Le CECOR, Comité d'expansion économique de Cornouaille

19 mars 1968
08m 05s
Réf. 00380

Notice

Résumé :

La Cornouaille regorge de richesses issues de ses principaux pôles économiques : la pêche, l'agriculture, le tourisme. Malgré ces atouts, les jeunes quittent la région. Le CECOR a pour rôle d'apporter des solutions de développement à la région.

Date de diffusion :
19 mars 1968
Source :

Éclairage

Pendant les années 1950-1960, la Cornouaille, pays du Sud-Ouest finistérien généralement connu pour ses grandes fêtes folkloriques, a été confrontée aux départs de nombreux jeunes qui ne trouvaient pas d'emplois dans cette région.

Pour faire face à cet exode, comme dans beaucoup d'autres régions françaises, un comité d'expansion économique a été créé à la fin des années 1960. Les comités d'expansion sont des associations du type loi 1901, rassemblant, sur un territoire donné, l'ensemble des acteurs qui participent au développement économique de ce territoire. La particularité de ce comité tient à son organisation paritaire. Son fonctionnement repose sur une coopération entre les acteurs économiques, sociaux et politiques du territoire concerné.

En pays de Cornouaille, ce comité porte le nom de CECOR (comité d'expansion économique de Cornouaille). C'est un organisme d'études et de mobilisation locale ayant pour objectif d'établir les besoins et les capacités de la région afin d'assurer son développement économique. La concertation entre les membres du CECOR et les élus locaux a permis de définir des axes de développement prenant appui soit sur des pôles anciens comme le tourisme ou l'élevage, soit sur la création de nouveaux pôles comme le complexe urbain Quimper, Concarneau, Douarnenez, Pont l'Abbé. Le désenclavement de la région, grâce à la construction d'infrastructures autoroutières et ferroviaires, a également été une piste explorée par le CECOR afin d'œuvrer à l'expansion économique de la région.

Suite à cette première initiative, ce sont trois associations de développement qui ont vu le jour : le Pays de Quimper au centre, l'Association Ouest Cornouaille Promotion à l'ouest et le Pays des Portes de Cornouaille à l'est. Ces deux dernières sont fortement liées à la constitution du Pays de Cornouaille qui reprend les idées et le fonctionnement du CECOR. En 1998, des groupes de travail réunissant élus locaux et experts ont définis cinq orientations majeures pour assurer le développement de la Cornouaille : le développement économique (pêche, agriculture, agroalimentaire), le tourisme, la qualité de l'environnement, le désenclavement de la Cornouaille (transports, fret, réseaux de communication et d'information) et enfin l'enseignement supérieur, la formation et la recherche.

Jennifer Gassine

Transcription

(Musique)
Journaliste
Quand on parle de la Cornouaille, on pense immédiatement aux fêtes qui, chaque année, le dernier dimanche de juillet, attirent à Quimper des spectateurs du monde entier. Pour l'étranger, c'est une région où les femmes portent le traditionnel costume enrichi de broderies et la coiffe de dentelles et où les groupes celtes perpétuent les traditions. Certes, cela existe, mais la Cornouaille, c'est aussi une région qui a d'autres richesses. La région est riche par son sol, par ces cultures maraîchères variées, par son élevage, par ses industries alimentaires. Les conserveries de Bretagne sont célèbres. Par ses industries métallurgiques et mécaniques aussi. Autre richesse de la Cornouaille : sa côte, ses plages qui attirent les touristes, ses nombreux ports de pêche, de commerce et de plaisance. Richesse aussi par ses hommes. Jusqu'en 1945, le nombre de ses habitants était supérieur à celui de bien d'autres départements. Mais depuis, une étude demandée par le ministère de l'équipement a révélé une dégradation de la structure démographique.
(Musique)
Spécialiste
Chaque année il y a environ dans les 1500 à 2000 jeunes qui quittent la Cornouaille pour aller s'établir à l'extérieur. Pourquoi cet exode ? Ça pose évidemment, dans toute sa gravité, le problème de l'emploi dans la région.
Journaliste
Il fallait donc trouver une solution. Les industriels ont organisé les méthodes de travail et pour aider au développement de la région, des spécialistes se sont penchés sur le problème.
Spécialiste 2
En 1963, comme je vous disais, le but ou la base de notre action était d'une part, de promouvoir la promotion interne des entreprises qui existaient déjà, à base d'agriculture et à base de pêche, comme vous le savez, qui constituent les deux pôles de l'économie ou de la base, les bases de l'économie de cette région. D'autre part, nous étions, à ce moment-là, dans une période où la décentralisation à partir de Paris ou des grandes villes était encore possible. Or pour un certain nombre de raisons, qui ne m'appartient pas de discuter ici, cette décentralisation s'est trouvée stoppée et arrêtée, ce qui ne nous a pas permis d'avoir les résultats que nous escomptions à l'époque.
Journaliste
Parmi ceux qui étudient l'avenir de la population de la Cornouaille, un urbaniste a établi le schéma des structures comme le fait un architecte qui doit construire une maison.
Urbaniste
Dans le cadre du développement de la Bretagne, nous avons étudié la Cornouaille, nous avons étudié donc l'étude de cette côte tant au point de vue nautisme qu'au point de vue tourisme, et l'étude de la Bretagne intérieure avec ses pôles de développement.
Journaliste
Pour établir cette radiographie des besoins de la région, le SECOR a d'abord consulté les édiles notamment les maires.
Spécialiste 3
En ce qui concerne le secteur qui nous intéresse, c'est-à-dire Douarnenez, il y a eu des consultations, naturellement, des élus locaux, mais ce qui nous a paru important, des consultations de tous les groupements économiques, familiaux, jeunes, de la localité.
Journaliste
Quel est le point le plus important qui ressort pour l'avenir Douarnenez ?
Spécialiste 3
Je crois que finalement, le point le plus important reste quand même le problème de la pêche, ce problème qui, pour Douarnenez, s'intègre dans le problème général de la pêche, pêche française et pêche européenne.
Spécialiste 4
Nous voudrions voir beaucoup se terminer les axes de communication, c'est-à-dire l'axe central d'une part, et l'axe Nord Sud du Finistère d'autre part. Et alors une grosse affaire également à laquelle nous tenons beaucoup, et où nous aurons besoin de tout l'appui du SECOR, c'est la réalisation d'un gros programme touristique au bord du canal.
Spécialiste
Le tourisme, je pense, est une carte intéressante à jouer pour le sud Finistère notamment. Malgré cet intérêt du tourisme, en aucun cas le tourisme ne saurait répondre au problème n°1 qui est le problème de l'emploi.
Spécialiste 3
Nous pensons que Douarnenez doit faire... doit jouer au maximum sur un de ses atouts qui est d'être le seul port de Cornouaille en eau profonde, le plus à l'ouest, donc ouvert sur l'océan, sur le marché commun, en espérant que la grande Bretagne puisse, un jour, y participer.
Journaliste
Pour que tous ces projets soient viables, les localités ne doivent pas rester isolées. Dans 15 ans, on ne pourra plus travailler chacun pour soi. La région devrait être un tout, chaque ville ayant une vocation bien définie dans l'intérêt de tous.
(Musique)
Urbaniste
Ces pôles de développement sont au nombre de quatre : Quimperlé, qui a l'influence de Quimper et de Lorient, Carhaix, qui a une certaine autonomie interdépartementale avec les influences sur les côtes du nord et sur le Morbihan, une entité Crozon, et un complexe urbain, Quimper, avec Douarnenez, Châteaulin, Rosporden, Concarneau, et Pont-l'Abbé. Quimper va devenir, en 85, une ville de 200 000 habitants. Ce sera un grand centre administratif, portuaire par Douarnenez et Concarneau, un grand centre commercial et industriel. Pour animer ces pôles de développement, nous avons créé une grande voie de pénétration de Nantes à Brest, avec des voies secondaires qui vont permettre de désenclaver les pôles de développement, de les rejoindre entre eux, de rejoindre Carhaix avec son axe central, de rejoindre Quimperlé, de rejoindre Quimper, puis des voies touristiques avec des pénétrantes venant se rejoindre très rapidement sur Quimper qui sera le pôle de développement touristique de cette région, de cette Cornouaille.
Journaliste
Cette nouvelle structure permettra à la Cornouaille de regagner la place qu'elle avait dans l'économie nationale, à condition, toutefois, que l'exode des jeunes soit stoppé. Pour cela, il faut qu'ils trouvent du travail. Dans ce domaine aussi, il faut créer.
(Musique)
Spécialiste
Notre région se trouve devant la nécessité de créer chaque année, si elle veut redresser sa situation démographique, 1800 emplois par an.
Journaliste
Voilà les projets du SECOR et ceux des édiles. Mais la population, comment voit-elle cette mutation ? Croit-elle en l'avenir ? A-t-elle confiance ?
(Musique)
Inconnu
Pourquoi qu'on disparaîtrait, croyez-vous ?
Journaliste
Et vous monsieur, quelle est votre opinion ?
Inconnu 2
Certainement, certainement, il y aura certainement de l'avenir.
Journaliste
Vous êtes optimiste ?
Inconnu 2
Très optimiste.
Journaliste
Et vous monsieur ?
Inconnu 3
Oui, madame. la même chose. On ne va pas disparaître comme ça d'un jour à l'autre. Certainement pas. On va pas aller faire les cantonniers, après.
Journaliste
Oui, la confiance règne, le Breton ne se laisse pas abattre. Mais il faut l'aider et offrir à celui qui ne peut vivre de sa pêche ou de son exploitation, un autre débouché. Ce problème aussi a été étudié.
(Silence)
Spécialiste
Alors la solution à tous nos problèmes nous paraît être l'implantation, dans le Finistère, dans l'extrême ouest de la Bretagne, d'une industrie motrice, seule capable, à notre avis, d'entraîner toute l'économie régionale, non seulement de satisfaire en emplois les besoins de notre région, mais aussi capable de porter le développement des activités agricoles, des activités tertiaires, et de toutes les activités économiques de la région.
Journaliste
Voilà ce que peut être la Cornouaille demain avec son élevage, ses cultures, sa pêche, son tourisme mais aussi avec une industrialisation nouvelle qui lui offrira de nouveaux débouchés.