L'exposition Paul-Emile Pajot aux Sables-d'Olonne

31 janvier 2009
02m 24s
Réf. 00543

Notice

Résumé :
Une exposition rend hommage au peintre Paul-Emile Pajot au Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, aux Sables d'Olonne. Marin, autodidacte, inclassable, cet artiste dit "imagier de la mer" s'est investi dans la peinture, mais il est aussi auteur d'un important témoignage, à travers 5 tomes illustrés, sur la vie de marin à son époque, comme l'explique le conservateur Benoît Decron.
Type de média :
Date de diffusion :
31 janvier 2009
Source :
FR3 (Collection: L'hebdo )
Personnalité(s) :

Éclairage

Paul-Emile Pajot (né et mort à la Chaume des Sables-d’Olonne 1873-1929) appartient à la famille vendéenne des peintres naïfs. Fils d’un marin pêcheur disparu en mer, alors qu’il n’a que huit ans, Paul-Emile Pajot devient lui aussi marin pêcheur au sortir de l’école. Gardant le goût du dessin et de la peinture, il commence le dessin en autodidacte vers 1896 et entame la rédaction d’un journal, Mes aventures, dès 1900 qu’il ne cessera d’augmenter jusqu’en 1920. Ses chroniques sont illustrées de dessins au crayon ou de gouaches, qui représentent des scènes de mer ou d’actualité, notamment pendant la première guerre mondiale.
Il n’est certes pas un peintre majeur de la marine, mais par la précision de son trait et des proportions, les détails et le positionnement des accessoires sur les bateaux de pêche, puis les paquebots et navires de fret, il donne à son œuvre une dimension presque «archéologique» qui permet de comprendre le début du 20e siècle aux Sables-d’Olonne. Un certain nombre de ses tableaux sont vendus aux marins des bateaux représentés ou à leurs familles, ou aux estivants. On estime qu’il aurait peint ainsi plus de 4 000 feuilles. Après 1920, il s’intéresse aussi à l’actualité, comme les naufrages de L’Afrique, un paquebot qui sombre entre le plateau de Rochebonne et Les Barges-d’Olonne et du dundee Petit Florent.
L’évolution de sa technique est nette. Alors que sur ses premiers tableaux, il se contente d’un profil statique, fortement inspiré des plans réels d’un bateau de pêche, après 1918, il passe du crayon de couleur à la gouache et se rapproche du style japonais d’Hokusai, tout en copiant des images de presse ou des cartes postales. Faute d’argent, il n’a jamais employé d’huile pour ses peintures.
C’est en 1921 que son travail est remarqué par les peintres dont Albert Marquet qui lui commande plusieurs tableaux afin de les proposer à la vente à Paris, où se tient la première exposition dans la galerie Pierre. A cette occasion, un catalogue des œuvres sélectionnées est préfacé par l'écrivain Jean Cocteau, qui écrit : « Il est un homme qui peint des bateaux. Il ne peint pas de bateaux pour les gens qui aiment la peinture, mais il est un peintre pour gens qui aiment les bateaux ».
Ces succès lui permettent de restaurer sa demeure de La Chaume aux Sables-d'Olonne avant qu’il ne décède accidentellement. La redécouverte de son œuvre est due à Jean Huguet dans les années 1960.
Jean-Clément Martin

Transcription

(Musique)
Journaliste
Reportage à présent au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne, pour un hommage au peintre Paul Émile Pajot, un marin devenu imagier de la mer pour nourrir ses sept enfants ; sa renommée a très largement dépassé les frontières de son littoral vendéen natal.
(Bruit)
Journaliste
Des bateaux par centaines, et même plus sûrement par milliers. Paul Émile Pajot a constitué au long de sa vie une véritable armada picturale. Celui qu’on a appelé l’imagier de la mer est avant tout marin. S’il se met à peindre, c’est par nécessité économique, notamment pour faire vivre ses sept enfants.
Benoît Decron
Faire des bateaux, c’est rentrer de l’argent et nourrir sa famille. Néanmoins, je pense qu’il a quand même parfaitement conscience qu’il est artiste, parce que d’une part, il s’est documenté. On voit très bien qu’il recopie, même pourquoi pas, des tableaux qui sont dans des musées, des cartes postales, des livres, des revues qu’il avait lui-même. Paul-Émile Pajot, il a le niveau certificat d’études, et donc, c’est quand même quelqu’un qui a, qui s’est élevé par la connaissance. C’est un bel exemple, je dirais, d’artiste Troisième République.
(Bruit)
Journaliste
Paul-Émile Pajot est un personnage singulier, car cet autodidacte ne se contente pas de peindre, il écrit aussi. De 1900 à 1922, il rédige minutieusement 2500 pages qu’il illustre la plupart du temps, cinq tomes intitulés Mes aventures. Il y raconte sa vie de marin, il y recopie des poèmes, relate surtout les événements de la Grande Guerre depuis son port d’attache, la Chaume.
Benoît Decron
Pajot, à sa manière, quand il documente la guerre 14-18, il se fait journaliste. Même s’il recopie des images patriotardes anti-boches violemment anti-allemandes, eh bien, il a vraiment la volonté de faire du journalisme. Et ça, c’est très intéressant, c’est pour ça que le journal de Paul-Émile Pajot est un document totalement exceptionnel, ce n’est pas du tout un journal intime, je dirais, ordinaire. C’est une sorte d’auberge espagnole.
(Bruit)
Journaliste
Paul-Émile Pajot s’avère être un homme inclassable. Cet artiste aux multiples facettes s’éteindra en 1929, il nous lègue une oeuvre foisonnante et surtout un témoignage très riche sur le quotidien d’un marin français pas si ordinaire au début du XXe siècle.