La baie de l'Aiguillon réserve naturelle

11 juillet 1996
01m 29s
Réf. 00653

Notice

Résumé :
La baie de l'Aiguillon vient d'être classée réserve naturelle, à la satisfaction des associations de protection de l'environnement. Les zones humides du canton de Luçon seront donc a priori désormais protégées. Des incertitudes subsistent toutefois sur la réglementation qui sera mise en place concernant la circulation, la chasse et les activités agricoles, ce que doivent préciser les élus.
Date de diffusion :
11 juillet 1996
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Éclairage

Le classement de la baie de l’Aiguillon en réserve naturelle est intervenu au terme de dizaines d’années de débat. C’est en 1959 que l’idée a été exprimée pour la première fois mais à l’époque les opérations de poldérisation étaient encore d’actualité. Cette conquête était particulièrement vive sur la rive nord, côté vendéen, et grignotait insensiblement la baie. Les sociétés de marais érigeaient des digues sur des vasières concédées par l’État, de manière à isoler du flot de marée de vastes étendues de terres drainées pour les besoins de l’agriculture. L’eau était collectée par des chenaux (La Raque, le Chenal Vieux, le Rotureau, le chenal de Luçon) fermés par des portes à la mer. Les dernières digues à la mer furent aménagées en 1965 et en 1972, on en vint même à proposer la fermeture totale de la baie par un ouvrage qui aurait relié les pointes de l’Aiguillon (Vendée) et de Saint-Clément (Esnandes, Charente-Maritime).
En ce début des années 1970, l’intérêt pour l’environnement aboutissait à la création d’un ministère (1971). Pour contrer le projet de fermeture de la baie de l’Aiguillon, qui aurait modifié radicalement l’écosystème littoral, des défenseurs de l’environnement, groupés autour de l’écologiste Michel Brosselin, ont alors ressorti le dossier de réserve naturelle de l’oubli. Parallèlement, la fédération des sociétés de chasse de Vendée obtenait la création d’une réserve (1973) destinée à préserver les mizottes, c’est à dire les vasières littorales, de toute atteinte (endiguement, installations aquacoles). Cette alliance entre écologistes et chasseurs en vue de protéger la faune et la flore des excès de l’agriculture industrielle a contribué à faire avancer le dossier. C’est par un décret de 1996, que la création de la 130e réserve naturelle de France a finalement été actée, sur le seul rivage vendéen de la baie cependant.
Portée par l’Office national de chasse et de la faune sauvage, avec l’assistance technique de la Ligue de protection des oiseaux, la gestion de la réserve intègre un espace vaste, correspondant non seulement au rivage actuel mais aussi aux communes composant le rivage ancien du « golfe des Pictons » : Champagné-les-Marais, Puyravault, Triaize et Saint-Michel-en-l’Herm. Si cette décision de l’État avait de quoi satisfaire les associations de protection de l'environnement, ce classement des zones humides du canton de Luçon a nécessité de nouvelles habitudes de circulation, de chasse et des contraintes pour les activités agricoles. Avec le décret de 1999 portant création d’une réserve jumelle côté charentais, en rive sud du marais Poitevin, la protection a gagné en cohérence. La réserve qui s’étend sur de près de 5 000 ha a trouvé sa place au milieu d’une agriculture et d’une conchyliculture qui continuent à animer l’économie locale tout en profitant de l’attention portée à la gestion de l’eau et à la biodiversité, gages d’une qualité environnementale préservée par la réserve.
Thierry Sauzeau

Transcription

Journaliste
Ce sera donc la 130e réserve naturelle de créée en France, et c’est naturellement une grande satisfaction pour les défenseurs de l’environnement qui militaient depuis 10 ans ; comme l’association pour la sauvegarde de la nature et l’environnement de La Faute-sur-Mer et de L’Aiguillon-sur-Mer.
Joseph Richard
Pour nous, c’est quelque chose de très important. Je n’ai pas la prétention de vous rappeler ce qu’est la baie de l’Aiguillon, c’est un, on a dit dans la presse ce matin que c’est un hôtel de passage pour les oiseaux migrateurs, le mot est heureux. C’est quelque chose de très important, et nous nous réjouissons, nous nous réjouissons, les écologistes mais bien d’autres avec nous, que cette décision ait été prise.
Journaliste
La réserve couvrira des parcelles de terrain du domaine maritime à la fois sur les communes de Champagné-les-Marais, de Puyravault, de Triaize ou de Saint-Michel-en-l’Herm. Un étonnement toutefois, la réserve ne concerne que le côté Vendée de la Sèvre Niortaise et non pas le côté Charente-Maritime. Et puis, quelques inquiétudes aussi pour les maires des communes concernées.
Louis Guinet
Ça paraît un peu illusoire, cette protection puisqu’elle ne se fait que d’un bord de la Sèvre, elle ne se fait qu’en aval donc du pont du Brault, et que les terres périphériques des vasières, la chasse est ouverte en période bien sûr de chasse.
Journaliste
Ce décret va entraîner évidemment quelques restrictions, sur la circulation, sur la réglementation de la chasse et sur les activités agricoles. Le Préfet a d’ores et déjà, cet après-midi, reçu à ce sujet quelques élus.