Polémique entre de Villiers et Retailleau

08 janvier 2010
01m 48s
Réf. 00636

Notice

Résumé :
Un conflit oppose Philippe de Villiers et Bruno Retailleau au sein du Mouvement Pour la France en Vendée. Après 25 ans d'implication personnelle dans le spectacle du Puy-du-Fou, Bruno Retailleau en a été exclu, sans explication, une blessure pour l'intéressé. Il pourrait s'agir d'une mise au pas par le chef du MPF, en réponse à l'éventuelle intégration de son dauphin au sein du gouvernement Fillon.
Date de diffusion :
08 janvier 2010
Source :

Éclairage

Bruno Retailleau, le fidèle entre les fidèles, est brusquement écarté par Philippe de Villiers d’une entreprise à laquelle il avait été étroitement  associé dès sa création. S’il affiche sa « surprise », en réalité les éléments de contentieux avec son mentor dataient de plusieurs mois. Pressenti en janvier 2009 par François Fillon qu’il a connu au conseil régional des Pays de la Loire, pour entrer dans son gouvernement en tant que secrétaire d’Etat à l’économie numérique, il apprend avec amertume que Philippe de Villiers s’y est opposé. Celui-ci a pu soupçonner une tentative de débauchage de son premier lieutenant ou, plus probablement, prendre simplement ombrage de la stature nouvelle que son protégé allait acquérir.
Avec la décision de Philippe de Villiers, la plaie est rendue publique, et l’année 2010 va être celle de l’irrémédiable fracture. Dans une déclaration qui fera date, Bruno Retailleau annonce le 23 avril qu’il quitte le Mouvement pour la France (MPF), ne se sentant « plus sur la même longueur d’onde » que son président. Il est clair en effet qu’à l’amertume personnelle qu’il ressent, après plus de vingt années de loyauté indéfectible, s’ajoute une distance croissante avec la radicalisation du discours de Philippe de Villiers, notamment sur l’Europe, sur l’Islam et sur l’immigration.
Vulnérabilisé par sa contre-performance à la présidentielle de 2007, affaibli par la maladie et des problèmes familiaux, Philippe de Villiers démissionne en octobre de la présidence du Conseil général (où sa majorité devenait plus problématique en raison des dissidences feutrées qui se multipliaient dans son camp). Bruno Retailleau est élu à sa place, à la forte majorité de 25 voix sur 31, et réélu après le renouvellement des cantonales de 2011. Le « vassal » s’est installé dans le fief du « seigneur ».
Bruno Retailleau ne cesse ensuite de consolider son indépendance avec une série de succès politiques. Un siège de sénateur acquis en 2010, la direction de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) vendéenne fin 2012, le parti auquel il vient d’adhérer quelques mois plus tôt, la présidence du groupe sénatorial UMP en 2014, et, consécration suprême, la présidence de la région Pays de la Loire, dont il mène la liste à la victoire en décembre 2015. Dès lors, avec tous ces leviers d’influence, le nouveau baron de la Vendée, c’est lui.

Transcription

Présentatrice
Une nouvelle guerre de Vendée, cette fois, c’est au sein même du camp villiériste qu’elle a lieu, entre Philippe de Villiers et son fidèle second Bruno Retailleau, le torchon brûle. Le second a été exclu du Puy-du-Fou et depuis, la mésentente entre les deux hommes est devenue publique, l’affaire fait grand-bruit en Vendée, Sandrine Gadet et Damien Raveleau.
Sandrine Gadet
Rien ne va plus entre ces deux hommes. En marge de leurs responsabilités politiques, pendant 25 ans, ils ont cogéré la mise en scène de la Cinéscénie, le spectacle emblématique du Puy-du-Fou. Mais en décembre dernier, coup de théâtre, Bruno Retailleau est exclu de l’association du Puy-du-Fou sans raison véritable, sans plus d’explication.
Bruno Retailleau
On ne peut pas bien prendre une chose comme ça. D’abord, ça a été une surprise, et puis, c’est surtout une souffrance, bien entendu, quand on a tant investi. Parce qu’il y a aussi tellement de liens d’amitié qui dépassent même l’amitié, des liens aussi d’affection, donc, c’est quelque chose qui fait mal d’abord, bien sûr ! Et on se dit, mais qu’ai-je donc fait pour mériter un traitement pareil ?
Sandrine Gadet
Difficile de ne pas voir en cette éviction une mise au pas orchestrée par Philippe de Villiers, ce ne serait d’ailleurs pas la première fois. Les relations entre le Président du Conseil Général de Vendée et son bras droit se sont largement détériorées en cette dernière année. En janvier, puis en juin 2009, Bruno Retailleau était pressenti pour rentrer dans le Gouvernement Sarkozy, cela ne s’est pas fait. Beaucoup y ont vu l’influence de Philippe de Villiers qui n’aurait pas apprécié voir son dauphin promu dans l’exécutif national. Contacté cet après-midi, Philippe de Villiers n’a pas souhaité répondre à nos questions. Reste maintenant à savoir quelle incidence aura cette rupture lors des prochaines échéances électorales, car deux clans semblent bel et bien se former dans la majorité départementale.