Les éditions du Chasse marée

01 avril 2000
04m 19s
Réf. 00454

Notice

Résumé :

Les éditions du Chasse Marée sont fondées en 1981 à Douarnenez par Michèle et Bernard Cadoret. Passionnés par la Bretagne et la mer, ils font appel à des spécialistes pour rédiger leurs ouvrages, qui rencontrent un vif succès auprès des lecteurs.

Date de diffusion :
01 avril 2000
Source :

Éclairage

Plusieurs maisons d'éditions bretonnes ont le domaine maritime pour thématique principale ou ont développé une collection maritime. C'est le cas de la maison d'édition Le Chasse Marée, créée par Bernard Cadoret sous la forme d'une Scop en 1981. Sa création correspond à une volonté de la part de ses fondateurs de faire partager la culture maritime. Le titre est d'ailleurs révélateur du domaine de prédilection de la maison d'édition : le chasse-marée est, aux XVIIIe et XIXe siècles, un bateau de pêche rapide, puissant et toilé, conçu pour toujours avoir une marée d'avance et rentrer le premier au port. Le siège de la maison d'édition est implanté à Douarnenez dans un lieu hautement symbolique, un abri de marin construit en 1912 dans le cadre de l'Œuvre fondée par le philanthrope Jacques de Thézac.

L'équipe du Chasse-marée se partage entre la rédaction des revues, Chasse Marée (35 000 exemplaires), ArMen (20 000 ex.) et Maritime, Life and Traditions (12 000 ex.), l'édition de livres et disques et la vente à distance. Il existe également une librairie ouverte toute l'année au rez de chaussé du bâtiment. En organisant les premiers rassemblements maritimes de Douarnenez et en lançant un concours de vieux gréements "100 bateaux pour les côtes de France", pour Brest 92, le Chasse Marée a étendu ses champs de propagation de la culture bretonne et maritime.

Depuis 1981, la maison d'édition a édité une centaine de livres. Les tirages des livres du Chasse Marée se situent entre 3000 et 5000 exemplaires. Cependant il faut souvent plusieurs années pour qu'ils trouvent leurs publics. Jusqu'en 1992, il y a eu de plus en plus de ventes, la maison d'édition profitant d'un fort mouvement ascendant à la fin des années 1970, période caractérisée par l'essor de la culture bretonne.

Mais en 2001, le Chasse Marée est placé en redressement judiciaire après avoir subi une forte baisse de son chiffre d'affaires. Le tribunal de commerce de Quimper confie la reprise de la maison d'édition Chasse-Marée aux éditions Glénat et Fitamant qui s'en partagent les titres. Glénat reprend l'édition de la revue maritime Le Chasse-Marée et du magazine en langue anglaise Maritime Life and Traditions tandis que Fitamant poursuit l'édition d'Armen, le magazine de culture bretonne. Glénat souhaitant s'en séparer, le Chasse-Marée a été repris par Infomer en 2009. Cette filiale du groupe Ouest-France publie des journaux professionnels sur le monde de la pêche et des produits de la mer. Le Chasse-marée diffuse actuellement à 14 000 exemplaires.

Soline Billon

Transcription

Journaliste
En 1981, Michèle et Bernard Cadoret décident de fonder leur maison d'édition à Douarnenez. Leur domaine de prédilection, la mer et la Bretagne. Ils éditent deux revues, Le Chasse-Marée et Armen, et des livres très beaux et plutôt chers qui demandent parfois jusqu'à dix années de travail.
Michèle Cadoret
Nous éditons ce que nous avons envie de lire. Nous sommes des Bretons, nous avons des parents qui ont été dans le domaine maritime eux-aussi, ou bien nous avons envie de savoir ce qu'a été la grande pêche à Terre-Neuve ou à Islande, ou nous avons envie de savoir exactement comment fonctionne un phare. Eh bien, on se dit : " On y va, on le fait". En essayant, ça aussi, c'est une des choses qui nous est très particulière quand on construit un livre, c'est de citer le maximum de gens, les gens qui ont fait cette histoire et qui donc peuvent se retrouver dans ces ouvrages ou en tout cas leurs enfants et leurs petits-enfants. Parce que comme je le disais tout à l'heure, on vient tous, pour une petite partie, du domaine maritime. On a tous cette histoire-là en nous.
Journaliste
Sur les trente-cinq personnes qui travaillent en permanence pour le Chasse-Marée, quatre se chargent uniquement de la recherche de documents. Ici, on ne jette rien, on accumule, on thésaurise, on collectionne, on classe. A la tête de ces richesses, Bernard Cadoret.
Bernard Cadoret
Vraiment, je crois que les gens les plus performants chez nous, ce sont les documentalistes, parce qu'ils vont chercher et ils vont trouver. C'est-à-dire des jeunes femmes en l'occurrence, elles vont chercher des choses que personne d'autre ne trouve, des choses fabuleuses. Il y a aussi les gens de terrain, les gens qui vont faire des enquêtes de terrain et des collectages oraux auprès de vieux marins ou de vieux paysans.
Michèle Cadoret
Les gens qui écrivent pour nous sont en général des grands connaisseurs dans leur domaine, toujours et nous, nous y apportons notre patte également. Je crois qu'il n'y a pas un ouvrage, pas une revue non plus, pas un article de revue non plus, pas un ouvrage, où nous n'ayons, nous, apporté une matière supplémentaire, alors qui peut être écrite comme iconographique. Mais toujours, toujours, nous y mettons notre patte, il n'y a pas un manuscrit qui arrive et qui soit, hop, tiré comme cela et qui parte en librairie sans notre propre signature. Comme nous sommes une toute petite maison d'édition, nous sommes obligés de faire très attention à ce que nous éditons. Il faut qu'on soit quasiment certain que cela marche, sinon pour nous, c'est très grave, on coule. Donc, on a toujours réfléchi à nos collections. Si on les a choisies, c'est parce qu'on avait envie, nous aussi, et de s'impliquer et de savoir... et de savoir, d'apprendre, de connaître. Donc sur les gros ouvrages, on ne s'est jamais trompé. Ils ont tous superbement bien marché, au-delà de ce que n'auraient fait certains éditeurs parisiens. Non, je ne peux pas dire en fait qu'on ait des grands succès et des non-réussites, non, pas vraiment.
Bernard Cadoret
Le phénomène Chasse-Marée, Ar Vag, etc, ce n'est pas un phénomène de mode. Je me rappelle quand j'ai fait la première signature de ce livre, c'était à Tréboul juste à côté d'ici, il n'y avait que des marins en casquette dans la... Et ça, pour moi, ça a été un bonheur formidable. Je me dis : " On a touché juste". Parce que attention, c'était un beau livre, c'était un livre cher. Et les gens s'y sont reconnus. Ils ont été fiers qu'on consacre un livre comme ça à leur histoire, à leur culture.
Michèle Cadoret
Quelqu'un qui va nous découvrir maintenant, en général, nous achète des ouvrages qui datent d'il y a huit ou neuf ans, en général. C'est très frappant. Aucun de nos ouvrages n'a été mis au pilon, aucun. Et donc, comme je vous le disais, Ar Vag est réédité, Les Phares, qui est notre livre qui vient de sortir, là, est déjà en réédition, Les Clippers français ont été réédités également. Tous ces ouvrages, qui sont pourtant très gros, donc, ont été réédités.
Bernard Cadoret
Ca marche bien, mais ce n'est pas une maison qui fait des gros profits et qui paie des gros salaires. Il ne faut pas rêver. Par contre, elle est très solide parce qu'il y a un taux de réabonnement formidable, parce que tous les bouquins marchent. Bon, donc on n'a pas à s'inquiéter, ça va bien. Je pense que ce qu'on a vécu, c'est une aventure. On n'a jamais hésité à sauter de l'avant. Mais finalement, à force de vouloir toujours atteindre de nouveaux objectifs culturels, disons qu'on n'a pas été gouvernés par une logique d'argent, par une logique économique. Si, le sérieux économique, on l'a voulu, mais on n'a pas cherché à gagner de l'argent. Et donc, on a gagné autre chose.