Le Colombier, nouveau centre ville de Rennes

06 décembre 1972
05m 56s
Réf. 00385

Notice

Résumé :

La municipalité de Rennes, sous l'impulsion d'Henri Fréville, a lancé la rénovation urbaine de la ville. L'enjeu est de doter Rennes d'un nouveau centre ville moderne à l'emplacement de la caserne du Colombier et du quartier de la rue de Nantes.

Date de diffusion :
06 décembre 1972
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

En 1953, Henri Fréville, alors professeur d'histoire moderne à la Faculté de lettres de Rennes, est élu maire. Son élection à la tête de la municipalité rennaise marque un tournant dans la politique d'aménagement de la ville. Il est à l'origine de nombreux projets visant à moderniser et à assainir la capitale bretonne. Parmi ces différentes initiatives, la rénovation du quartier du Colombier tient une place particulière. Henri Fréville veut transformer ce secteur afin qu'il devienne le centre directionnel régional.

Ce projet de rénovation urbaine, baptisé "opération Champ de Mars-Colombier" est confié à Louis Arretche. Urbaniste et architecte français, il est célèbre pour avoir œuvré à la reconstruction de plusieurs villes, dont Saint-Malo et Coutances, détruites par les bombardements lors de la Libération. En 1955, il devient l'urbaniste de la ville de Rennes et, en 1956, il est désigné pour être l'architecte en chef du projet de rénovation urbaine du Colombier. Cette opération, qui s'étend sur une surface de vingt-huit hectares, débute en 1958 par l'acquisition de l'ancienne caserne. Mais les travaux ne démarrent véritablement qu'en 1962 sur ce qui était autrefois un champ de manœuvre militaire.

Selon Louis Arretche, ce projet répond à trois besoins principaux : la création d'un centre administratif, le maintien de fonctions commerciales dans le centre ville et l'assainissement de certains quartiers. Ainsi, à la place de l'ancien faubourg insalubre de la rue de Nantes et de l'ancien champ de manœuvre militaire, un vaste complexe est construit, assurant des fonctions résidentielles, administratives, commerciales et culturelles. Cet espace regroupe sur plusieurs niveaux des équipements collectifs nécessaires à la vie moderne et différents organismes publics. Au total, ce sont près de 40 000m2 de commerces, sous forme de galeries marchandes notamment, 5600 places de stationnement, 2500 logements et 43 000m2 de bureaux sous forme de barres et de tours qui sont bâtis. Les travaux s'achèvent en 1986 avec l'inauguration du centre commercial Colombia.

Depuis 2004, les travaux dans le quartier du Colombier ont repris notamment avec la construction des Champs libres - vaste espace culturel regroupant le musée de Bretagne, l'espace des sciences et une bibliothèque -, l'aménagement de l'esplanade Charles de Gaulle et l'agrandissement du centre commercial.

Jennifer Gassine

Transcription

Journaliste
Eclatant dans ses structures anciennes, la capitale intellectuelle de l'Ouest, métropole de recherches et pôle d'animations régionales, se devait de réaliser un centre-ville moderne adapté à son expansion. Ne pas faire éclater le coeur de la cité mais le séparer en deux ventricules autour de l'artère centrale des quais, c'était le problème vital qui se posait puisque le centre ancien ne pouvait évoluer. C'est donc sur l'emplacement de la caserne du Colombier et des demeures insalubres et vétustes de la rue de Nantes que la municipalité jeta son dévolu il y a une dizaine d'années, pour procéder à l'opération de rénovation urbaine qui portera le nom d'opération Champ de Mars Colombier. Les Rennais ont encore à l'esprit les images de la démolition de la caserne du Colombier et les disparitions par paliers des anciens quartiers du faubourg de Lazare ou Bourg Saint-Ladre devenu le quartier de la Rue de Nantes et qui accueillait autrefois léproseries et gibets. Conformément au plan de la SEMAEB chargée de cet ensemble unique en France, en 1965 sortaient du sol les deux premiers ensembles, là où se dressait l'ancienne caserne, et depuis on peut dire que chaque semaine l'aspect du quartier évolue. Il aura fallu surmonter bien d'autres problèmes que ceux de la démolition pour arriver à ce que le Colombier, véritable ville dans la cité, fasse un jour oublier les décennies durant lesquelles le Champ de Mars servait de champ de manoeuvres, de carrière hippique et de terrain d'exposition.
Henri Fréville
Le Champ de Mars a été très célèbre à la fin du XVIIIe siècle comme un lieu de rassemblement des Rennais et il est devenu au XIXe siècle la caractéristique de Rennes qui voyait dans la venue de régiments, l'industrie du moment si bien que sous Napoléon III, le Champ de Mars a eu un rôle considérable. Le Colombier a été lié au Champ de Mars dans la période également du XIXe siècle et il y a eu là une grande caserne que beaucoup de Rennais ont connue et quand notre municipalité est arrivée en 1953, elle n'a eu qu'une idée, c'est de faire, adapter bien sûr au XXe siècle, de cette zone la zone d'incitation d'une nouvelle activité rennaise et nous avons voulu là détruire les anciens bâtiments insalubres et y construire des bâtiments modernes destinés à inciter au développement de la cité moderne.
Responsable
L'opération du Colombier, il convient peut-être de le préciser, couvre une surface d'environ 28,5 hectares, dont 21 hectares opérationnels, autrement dit 21 hectares correspondant aux immeubles qu'il a fallu acquérir et à l'emprise des voies qui seront plus ou moins transformées dans le cadre de toute la réorganisation de ce quartier. Ces 21 hectares recouvraient, comprenaient autrefois 1100 logements et 150 activités commerciales environ. Le programme établi par la SEMAEB en accord avec la ville de Rennes prévoit la reconstruction sur les terrains libérés de 2500 logements environ ainsi que l'aménagement de 50000 m2 de bureaux et environ également 30000 m2 de commerce.
(Musique)
Journaliste
Comme il se devait dans un centre-ville moderne, la fonction résidentielle a cédé le pas aux fonctions commerciales, administratives et culturelles. Ainsi, bureaux, commerces, administrations, hôtels, stations-service, restaurants, banques, cinémas, passerelles marchandes s'organiseront autour de ce forum qu'est la dalle centrale pour créer le futur pôle attractif régional.
(Musique)
Journaliste
D'ores et déjà, la multiplicité des styles se fait jour et plusieurs aspects du quartier rénové apparaissent à la fois. Contrastant avec le sérieux d'un centre d'affaires, boutiques et jardins suspendus créeront une ambiance de détente et un but de promenade.
(Musique)
Journaliste
Ici, l'architecture devient une sorte d'oratoire de la puissance au moyen des formes et au service de l'humain.
(Musique)
Henri Fréville
La caractéristique voulue par Monsieur Arretche qui est l'architecte en chef et voulue par nous ainsi que par la SEMAEB qui est maître d'oeuvre, ça a été essentiellement de faire en sorte que les hommes s'y trouvent vraiment des hommes, ne soient pas troublés par la mécanique, par conséquent, au-dessus les hommes se mouvront comme ils l'entendront, iront où ils voudront, lécheront les vitrines s'ils le désirent et la mécanique, c'est-à-dire la voiture sera en dessous.
Journaliste
Des kilomètres de voies souterraines pour les véhicules de tourisme, une voie express pour les véhicules utilitaires, deux kilomètres de galeries de service, un effort particulier a aussi été demandé aux constructeurs pour la mise en place d'un mobilier urbain de qualité. Tout cela pour supprimer les nuisances et donner aux Rennais de demain un cadre de vie qui lui permette de se rappeler qu'il est un homme.
(Musique)
Henri Fréville
Le nouvel hôtel de ville va se trouver à l'extrémité ouest de la zone dite Champ de Mars-Colombier, face à l'avenue que vous connaissez bien, l'avenue de la Tour d'Auvergne, le boulevard de la Tour d'Auvergne et face également à cette zone de l'arsenal qui maintenant est libérée et où vont prendre place incessamment l'intendance de police, la cité judiciaire, des jardins et un certain nombre d'aménagements complémentaires. Rennes est en train de prendre son envol et le Colombier est au centre de tout cela.