Foire aux bestiaux à Lesneven

02 mai 1947
04m 29s
Réf. 00253

Notice

Résumé :

La foire aux bestiaux de Lesneven, dans le Finistère, rassemble les paysans de la région venant vendre et acheter leurs bêtes. Ils examinent attentivement les vaches, les cochons, puis ils scellent leur transaction en se tapant dans la main.

Date de diffusion :
02 mai 1947

Éclairage

Ce document daté de 1947 témoigne de plusieurs réalités.

D'abord, la persistance des foires et marchés agricoles traditionnels jusqu'au début des années 50. Profitant des améliorations apportées aux transports, c'est au XIXe que le réseau des marchés s'est mis en place dans toute la France : les marchés aux bestiaux sont alors très en faveur, et ils vont éclipser peu à peu les petites foires plus généralistes. Le marché aux bestiaux de Lesneven, commune située dans une région agricole prospère et orientée vers l'élevage et le maraîchage, est resté réputé jusqu'aux années 50.

Ensuite, l'organisation des échanges. Nous sommes bien loin des marchés à cadran qui vont se mettre en place au cours de la décennie suivante. Les maquignons et les agriculteurs achètent de façon traditionnelle : examen de la denture des vaches, "tope-là" pour certifier la vente. Les animaux mis en vente étaient souvent jeunes car une petite exploitation n'avait pas toujours les moyens d'engraisser plusieurs bêtes et, dans les fermes, seule une partie des nouveaux-nés était conservée et engraissée pour nourrir la famille ou pour assurer le remplacement d'une vieille bête. Cette pratique disparaîtra toutefois avec la révolution fourragère. Si les échanges se faisaient directement parfois entre producteurs, ils se faisaient le plus souvent par l'intermédiaire de marchands de bestiaux qui depuis le XIXe siècle alimentaient le marché national par des circuits très bien rodés. L'argent circule, comme nous le prouvent les échanges de liasses.

La race des bestiaux : le document ne permet pas une identification précise mais les petites vaches bretonnes pie-noire prédominent dans un cheptel peu varié.

Autre point évoqué, la modernisation des campagnes. Les maisons du bourgs sont à étage, en bon état et dénotent une certaine prospérité liée à la richesse agricole de la région. Le bourg a probablement été rénové au XIXe siècle car les routes permettent le passage des carrioles et des voitures. Mais ce marché témoigne d'une période frontière : les vêtements des hommes et des femmes en sont le manifeste. Les femmes habillées de sombre portent toujours la coiffe mais elles ont des robes courtes ; quant aux hommes, si quelques uns ont encore le chapeau rond, ils ont majoritairement abandonné le vêtement traditionnel pour adopter celui de la ville : la veste, la casquette et le pantalon à rayures.

Enfin, la place des femmes : ces dernières - rieuses et manifestement à l'aise - s'activent au marché et participent aux transactions, n'hésitant pas à marquer de la main les accords de vente avec les hommes. Ces scènes permettent de nuancer le rôle modeste que l'on attribue le plus souvent aux femmes des campagnes traditionnelles : s'occuper des petits animaux, du jardin, faire le beurre puis le vendre.

Martine Cocaud