La bataille de Riez contre les Huguenots

27 juillet 2005
03m 29s
Réf. 00570

Notice

Résumé :
L'île de Riez n'existe plus aujourd'hui mais elle a laissé des traces dans les mémoires car elle fut, le 15 avril 1622, le siège d'une bataille sanglante entre les protestants et les catholiques. Patrick Avrillas, membre de l'association "Nature et culture", relate la bataille menée par Louis XIII contre Benjamin de Rohan de Soubise sur les lieux de l'événement.
Date de diffusion :
27 juillet 2005
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Éclairage

Les  guerres de Religion ont opposé catholiques et protestants, appelés aussi huguenots dans la seconde moitié du XVIe siècle. Elles ont fortement  concerné le futur département de la Vendée où des fiefs protestants étaient solidement implantés autour de seigneurs déterminés, comme les Rohan et les Soubise. Après l’Edit de Nantes, de 1598, le retour à la paix est d’autant plus fragile que la monarchie catholique craint la proximité de la ville protestante de La Rochelle où un débarquement anglais est toujours possible.
L’épisode particulier du combat du 15 avril 1622 illustre les tensions qui vont durer dans tout l’Ouest jusqu'à l’arrêt des persécutions sous Louis XVI en 1787, dont le siège de La Rochelle en 1628 sera le point culminant.
En 1622 devant la menace que font peser les chefs huguenots qui ont investi l’île de Riez, et ravagé le Bas-Poitou, l’armée royale, commandée par le roi Louis XIII, entoure l’île et l’envahit à marée basse. Si le reportage retrace les étapes de la bataille qui est un succès royal, le bilan humain est sans doute à reconsidérer car les mises à mort des protestants atteignent peut-être le chiffre de 4 000 personnes, outre 1 500 autres envoyées aux galères. Le choc prive le camp protestant de la possibilité de résister en Vendée, même si un certain nombre d’entre eux resteront sur place, malgré les avanies qu’ils subiront, jusqu’à la Révolution qui permettra la reprise du culte.
Cette victoire avait eu à l’époque une résonance dans tout le royaume, parce qu’elle avait été un coup d’arrêt devant les prétentions des protestants à contrôler des provinces et qu’elle consacrait le pouvoir du jeune roi, conseillé déjà par le cardinal de Richelieu, précédemment évêque de Luçon. De cet écho, en témoigne un ensemble de vitraux exposés au musée de Troyes, qui avaient été confectionnés en 1624 et dont l’un est intitulé « L’isle de Rié » présentant la bataille.
Jean-Clément Martin

Transcription

Présentateur
Tout le monde connaît l’Île de Ré, mais connaissez-vous l’Île de Riez, R I E Z ? Cette île n’existe plus mais a été le théâtre d’une page d’histoire dans notre région. Au XVIIe siècle, une bataille sanglante entre les protestants et les catholiques avait fait 2500 morts, Emmanuel Faure, Christophe François.
Journaliste
C’est l’histoire d’une île qui n’est plus, une île qui, si elle n’avait jamais été, aurait peut-être changé un peu le cours de l’histoire de France.
Intervenante
On parle toujours de l’Île de Riez très longtemps, mais au départ, elle était vraiment entourée par la mer et après, elle reste entourée en fait par la Baisse, et puis, par la Vie et le Ligneron.
Patrick Avrillas
En 1622, l’Île de Riez apparaît comme véritablement une entité historique et géographique, d’un côté l’océan, de l’autre côté la Vie. À l’époque, Croix-de-Vie est une cité toute nouvelle.
Journaliste
Et cette Île de Riez était un lieu stratégique pour les protestants soucieux de rester en contact avec l’Angleterre et La Rochelle. En 1622, la France est plus calme qu’elle n’a été. Pendant 36 ans, le pays a vécu au rythme des guerres de religion. Puis, en 1598, l’Édit de Nantes a symbolisé la fin de ces guerres en octroyant une plus grande liberté de culte aux protestants. Pour autant, des rancoeurs subsistent.
Patrick Avrillas
Benjamin Rohan de Soubise prend le commandement en chef des armées protestantes à La Rochelle, et puis va commettre une série d’exactions au Bas-Poitou. Partout, il sème la terreur. Alors Louis XIII, le Roi à l’époque, est mis au courant, lui lance un ultimatum, mais rien n’y fait. Benjamin Rohan de Soubise s’empare de Luçon le 1er avril 1622, il pille la cathédrale, incendie les archives et puis, terrorise la population.
Journaliste
Malgré son jeune âge, il n’a que 20 ans, Louis XIII prend les choses en main et décide d’aller lui-même morigéner Soubise et ses huguenots. Le Roi arrive à Challans le 10 avril 1622. Reclus sur l’Île de Riez où il se croit à l’abri, Soubise et ses 7000 hommes, face à eux, les troupes du Roi et celles de La Rochefoucauld, qui gouvernait le Poitou, soit 12000 hommes. Le 15 avril 1622, c’est le face à face.
Patrick Avrillas
Sous les yeux de Louis XIII, La Rochefoucauld fait trois assauts successifs, mais Soubise dispose d’une artillerie importante, ils avaient sept à huit canons orientés vers ici, toutes les tentatives de l’après-midi sont vaines. Alors le soir même, un conseil est tenu à Riez où le Roi avait décidé finalement de contourner l’île et puis de prendre les protestants à revers, si vous voulez.
Journaliste
Seulement, il faut franchir la rivière la Baisse. À minuit, le 16 avril, la marée est basse, alors, les troupes du Roi descendent vers Saint-Hilaire. Mais on leur apprend que les huguenots ont fui et cherchent à se réfugier à Croix-de-Vie. Acculés au bord de la rivière La Vie, les protestants, symbolisés par la flèche noire, sont à la merci des catholiques, en blanc sur la carte.
Patrick Avrillas
Les troupes de La Rochefoucauld arrivent avec la population, qui s’est jointe à eux, et c’est le carnage. Là, le Roi va arriver dans la journée, il voit cette tragédie sous ses yeux et il va tenter désespérément de sauver la vie des vaincus, et il tente de racheter à ses soldats tout prisonnier rendu vivant, aimant mieux peupler ses galères que les enfers.
Journaliste
Tués à l’arme blanche, 2500 soldats périssent dans La Vie, leur sang colorant l’eau de la rivière. Quant à Soubise, lui, il disparaît, abandonnant ses troupes. Parmi les souvenirs de cette bataille, il reste des écrits mais aucune plaque ni cénotaphe ne rappelle cet épisode sanglant. Quant à la Vendée, elle garde cet ostensoir offert à la population de Riez par Louis XIII en remerciement du soutien apporté à ses troupes.