grands ensembles immobiliers surnommés Merlin-Plage, destinés à un tourisme populaire, édifiés sur la côte nord du département. Passionnés de cyclisme, ceux-ci en profitent pour s'assurer une formidable publicité. A quatre reprises, en 1972, 1974, 1975 et surtout lors du départ du Tour en 1976 à Saint-Hilaire-de-Riez, se disputent ainsi plusieurs étapes qui empruntent le circuit de « Merlin-Plage », de Saint-Gilles-Croix-de-Vie à Saint-Jean-de-Monts.

Le Tour revient en force dans les années 90

Délaissé à nouveau dans les années 80 par le Tour de France, devenu une vitrine touristique, le département - sous l’impulsion de Philippe de Villiers, président du Conseil Général, qui  voit dans la médiatisation de plus en plus grande de l'épreuve l’occasion de faire connaître encore plus la Vendée - va connaître un retour tonitruant de l'élite mondiale des coureurs à partir de 1993. Depuis cette date, le Tour de France s’est, en effet, arrêté ou est parti du Puy du Fou, aux Epesses (1993, 1997, 1999), de Luçon (1993), des Sables-d’Olonne (1993), de Montaigu (1999), de Challans (1999 et 2005), de La Châtaigneraie (2005), de La Barre-de-Monts (Fromentine) (2005), de Noirmoutier-en-l’Ile (2005) et des Essarts (2005), siège social de l’équipe cycliste professionnelle vendéenne créée en 2000 par Jean-René Bernaudeau.
Ayant pris, à cette époque-là, l’habitude d'entamer son périple dans le département tous les six ans (1993 et 1999 au Puy-du-Fou, 2005 à Fromentine), le Tour de France revient donc en Vendée en 2011. C’est de Beauvoir-sur-Mer, et plus précisément de la chaussée submersible du Gois, que s’élance la 98e édition du Tour de France, pour l’heure le dernier en date des départs en Vendée.
Durant plus d’un siècle, les Vendéens auront eu tout loisir d’acclamer au pas de leur porte leurs champions locaux en lice sur le Tour. Qu’ils s’appellent Ernest Pivin (1903), Léopold Gelot et Jacques Pfister (1924) sous le maillot de l’équipe vendéenne Blanche Hermine, Roger Bailleux (1939), Robert Varnajo (1954, 1955, 1957), Max Bléneau (1959, 1960), Roland Berland (6 tours de 1969 à 1974, puis en 1976 et 1977), Jean-René Bernaudeau (10 tours de 1978 à 1987), Claude Vincendeau (1981 à 1984), Claude Moreau (1983, 1984), Olivier Perraudeau (2000, 2001), Walter Bénéteau (7 tours de 2000 à 2006), Anthony Charteau (2004, 2006 et 2007, 2010 et 2011), Thomas Voeckler (13 participations de 2003 à 2015) et Arnold Jeannesson (2011, 2013, 2014), tous auront su porter haut les couleurs de la Vendée.
Philippe Beauvery

Transcription

Journaliste
Et voici la première échappée du jour, en font partie Graczyk, Annaert, Rostollan, Van Tongerloo, Desmet, Sorgeloos, Benedetti, Tonucci, Bruni, Doum, Elena, que l’on avait vu tout à l’heure en tête au départ, Cerami et Minieri. A Nantes, au cinquantième kilomètre, ces hommes comptent 2 minutes 25 secondes d’avance sur un petit peloton qui s’est dégagé ; et qui après 50 kilomètres de chasse va réussir à les rejoindre. En effet, le gros peloton, lui, va perdre un peu plus de terrain. Mais dans la traversée de Nantes, on s’agite en tête de ce peloton, car désormais, les rouleurs ont décidé, rien ce matin, tout pour l’après-midi. Et Rik Van Looy les regarde faire, en revanche, il détache à l’avant la plupart de ses équipiers. Un passage à niveau fermé où la jonction va s’opérer entre les deux groupes. Voici l’arrivée du deuxième groupe et sa composition. Stablinski, que vous reconnaîtrez avec son maillot de champion de France. Vous l’avez vu tout à l’heure d’ailleurs. Ongenae, Schroeders et Vans, trois équipiers de Rik Van Looy, devant la statue de Napoléon dressée en pleine ville de La Roche-sur-Yon ; en reconnaissance d’ailleurs, parce que l’empereur fit de La Roche, un chef-lieu de canton. Suite de l’échappée, Simson, c’est très important, car il vise le maillon jaune. Darrigade, qui lui vise les deux maillots jaune et vert. Maliepaard, Vio Alomar, Ongenae, décidément excellents dans ce Tour de France. Et j’ai l’impression qu’Ongenae nous réserve de très grandes surprises avant l’arrivée à Paris. Ducard, Otano, Messelis, Gilbert Desmet, Van Hard, Poulidor. Tiens, tiens, le revoilà aussi celui-là, et Matio. Ce qui nous fait trente hommes en tête qui comptent 6 minutes 10 secondes au 140ème kilomètre. Dès lors, Darrigade, est déjà maillot jaune devant Simson. Quant à Ongenae, lui aussi, il flirte avec les premières places. On l’a laissé partir, il en a profité. Maliepaard, l’un des meilleurs équipiers de Darrigade. Jean Stablinski, très actif, pourtant on se demande pourquoi Raphaël Géminiani n’a pas fait descendre les équipiers de Anquetil un peu menacés à l’arrière d’ailleurs, ainsi que Geldermans, [lequel] a perdu son maillot jaune. Messelis, Ducard, Van Aerde, le champion de Belgique. Remarquez qu’il ne porte pas son maillot de champion de Belgique Van Aerde. Ça lui coûte chaque jour une amende, mais après tout, dit-on, il a les moyens. Benedetti qui attaque avant l’arrivée au vélodrome. Et Maliepaard l’arrivée au vélodrome n’est maintenant plus distante que de 1 km et Minieri en maillot blanc se place déjà. Voilà où André Darrigade a perdu l’étape de ce matin. En effet, André Darrigade, relégué très loin à l’arrière, attendait que Simson et Maliepaard, ses deux équipiers puissent le porter à l’avant. Et André Darrigade entre seulement en 15ème position sur la piste. Regardez bien ce sprint avec Daems, Benedetti, Minieri, Graczyk en quatrième position. Graczyk qui est très bien placé pour l’instant, mais qui tarde peut-être à attaquer ; alors que personne ne se méfie de ce maillot blanc Minieri, lequel pourtant l’année dernière avait perdu la première étape de Tour de France à Versailles de quelques centimètres seulement devant Darrigade. Devant ou derrière, c’est une formule. Le sprint est lancé maintenant. Darrigade n’apparaît toujours pas, il sort seulement du virage avec Maliepaard devant lui. Darrigade a sa casquette sur la tête. Voilà, Maliepaard qui est à l’extérieur essaie de l’emmener de très loin. Maliepaard arrive maintenant avec Darrigade dans son sillage. Voici Maliepaard qui passe, mais en tête, Benedetti s’est dégagé. Minieri va foncer à la corde ; car Benedetti, au moment de l’attaque de Maliepaard et Darrigade va s’écarter vers l’extérieur. Darrigade est gêné, mais on se demande si quand même, il n’est pas battu là régulièrement, André, car il a commis une faute. Mais il visait aussi le maillot jaune et il a fait beaucoup d’efforts ce matin. A l’entrée de la ligne droite, Minieri résiste, repart encore. Benedetti est à côté de lui. Maliepaard sur la gauche en troisième position. Et en fait, il n’est que quatrième, car Bruni vient le sauter. 6 minutes 3 secondes plus tard, le peloton arrive. Darrigade, s’il a perdu l’étape, la 20ème qu’il espérait remporter dans le Tour de France n’en remporte quand même pas moins son 17ème maillot de leader. Voilà, en tout cas une performance tout à fait exceptionnelle et qui met bien en valeur les qualités d’André Darrigade.