Rautureau fabriquant de chaussures de luxe

29 mars 2006
02m 31s
Réf. 00533

Notice

Résumé :
Les frères Rautureau ont une recette pour rester sur le marché de la chaussure, la "Free Lance", une estampille haut de gamme encore fabriquée à la main en Vendée, à la Gaubretière. Pour eux, cette stratégie, comme le renouvellement des modèles, indispensable pour garder la clientèle, est le seul moyen de se démarquer, sur un marché déjà saturé.
Date de diffusion :
29 mars 2006
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Thèmes :

Éclairage

La saga de la famille Rautureau débute en 1870 avec l’installation de Jean-Baptiste Rautureau comme cordonnier-chausseur à La Gaubretière. Au fil des décennies, l’échoppe de village s’est progressivement transformée en un atelier semi-artisanal puis en une petite usine qui emploie de nos jours environ 200 salariés en Vendée, auxquels il convient d’ajouter un nombre comparable d’ouvriers travaillant en Tunisie et en Asie, pour un chiffre d’affaires qui est passé de 52 millions de Francs en 1982 (8 millions €) à 50 millions € en 2015. Le reportage présente la société à une étape déjà ancienne de son développement, à la fin des années 1990.
Jusqu’aux années 1970, Rautureau était un petit fabricant de chaussures parmi tant d’autres plus ou moins anonymes au sein de la « nébuleuse » des métiers du cuir et du textile du Choletais. L’entreprise commence à se singulariser en lançant en 1973 la marque de chaussures pour enfants Pom d’Api qui rencontre un rapide succès auprès d’une clientèle de jeunes parents aisés qui apprécient autant l’originalité que la qualité de fabrication des modèles destinés à leur progéniture. Il faut ensuite attendre 1980 pour que la société entre de plain-pied dans le secteur fermé de la chaussure de luxe avec l’invention de la marque Free Lance destinée à séduire une clientèle féminine jeune, aisée et résolument portée vers l’originalité et la modernité.
Influencé par l’esprit avant-gardiste de la mode de la côte californienne où il a effectué un séjour à la fin des années 1960, Guy, l’un des deux frères de la 4e génération des chausseurs de la famille Rautureau, conçoit des escarpins, bottines et bottes au design original à partir de cuirs nobles. Le succès des modèles Free Lance est immédiat chez une clientèle branchée mêlant le show biz, les métiers du design ou de la culture et de la communication. En 1995, la ligne Jean-Baptiste Rautureau, dont le nom se veut une marque de fidélité envers le fondateur de la dynastie, est à son tour lancée pour séduire la clientèle masculine. A un niveau de gamme inférieur, la marque No Name vise les adolescents et les jeunes adultes et voit le jour en 1994.
Si Guy est le génie créatif, c’est à son frère Yvon qu’il revient de trouver les clés de la réussite commerciale grâce à une stratégie marketing bien étudiée et à un management qui n’hésite pas à délocaliser la production grand public lorsqu’il s’avère que le prix de revient ne serait pas compétitif. C’est ainsi que les quatre cents paires produites quotidiennement à l’atelier de la Gaubretière, « le sanctuaire de la qualité », sont réservées à la production des deux marques de luxe.
Signe des temps, le groupe Rautureau est rebaptisé Rautureau Apple Shoes à la fin des années 2000, autant pour s’approprier la célèbre pomme présente sur les chassures Pom d’Api que pour faire un clin d’œil au design universellement admiré des objets high-tech de la célèbre marque à la pomme de la Silicon Valley. En passant récemment le flambeau à leurs enfants Virginie et Maxime, respectivement fille de Guy et fils d’Yvon, le groupe entend continuer sur sa lancée en renforçant sa présence à l’international (Moscou, Beyrouth, Tel Aviv, Londres) et en développant ses nouvelles marques Schmoove et Armistice respectivement nées en 2010 et 2011, destinées à séduire une clientèle plus jeune et moins aisée.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Présentatrice
Dans la famille Rautureau, on est bottier cordonnier depuis 1870, et actuellement, la quatrième génération est devenue une haute pointure de la chaussure. À La Gaubretière en Vendée, la société emploie 230 personnes, une entreprise qui a su tirer vers le haut-de-gamme et ainsi éviter la crise de la chaussure. Reportage de Sandrine Gadet et Catherine Sani.
(Musique)
Yvon Rautureau
Chaque saison, elle doit étonner des clients, elle doit être, le surprendre, elle doit être très forte, elle doit être différente de la saison d’avant ; pour justement toujours garder dans le monde le noyau de clients haut-de-gamme qui nous font vivre. Et cette partie-là, Free Lance, qui est faite à la Gaubretière est en fait le fer de lance, l’image, j’allais dire la formule 1 de l’entreprise.
Sandrine Gadet
Ces chaussures que l’on retrouvera aux pieds des peoples et des stars dans les pages mode des magazines sont entièrement dessinées, conçues, fabriquées à la Gaubretière. 400 paires peaufinées à la main sortent chaque jour de cette usine, une unité de production que ses propriétaires ont baptisée Le sanctuaire du savoir-faire.
Guy Rautureau
Ça, c’est un compensé de l’été, un compensé qui est vraiment, qui est un travail qui est plus qu’original. Qui est composé de strass, de rivets, de pièces métalliques ornementées et tout. Tout ça aussi, c’est posé à la main contre, sur l’envers de la peau. Ensuite, après, c’est enrobé sur un bloc de liège à la main aussi, et voilà, on donne une chaussure. Et c’est pour ça que cet été, nos chaussures seront très, très, très strassées pour certaines.
Sandrine Gadet
Les frères Rautureau ont trouvé une recette pour traverser les crises qui, depuis plusieurs années, mettent à mal l’industrie de la chaussure. Ils ont créé six marques, tous les modèles naissent ici en Vendée, mais la plupart sont fabriquées en Asie ou en Tunisie. Le siège du groupe se réserve donc le haut-de-gamme avec des collections qui se doivent de se démarquer.
Guy Rautureau
Nous, on emploie des veaux qui sont aujourd’hui de l’ordre de 50 € du mètre carré, donc on va aller, quand on fait une botte, qui est derrière, quand on fait les bottes, vous voyez déjà ce qu’on emploie comme matière, donc on est, on est complètement ailleurs. Et pour être ailleurs, il faut vraiment faire des produits très, très forts sinon, vous n’êtes rien. Alors, on arrive de la foire de Milan, c’est 1000 exposants, si on devait compter les chaussures, c’est plusieurs millions de chaussures exposées. Donc, faire la différence et sortir du lot, ce n’est pas facile, on y arrive encore. Et on espère y arriver encore quelques années encore.
Sandrine Gadet
Le choix du luxe, une option qui ne date pas d’hier, la marque Free Lance fêtera du reste dans quelques mois et en grande pompe ses 25 ans d’existence.