La pointe du Raz

22 février 1994
02m 29s
Réf. 00308

Notice

Résumé :

Le tourisme, notamment les infrastructures, ont défiguré la pointe du Raz. Malgré le mécontentement des commerçants, un programme de réhabilitation est lancé, afin de replanter la lande et de redonner son caractère sauvage à ce site naturel.

Date de diffusion :
22 février 1994
Source :
A2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

La pointe du Raz – Beg ar Raz en breton – doit son nom à un courant marin violent, le raz. Située sur la commune de Plogoff dans le Finistère, elle participe, dès le XIXe siècle, à l'image d'une Bretagne littéraire et mythique. Dans les années 1960, elle connaît des aménagements qui accélèrent sa dégradation : commerces, restaurants et parking sortent de terre à même le site et rapidement, la pointe souffre de la fréquentation touristique. Près d'un million de visiteurs se pressent chaque année pour admirer la majesté de ce dernier bout de terre avant l'immensité de l'océan. Mise en danger, victime de son succès, la pointe doit être protégée. Elle est classée grand site national en 1989 et en 1991. Une vaste opération de réhabilitation est alors entreprise : les commerces et le parking sont déplacés, les hôtels rasés. La circulation piétonne est cadrée et une reconquête végétale est entreprise par recolonisation spontanée, le semis de landes pilées et le transplant de mottes afin de redonner à l'ensemble - qui inclut la pointe du Van et la baie des Trépassés - un aspect naturel.

Bibliographie :

- Erwan Le Bris du Rest , "Raz (Pointe du)" dans Alain Croix, Jean-Yves Veillard, Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, éditions Apogée, 2000.

Sklaerenn Scuiller

Transcription

Daniel Bilalian
On continue à prendre notre bol d'air avec la pointe la plus avancée de l'Europe qui va faire peau neuve. Il s'agit de la pointe du Raz dont le site était envahi de commerces en tout genre et de parkings qui polluaient une vue magnifique. Eh bien ces commerces vont être déplacés. La pointe du Raz reçoit, chaque année, plus d'un million de visiteurs. On va y replanter la lande qui y poussait de tout temps, naturellement. Eh bien, il y coûtera 40 millions de francs. C'est à ce prix que ce site retrouvera son aspect sauvage. Jacques Deveaux, Jacques Boulen.
Jacques Deveaux
Victime de son succès, la pointe du Raz souffre sous le poids du tourisme. La lande, passé le sémaphore, n'existe plus. Deux millions de pieds chaque année en sont venus à bout. Recréer la végétation est le premier objectif. Des essais sont en cours. En canalisant les visiteurs sur des chemins, l'herbe devrait retrouver droit de cité. Mais c'est surtout l'infrastructure touristique qui est en cause : les parkings et la zone commerciale construite en 1962 seront détruits.
Visiteur
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais ce n'est pas terrible, quoi. Peut-être les bâtiments encore, mais ces grands parkings comme ça, la vue d'ensemble, lorsque vous arrivez, ce n'est pas ça.
Visiteur 2
Non moi, je trouve très bien de dégager tout ça. En plus, en été, c'est absolument horrible, ici, donc... Oui, faites marcher les gens, c'est très bien.
Jacques Deveaux
A plus d'un kilomètre de la pointe, une nouvelle zone commerciale sera construite. Elle marquera l'entrée du site accessible à pied ou par navette, une construction intégrée dont on a soigné la discrétion.
Nicolas Perfezou
Garder le parking et la cité là où ils se trouvent actuellement, ça voulait dire aussi que toute la population aurait été sur une surface très restreinte. Donc on n'aurait jamais réussi à redonner à la pointe du Raz, tout au moins la Sainte-pointe, la nature qu'elle mérite.
Jacques Deveaux
Une décision que les 16 commerçants ont du mal à accepter. Imposer aux touristes de marcher sur plus d'un kilomètre risque d'en rebuter plus d'un, disent-ils. L'hôtel de l'Iroise, quant à lui, ne sera finalement pas détruit mais il devra fermer.
Marie Le Coz
Moi, au bout de 45 ans, eh bien croyez-moi que j'éprouve beaucoup beaucoup de tristesse de devoir quitter tout ça comme ça. Pourquoi ? Je ne comprends rien.
Jacques Deveaux
Un budget de 40 millions de francs devrait redonner à la pointe son aspect originel. Il ne restera plus que le sémaphore, vigie indispensable d'un passage maritime particulièrement dangereux, le raz de Sein.