Simone Chaye, résistante

18 octobre 1998
01m 56s
Réf. 00434

Notice

Résumé :

Native de Dinan, Simone Chaye a reçu la médaille des Justes, pour son action durant la guerre. Femme de Gauche, elle milite dès les années 30 puis s'engage dans la Résistance. Avec son groupe Fraternité, elle a sauvé de nombreux enfants juifs.

Date de diffusion :
18 octobre 1998
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

Pendant la période d'Occupation de la France par l'Allemagne nazie, entre 1940 et 1945, le régime de Vichy collabore avec le régime nazi et recense puis organise la déportation de nombreux Juifs (au total plus de 75 000 personnes).

Née en 1907 et originaire de Dinan, Simone Chaye est issue d'une famille fortement attachée aux valeurs républicaines, ce qui fait d'elle une femme militante, engagée dans l'action politique et sociale. En 1941, Simone Chaye, qui vit alors à Neuilly-sur-Seine (Île de France), devient membre du Mouvement National Contre le Racisme (MNCR) fraîchement créé, un groupe résistant qui propose son aide aux familles juives en difficulté, et notamment aux enfants menacés de déportation. Ce groupe clandestin agit avec l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide. Après la grande rafle du Vélodrome d'Hiver des 16 et 17 juillet 1942 à Paris, pendant laquelle plus de 13000 Juifs sont arrêtés et déportés, Simone Chaye, avec l'aide notamment de Marguerite Camplan, prend en charge de nombreux enfants dont les parents ont été déportés, et les place dans des familles d'accueil à la campagne, leur procurant de faux papiers, de quoi se nourrir, et organisant des collectes d'argent pour payer leur pension. Après la guerre, elle a créé l'association "Renouveau", qui s'occupe d'enfants orphelins.

En 1997, à l'âge de 90 ans, elle est nommée "Juste parmi les nations", et reçoit pour cela la médaille des Justes en 1998. Ce titre, tiré d'une expression juive que l'on retrouve dans le Talmud, est décerné par l'Etat d'Israël à des personnes non-juives qui ont apporté de l'aide à des Juifs menacés pendant la Seconde Guerre mondiale, qui ont eu conscience que cette aide pouvait leur coûter la vie et qui n'ont réclamé aucune contrepartie. Depuis 1963, c'est une commission présidée par le juge de la Cour Suprême d'Israël qui nomme les Justes. Ce titre donne droit à un versement mensuel, à une assistance en cas de difficulté, et les noms des Justes parmi les nations sont gravés sur le mur d'honneur dans le jardin des Justes du mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. La mémoire de ces personnes est relayée en France par le Comité Français pour Yad Vashem, association créée en 1989, composée surtout de bénévoles qui se chargent de collecter les noms de victimes de la Shoah et de Justes, et de transmettre leur histoire. Aujourd'hui, plus de 20 000 personnes de 41 pays ont obtenu le titre de "Juste", dont 2 700 en France.

Le 20 avril 2009, une plaque commémorative est inaugurée sur la façade de la synagogue de Neuilly-sur-Seine, sous la liste des déportés de la commune, sur laquelle figurent les noms des huit Justes de Neuilly, parmi lesquels Simone Chaye.

Bibliographie :

Lucien Lazare, Dictionnaire des Justes de France, éditions Fayard et Institut Yad Vashem de Jérusalem, 2003.

Marine Guida

Transcription

Simone Chaye
Les gens ont toujours dit que j'ai été extraordinaire.
Inconnu
Voilà.
Simone Chaye
Et il n'y a que moi qui n'y ai jamais cru.
Inconnu
Eh eh eh !
Simone Chaye
Je pense que je suis bien ordinaire.
Journaliste
Celui qui sauve une vie, sauve l'humanité dit le Talmud, le livre de l'enseignement judaïque. Simone Chaye et 13 autres femmes du groupe Fraternité pendant la guerre au péril de leur vie à soustraire à Vichy et donc à la mort des dizaines et des dizaines d'enfants juifs dont les parents avaient été arrêtés et déportés, en les cachant, là où elles pouvaient, les déplaçant chaque fois qu'il y avait danger, finançant leur pension, leur fournissant de fausses identités.
Simone Chaye
Alors, on allait vers des endroits en général de terriens parce que les, les gens de la terre ont toujours été très, très proches du malheur, je pourrais dire.
Journaliste
Simone Chaye est Dinannaise. Fille d'assureur dreyffusard qui lui ont enseigné les valeurs de la République et l'épouse d'un ingénieur qui parcourt l'Europe au moment de la montée du Nazisme. Dès le début des années 30, la jeune femme va donc militer au sein de la LICA, puis tout naturellement en 41, elle adhère au mouvement national contre le racisme et entre dans la clandestinité.
Simone Chaye
Je dois dire que j'étais de gauche. Ma génération est une génération qui à partir de, je ne sais pas moi, 15 ans, nous nous intéressions aux idées nouvelles.
Journaliste
Est-ce que vous aviez eu peur ?
Simone Chaye
Mais bien entendu, et la trouille, la trouille.
Journaliste
Et ça ne vous a jamais empêché de continuer ?
Simone Chaye
Mais non, parce que quand vous êtes dans l'action... Je suis une fille de la révolution française, mes aïeux, ce sont, ont été des révolutionnaires, alors quoi bien sûr que non.
Journaliste
A 91 ans aujourd'hui, Simone Chaye a donc vu son action reconnue. Israël lui a donc décerné la médaille des Justes parmi les nations. Son nom sera désormais inscrit sur le mont des souvenirs au Yad Vashem à Jérusalem. Le lieu de mémoire s'il en est, qui rappellera aux générations futures qu'il eut pendant la barbarie des femmes et des hommes courageux.