Des créations d'emplois prévues aux Herbiers

20 mars 2007
02m 29s
Réf. 00535

Notice

Résumé :
Les entreprises des Herbiers annoncent vouloir embaucher 500 personnes dans les trois ans à venir. Cela s'avère difficile car la Vendée connaît déjà un faible taux de chômage et une inadéquation entre besoins et main d'oeuvre disponible. La majorité des emplois à pourvoir sont masculins, tandis que les chômeurs sont pour majorité des femmes.
Date de diffusion :
20 mars 2007
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Éclairage

Situés au cœur du Bocage vendéen, Les Herbiers concentrent les ingrédients du modèle économique symbolisant la réussite du développement harmonieux du département de la Vendée depuis un demi-siècle. La pierre angulaire de cette construction vertueuse réside sans nul doute dans la fierté de racines culturelles assumées qui mettent en avant une page d’histoire marquée par un épisode tragique, celui de la guerre de 1793-1794. D’un point de vue social et économique, la solidarité intra et inter-familiale découlant de cet événement lointain a constitué jusqu’à nos jours une force indéniable pour nourrir la confiance dans les phases de construction de projets entrepreneuriaux. Toutes les réussites économiques sont issues d’une matrice familiale se consolidant sur plusieurs générations qui dément l’adage qui veut que « ce que le grand-père a entrepris, le fils le porte à un point culminant et le petit-fils le ruine. » Ici, les réussites sur quatre voire cinq générations ne sont pas rares et les alliances capitalistiques par unions familiales reproduisant dans le monde de l’industrie ou des services un modèle jadis en vigueur dans l’agriculture. Cette pratique contribue aussi à limiter les risques de perte de contrôle du capital social au profit de prédateurs financiers opérant par rachat d’actions éparpillées en bourse.
Dans le Bocage, les relations sociales ont longtemps reposé sur la confiance et sur la réputation d’un nom de famille au sein d’un voisinage connu. Ceci garantissait la mise en commun d’un socle de valeurs communes dont celle de l’honneur du travail bien fait, qui figurait en haut de l’échelle, nonobstant les efforts consentis pour y parvenir. En échange de la dureté à la tâche, l’employé, l’ouvrier savait qu’il pouvait compter sur le coup de main du patron en cas de coup dur imprévu à travers des gestes et des actes qui ne figurent pas forcément noir sur blanc dans le code du travail. Il s’en suivait un système de relations au travail qui ne relevaient pas du système hiérarchique traditionnellement en vigueur dans les structures pyramidales de nombreuses régions industrielles traditionnelles.
Le décollage industriel de la région des Herbiers s’est opéré à partir de la décennie 1960 et n’a cessé d’accélérer jusqu’au début du XXIe siècle ; il connaît sans doute aujourd’hui un effet de palier. Il a reposé sur des sociétés désormais connues dans le monde entier pour la qualité de leurs produits et savoir-faire, bateaux Janneau, groupe Liébot (Ouest Alu, K line), bureau de design de mode enfantine CWF, foie gras Rougier, brioche La Boulangère. Il faut ajouter l’ingénierie de projets et le développement touristique avec le parc du Puy du Fou qui constitue un relais puissant pour l’image des entreprises ayant leur siège à proximité. Le reportage tourné en 2007, soit quelques mois avant le déclenchement de la crise de 2008, mentionne un taux de chômage de 4,5 % correspondant au « chômage frictionnel » des économistes. Il insiste sur la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs comme la menuiserie sur aluminium, sur le déséquilibre des offres d’emplois non satisfaites entre offres faites aux hommes et aux femmes, pour expliquer la recherche de nouveaux salariés hors du bassin d’emploi pour les 500 créations d’emplois prévues d’ici 2010. Il semble que la situation se soit entre temps stabilisée puisque le taux de chômage est remonté à un peu plus de 6 % et que les entreprises n’annoncent plus de nouvelles vagues de créations de postes, signe sans doute que le relais pour le développement est désormais à trouver au sein de start-up, ce qui constitue un défi pour l’avenir.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Présentatrice
Il est un endroit dans notre région où plus que les autres, les entreprises ne connaissent pas la crise, je parle des Herbiers. La commune vendéenne de 15000 habitants affiche un taux de chômage inférieur de moitié à la moyenne nationale. Du coup ici, ce ne sont pas de nouvelles sociétés que recherche la commune, mais des salariés ; car ils ne sont pas assez nombreux pour satisfaire toutes les demandes. Un déséquilibre dont rêvent beaucoup de villes et qui va s’accentuer, 500 emplois au moins vont être créés aux Herbiers d’ici trois ans. Reportage de Cristel Pineau et Damien Raveleau.
Cristel Pineau
Constructions, services, industries, commerces de gros, les entreprises embauchent, le taux de chômage est parmi les plus bas de France avec 4,5 %. Les clés de la réussite, une grande diversité d’entreprises et un ancrage très fort, la plupart d’entre elles sont des PME familiales.
Bernard Verrier
Dans le Bocage plus particulièrement, on se sert les coudes, et je ne veux pas parler des guerres de Vendée. Mais le granit nous rappelle qu’ici, on est des gens de souche, de pierre, et ça nous aide aussi à rester ou à voir les choses très, d’une manière terre-à-terre. Mais c’est clair que le fait de se connaître et de vouloir aussi s’exporter, sur Paris, sur des régions qui sont nantaises plus particulièrement, eh bien, ça nous aide à nous développer.
Cristel Pineau
Oui, mais il y a un revers à la médaille, les entreprises peinent à recruter, notamment dans la métallurgie. Ouest-Alu et K-line sont portant prêtes à embaucher 200 personnes dans les trois ans à venir, en production et bureaux d’étude.
Michel Lallemand
Il y a certainement un problème de formation puisque je vous parlais du Bac Pro Metaluverres à Jean Monnet, Jean Monnet n’arrive pas à recruter dans ces sections. Les sections ont 10, 12 élèves grand maximum, alors qu’il pourrait en écouler facilement 25 par an.
Cristel Pineau
Autre facteur, plus de 60 % des demandeurs d’emploi sur le secteur sont des femmes et les emplois à pourvoir, eux, souvent masculins.
Annie Chiron
On peut travailler dans plusieurs directions, c’est-à-dire, dans un premier temps, essayer de repérer les postes qui sont susceptibles d’être tenus par des femmes après une formation. On travaille en étroite collaboration avec la région, avec l’Assedic, avec le droit des femmes également, pour trouver des financements pour former des femmes à des postes de soudeur, par exemple. Et il suffit de trouver des entreprises qui acceptent et je pense que ça peut donner de très bons résultats.
Cristel Pineau
Autre solution, aller recruter ailleurs dans des bassins d’emplois qualifiés, c’est le cas de la région du Mans où des tourneurs fraiseurs ont été invités à visiter une entreprise du Bocage vendéen.