Bruxelles veut réduire la pêche pour protéger les ressources

28 mai 2002
02m 07s
Réf. 00312

Notice

Résumé :

Franz Fishler, commissaire européen, présente son projet de réforme de la politique communautaire de la pêche. Ce projet vise à préserver les ressources naturelles. Hervé Gaymard, Ministre de la pêche, estime que ce texte met en péril des emplois.

Date de diffusion :
28 mai 2002
Source :

Éclairage

La Bretagne, dont la filière halieutique est une des ressources économiques majeures, est fortement concernée par la politique commune de la pêche et donc par les décisions de Bruxelles à ce sujet. En 2002, l'Europe prend de nouvelles mesures puisque le règlement datant de 1992, et prévu pour dix ans, arrive à son terme.

En 1998, le conseil des ministres a déjà décidé d'interdire l'utilisation de filets maillant, trop peu sélectifs, dans l'Atlantique. En 2001, un livre vert est publié au sujet des ressources en poisson disponibles. Aussi le nouveau règlement de 2002 a-t-il principalement pour but de protéger les ressources halieutiques et de prévenir la disparition des stocks. La baisse des totaux admissibles de capture et l'élaboration de quotas par espèces sont une première réponse, tout comme l'interdiction d'accès aux zones de reproduction. Surtout, Bruxelles octroie des aides aux marins pêcheurs pour restructurer la flotte et en diminuer la capacité. Des décisions qui provoquent la réaction des marins pêcheurs bretons.

Etienne Mathieu

Transcription

Anne Caruet
L'actualité ce midi nous conduit à Bruxelles, où la commission européenne doit dévoiler ses propositions de réforme de la politique communautaire de la pêche. Un objectif drastique puisque près de 30 000 emplois d'ici 2006 devraient être supprimés dans un secteur dont les surcapacités menacent l'équilibre des ressources maritimes. Avant d'en débattre avec notre invité, voyez ce reportage de notre confrère de la rédaction européenne, Pascal Verdeau.
Pascal Verdeau
Il avance au pas de charge Franz Fischler, comme s'il voulait rattraper le temps perdu. Après avoir été reporté plusieurs fois sous la pression de Madrid, son projet de réforme est mûr. « Ce texte, je l'assume ligne par ligne ! », s'exclame le commissaire européen, et les premiers mots donnent le ton : « La surexploitation des stocks de poisson est une menace grave pour le développement durable mondial ». Pour Bruxelles, le cabillaud ou le merlan pourraient disparaître.
Franz Fischler
[allemand] C'est la survie de certaines espèces de poissons menacées par la pêche intensive qui me préoccupe. A ce rythme, l'avenir même de la pêche est compromis.
Pascal Verdeau
« Sur l'épuisement des stocks, les scientifiques n'ont pas encore tranché », rétorque Paris. Pas question donc, comme le demande la commission, d'accepter une réduction de 30 à 60% des quotas de capture. Pour le nouveau ministre français de la Pêche, les pêcheurs ne sont pas une variable d'ajustement. Sous-entendu : une réduction de notre flotte ne saurait être imposée.
Hervé Gaymard
Ce n'est pas un scoop que je vais faire en disant que ça ne va pas du tout. Donc il est bien évident, j'ai évoqué ce sujet également avec mon collègue espagnol, qui est évidemment sur la même longueur d'onde.
Pascal Verdeau
Il y a quelques jours, devant les députés européens, le commissaire à la pêche balayait pour une fois la langue de bois : « Nous n'avons pas le choix, affirme Franz Fischler, Cette réforme va faire mal, mais nous nous efforcerons d'aider les marins pêcheurs ».