Manifestation du Cid-Unati à Rennes

18 avril 1972
03m 12s
Réf. 00383

Notice

Résumé :

Suite à la manifestation, cet après midi à Rennes, des artisans et des commerçants du syndicat Cid-Unati, des affrontements ont opposé des CRS et des pompiers à une centaine de manifestants venus poursuivre leur action devant l'hypermarché Mammouth.

Date de diffusion :
18 avril 1972
Source :

Éclairage

En avril 1972, en plein débat sur la réforme des retraites des artisans et des commerçants, les militants du Cid-Unati (Confédération Intersyndicale de Défense et d'Union Nationale des Travailleurs Indépendants) organisent à Rennes une manifestation pour faire libérer leur leader Gérard Nicoud. A la fin de la manifestation, un groupe de militants s'en prend violemment à un supermarché qui était resté ouvert. La manifestation se transforme dès lors en un affrontement avec les forces de l'ordre. Gérard Nicoud est finalement libéré en juillet 1972, mais la réforme des retraites est tout de même adoptée.

Pour en savoir plus :

Né le 5 mars 1947, Gérard Nicoud ouvre un café en 1968 dans un petit village de l'Isère. La même année, il assiste dans cette commune à une réunion d'information sur la nouvelle loi, obligeant les commerçants et les artisans à cotiser à un régime obligatoire d'assurance maladie. La contestation augmente rapidement. Avec l'aide d'un jeune artisan de trente ans, Maurice Mesny, Gérard Nicoud décide d'envoyer une motion de protestation au Préfet. Près de 10000 signatures sont recueillies dès février 1969. Le 17 février, 15000 personnes assistent au meeting organisé par le comité à Grenoble. Le CID (Comité d'Information et de Défense) naît officiellement en juillet 1969. Gérard Nicoud oriente l'action du CID vers une contestation active, ce qui lui vaut d'être plusieurs fois arrêté et incarcéré. En avril 1970, le CID et l'UNATI se regroupent pour former le Cid-Unati. Celui-ci obtient quelques mois plus tard 114 sièges sur les 468 à pourvoir au Conseil d'Administration des caisses d'assurance maladie. En 1984, Gérard Nicoud quitte le poste de secrétaire général. Par son action, le Cid-Unati a, entre autres, contribué à la création du Ministère du Commerce et de l'Artisanat et à l'adoption de la loi Royer de 1973 qui avait pour objectif de ralentir l'expansion de la grande distribution.

Le Cid-Unati, toujours actif aujourd'hui, perpétue son combat pour la défense des petites et moyennes entreprises. Il s'illustre encore parfois par des actions violentes comme par exemple lors de la manifestation organisée en 2000, sur un marché à Bagnères, pour le défense des commerçants non sédentaires.

Jennifer Gassine

Transcription

Journaliste
La manifestation organisée par la CIDUNATI et qui a rassemblé à Rennes plusieurs milliers de personnes, se serait déroulée dans le calme si après un défilé en ville, quelques centaines d'éléments agités ne s'en étaient pas pris à un hypermarché de la périphérie, resté ouvert alors que presque tous les magasins de Rennes avaient baissé leurs rideaux. A sept heures, la situation s'est dégradée, les caddies, traditionnels chariots des ménagères ont provoqué l'étincelle lorsque les manifestants les ont lancés en direction des forces de l'ordre.
(Bruits)
Journaliste
Des jets de pierres ont suivi, auxquels ont répondu les premières salves de grenades lacrymogènes. Quelques instants plus tard, une épaisse colonne de fumée se dégageait derrière l'hypermarché, des manifestants avaient mis le feu dans une réserve de cageots à l'extérieur de l'édifice. Très vite, le feu a pris de l'extension, menaçant la toiture du grand magasin. A leur arrivée, les pompiers ont été très durement accueillis, leur passage fut difficile et il fallut l'intervention d'un renfort de CRS pour dégager les abords du foyer.
(Bruits)
Journaliste
Entre-temps, des groupes de manifestants s'en sont pris aux matériels d'incendie. Coupant les tuyaux avec des couteaux, et brisant les vitres des véhicules. Plusieurs pompiers ont été blessés.
(Bruits)
Journaliste
Lors de la charge qui a suivi, on a compté également quelques blessés légers parmi les forces de l'ordre et du côté des manifestants.
(Bruits)
Journaliste
Ecoutons le témoignage d'un des sapeurs pompiers blessé.
Pompier
Et bien en arrivant, il y avait des manifestants et puis ils nous ont fait stopper et à ce moment-là on a, le pare-brise a éclaté et c'est tout. Moi, j'ai continué pour, parce que ça brûlait dans tous les sens.
Journaliste
Et alors, ils ont cassé votre pare-brise, ils ont cassé également le pare-brise d'un autre véhicule d'incendie ?
Pompier
Oui, c'est ça oui.
Journaliste
Je voudrais savoir ce que vous pensez en tant que commandant des pompiers de cet acte qui s'est passé tout à l'heure ?
Commandant
Eh bien, c'est très gênant pour garantir la défense contre l'incendie pour la population car on nous empêche d'arriver et de faire notre devoir.
Journaliste
Et ce qui a été fait contre vos hommes ?
Commandant
Eh bien, c'est inadmissible.
Journaliste
Monsieur, vous êtes le responsable de cet hypermarché et vous avez vu ce qui s'est passé, je voudrais savoir... Vous n'avez pas fermé votre hypermarché.
Gérant
Non, nous avions décidé de ne pas fermer du fait que, au nom de la liberté du travail, tout le monde a le droit de rester ouvert et que ce ne sont pas certaines personnes qui ont le droit de donner des ordres pour fermer les magasins de ce genre.
Journaliste
Alors en tant que responsable d'un magasin à grande surface, qu'est-ce que vous pensez de ce qui vient de se passer ici ?
Gérant
Ben, on a affaire à des bandits ou à des gangsters c'est tout.
Journaliste
Vers 21 heures, alors que le feu était circonscrit, le calme revenait aux abords de l'hypermarché. Ne restaient plus que les curieux. Les manifestants venus de plusieurs départements de l'Ouest ont repris les cars qui les avaient amenés.