Les dix ans du Théâtre Chorégraphique de Rennes

03 novembre 1988
02m 01s
Réf. 00357

Notice

Résumé :

A l'occasion des dix ans du Théâtre chorégraphique de Rennes, Gigi Caciuleanu présente deux nouveaux ballets extraits des œuvres de Jean Cocteau et de Francis Picabia. Gigi Caciuleanu voit dans la danse l'art de demain.

Date de diffusion :
03 novembre 1988
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

C'est en 1984 qu'est officiellement créé le Théâtre Chorégraphique de Rennes qui devient par la suite le Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne. La troupe de Gigi Caciuleanu est installée à Rennes depuis 1978 à l'initiative de la municipalité de Rennes et du ministère de la Culture, implantation qui ne se concrétise vraiment instutionnellement qu'en 1984. Dans les années 1970, les arts chorégraphiques sont rattachés à la musique au sein du ministère de la Culture. Au-delà de la danse classique, ils ne suscitent pas grand intérêt. Pourtant ces années se caractérisent par un renouveau chorégraphique en France dont les inaluences sont mondiales (allemandes, puis étatsuniennes). Une première ébauche de décentralisation s'effectue cependant en facilitant l'implantation de compagnies en région. Mais la reconnaissance des arts chorégraphiques reste modeste.

En 1981 la gauche arrive au pouvoir et porte un projet de politique culturelle fort. Le budget alloué au ministère de la culture augmente. Le nouveau ministre, Jack Lang, donne une importance particulière à la création et à la diffusion des arts. Il lance un programme de développement pour la danse contemporaine en insistant sur deux objectifs : création et diffusion. Jusque là, la formation, à connotation classique, était le seul axe développé (plan décennal de Marcel Landowski dans les années 1970).

Une politique de décentralisation est envisagée pour la danse. Des lieux ressources doivent être créés. L'implantation de ces lieux est imaginée en concertation avec les pouvoirs locaux. Les Centres Chorégraphiques Nationaux (CCN) sont cofinancés par les collectivités territoriales et l'Etat dans le cadre d'une convention triennale renouvelable. Chaque CCN définit un cahier des charges. Les missions des CCN sont multiples : création, formation, sensibilisation à la danse contemporaine, diffusion des créations et du répertoire chorégraphique. Une équipe permanente s'occupe d'un CCN autour d'un directeur artistique. Les CCN forment un maillage pour la danse sur tout le territoire français.

A Rennes, le premier directeur de cette nouvelle institution est donc Gigi Caciuleanu. D'origine roumaine, il est d'abord formé à la danse classique. Il découvre la danse moderne et s'intéresse à la chorégraphie. Il obtient une reconnaissance rapide en France où il gagne plusieurs concours. Son installation à Rennes est saluée par la municipalité qui donne une nouvelle visibilité à la danse et continue de montrer son intérêt pour le développement culturel. Pour cause, les enjeux sont symboliques, la culture offre une bonne image de la ville. En 1993 la ville se sépare de Gigi Caciuleanu suite à des divergences administratives et de gestion. Catherine Diverrès et Bernado Montet sont nommés à la direction du Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne en 1994. Tous deux issus d'un parcours classique, ils s'en écartent au début des années 1980 pour découvrir le Butô au Japon. Riche de cette expérience, ils inventent de nouvelles formes chorégraphiques basées sur l'état, la présence et l'émotion. A partir de 1998, Catherine Diverrès dirige seule le CCNRB.

Depuis janvier 2009, Boris Charmatz a pris la direction du centre avec un nouveau projet : un musée de la danse.

Soline Levaux

Transcription

Comédien
Par la musique de la Garde Républicaine, direction Paraisse. Bravo !
Journaliste
Gigi Caciuleanu fait revivre un spectacle de Jean Cocteau et un autre de Francis Picabia pour fêter le 10ème anniversaire de sa présence à Rennes. Les années 20 et son rituel de mondanité. L'occasion de passer le cap des 35 créations et des 1000 représentations données à travers le monde depuis septembre 78. Cette fois il y a beaucoup de costumes et même des masques. En plus le public est invité à partager l'enthousiasme des créateurs au cours d'une soirée costumée.
Gigi Caciuleanu
Ah, mais je n'ai pas vu passer les 10 ans, moi, j'ai l'impression d'être arrivé il y a deux semaines, et on est toujours si fiévreux avant un spectacle, on est toujours aussi impatient, aussi fou et je ne sais pas. J'ai appris qu'il y a, en regardant le calendrier, qu'on avait 10 ans et on a lancé cette fête mais vraiment je n'ai pas vu le temps passer. Donc, moi, j'espère que, qu'il n'y a rien de fait parce que, il reste tout à faire. C'est l'art de demain, la danse. Aujourd'hui ça a bien commencé mais ce n'est pas dans 10 ans, c'est dans 100 ans où la danse va être vraiment écrite avec majuscule, et c'est la philosophie de l'avenir. On ne va plus philosopher avec des paroles, dans très peu de temps on va philosopher avec nos corps. Et c'est important que le théâtre chorégraphique soit en avant-garde de cette action.
Journaliste
La greffe de la danse prend sur la Bretagne. Il y a 10 ans c'était le désert, aujourd'hui, 140 écoles de danse existent en Ille-et-Vilaine, huit compagnies sont basées à Rennes. Le théâtre chorégraphique a formé des élèves pour la région mais d'autres ont essaimé à Paris et New York. La compagnie se renouvelle avec des arrivées et des départs.
Gigi Caciuleanu
Moi je pense que c'est important que quand un danseur sort de chez moi et pas seulement un danseur, un technicien ou quelqu'un qui sort de notre compagnie, il puisse se présenter ailleurs la tête haute et la jambe haute aussi, mais qu'il puisse se présenter et dire, voilà je viens d'ici et je peux faire beaucoup plus de choses. C'est-à-dire, je ne pense pas qu'il faut être limitatif, je ne dis pas, ils doivent danser le style Gigi et basta, non ! Je pense qu'ils doivent tout faire, tout pouvoir faire et quand ils sortent de chez moi, trouver leur propre chemin.