Festival International du Film d'expression française à Dinard

09 juillet 1969
02m 48s
Réf. 00348

Notice

Résumé :

La première édition du Festival International du Film d'expression française a débuté à Dinard. L'attaché de presse du festival évoque les origines et la vocation de ce festival, qui met notamment en avant le cinéma africain et la francophonie.

Date de diffusion :
09 juillet 1969
Source :

Éclairage

Au-delà de ce festival du film francophone présenté dans le reportage, Dinard entretient avec le cinéma une histoire longue et passionnante. Au milieu du XIXe siècle, tourisme et loisirs se mêlent pour le plaisir de quelques uns. C'est à cette époque que l'aristocratie anglaise découvre Dinard et tombe sous le charme de ses plages de sable fin. On construit alors des villas, des hôtels pour accueillir ces Britanniques. La ville se dote aussi d'équipements de loisirs, afin de satisfaire les estivants. Au début du XXe siècle on inaugure à Dinard le grand casino où des spectacles (opéras-comiques, théâtre, concerts) sont proposés. On trouve même, dans la programmation, un festival de musique anglaise, c'est dire si la clientèle est choyée ! Dès la saison 1910, on installe dans le grand casino un cinématographe Pathé. Des prises de vues de Dinard, mais aussi de Saint Lunaire sont projetées ce même été. Les spectateurs peuvent aussi admirer des scènes de danse, de lutte, ou de chant breton. Le Pathé journal vient même dans la station balnéaire. En 1911, le Pathé journal filme le couronnement de Georges V et vient le montrer aux Anglais en vacances à Dinard. Dans les années 1920, le cinéma muet n'est plus à l'honneur et la ferveur pour celui-ci retombe aussi au grand casino.

En 1937, Henri Audroin, entrepreneur de cinéma ambulant, s'installe à Dinard et fait vivre une salle de cinéma. Son grand-père s'est occupé d'un théâtre ambulant avant de le transformer en cinéma que le père d'Henri a repris. C'est donc un passionné qui fait vivre le cinéma à Dinard jusqu'en 1974, quand il prend sa retraite.

En 1985 c'est Claude Lagrée qui reprend le cinéma d'Henri Audroin. Au regard de la fréquentation de ses deux salles, le cinéma est toujours apprécié par les vacanciers. Les grosses productions sont toujours des succès aux Alizées, mais en 1996, Conte d'été d'Eric Rohmer tient la part belle des entrées. Il faut dire que le film a été tourné à Dinard. Outre ce cinéma permanent, Dinard accueille plusieurs festivals de cinéma plus ou moins éphémères. Le festival du film francophone est de courte durée, tout comme le festival jeunesse et mer. En revanche, le festival du film britannique connaît une notoriété non négligeable. Il est inauguré en septembre 1990 et a lieu depuis tous les ans à la même période. D'abord initié par une association, il est maintenant géré par la mairie. Sur quatre jours, des avant-premières de la production britannique y sont projetées.

Dinard est liée au cinéma aussi certainement qu'elle est liée aux britanniques.

Bibliographie :

Henry Fermin, Claude Lagrée, La belle époque de l'hôtel royal du grand casino, une histoire du cinéma à Dinard, Saint Malo, Diazo, 2002.

Soline Levaux

Transcription

Interviewer
Le premier Festival international du film d'expression française se déroule en effet actuellement à Dinard. D'ores et déjà, son succès - qu'il est convenable d'envisager - sera surtout un élément de la continuité de la langue, de la pensée et de la culture française dans leur expression cinématographique. Mais en fait, ce festival n'est pas tout à fait une nouveauté, Monsieur Broglie, attaché de presse de ces journées, nous l'explique.
Monsieur Broglie
Ce n'est pas une nouveauté puisqu'en 1967 déjà se sont tenus à Dinard en septembre les Journées internationales du film d'expression française. Elles ont été inaugurées à l'époque, comme samedi dernier, par Monsieur Yvon Bourges, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères.
Interviewer
C'était un festival qui se déroulait à Saint-Cast je crois ?
Monsieur Broglie
Une partie de ce festival se déroulait déjà à Saint-Cast, c'est la partie africaine et malgache. En effet les conditions particulières de la réalisation, de la distribution des films dans le pays de l'OCAM nous a conduit à adopter un régime légèrement différent.
Interviewer
Mais alors, en fait, quelle est la véritable vocation de ce festival ?
Monsieur Broglie
Eh bien elle est double. Il y a - c'est un peu partout la même chose - on n'a jamais déterminé exactement la part de l'industrie et la part de l'art dans le cinéma. C'est pourquoi le cinéma africain semble s'orienter vers la série art et essai.
Interviewer
Quelle est la place du cinéma d'art et d'essai dans le cinéma d'expression française ?
Monsieur Broglie
Eh bien, elle est en cours de développement, et actuellement se tient, à l'heure où nous parlons, la première table ronde à ce sujet, elle est présidée par son excellence Monsieur Blaise Senghor, Ministre plénipotentiaire et délégué du Sénégal, et le rapporteur en est Monsieur Leglise qui a été délégué ici par Monsieur Houleau, Directeur général du Centre national du cinéma. Il y aura deux journées de travail, aujourd'hui et demain. Il ne m'appartient pas d'en dévoiler - la teneur d'abord je ne la connais pas puisque la discussion est libre et tout le monde y participe, le public y est admis, n'est-ce pas. Elle tend à développer en Afrique et dans tous les pays de l'OCAM en particulier, le cinéma d'art et d'essai qui est peut-être pour eux une façon de développer rapidement le cinéma.
Interviewer
Une dernière question Monsieur Broglie, quel est l'avenir du festival de Dinard ?
Monsieur Broglie
L'avenir, l'avenir, il faut être optimiste, c'est la première année et lorsque l'on voit la participation étrangère qui est très grande, qui est importante. Il y a des personnes qui sont venues du Québec, non seulement ils ont envoyé des films mais ils sont venus, ils sont venus de Belgique, ils sont venus de tous les pays africains et malgaches et de l'Afrique du Nord. Même du Vietnam et du Cambodge, nous avons un film royal tourné par sa majesté le roi Norodom Sihanouk et nous avons également un film tourné par un ancien docker, qui est un autodidacte et qui est originaire du Niger.