La revue Ar Men

09 mai 2004
03m 51s
Réf. 00456

Notice

Résumé :

La revue Ar Men, consacrée à la Bretagne et à sa culture, existe depuis 18 ans. Un de ses fondateur, Fanch Postic, évoque les débuts de la revue qui suite à des difficultés financières a été reprise par les éditions Fitamant.

Type de média :
Date de diffusion :
09 mai 2004
Source :

Éclairage

La presse magazine régionale est relativement vivante en Bretagne. Dans le sillage d'ethnologie maritime de la revue Le Chasse-Marée, la revue Armen est créée à Douarnenez en février 1986 par la Scop Le Chasse-Marée. Le titre évoque à la fois la pierre en breton et le phare du même nom à la pointe de la Bretagne. Le sous-titre de la revue "la Bretagne, un monde à découvrir" révèle l'ambition de ses fondateurs: de l'histoire à l'ethnologie, de la musique à l'environnement, en passant par la vie, l'économie, la littérature et l'art, le magazine tend à dévoiler toutes les spécificités et la richesse de la civilisation bretonne. ArMen se présente comme une "véritable encyclopédie vivante de la Bretagne et des pays celtiques". Le territoire concerné est celui de la Bretagne historique, associant les quatre départements administratifs et la Loire-Atlantique, mais la revue s'ouvre également à d'autres peuples et d'autres cultures.

Dans ces articles longs de 15 000 à 25 000 signes, les faits sont rigoureusement prouvés par des références aux discours préexistants et par des enquêtes de terrain réalisés par les auteurs. Les fondateurs de la revue veulent un magazine scientifiquement rigoureux tout en évitant le jargon scientifique. Les auteurs sont historiens, archéologues, ethnologues, architectes, naturalistes, écrivains, journalistes... Outre les grands articles, la revue propose aussi des rubriques et des articles plus courts dans chaque numéro : livres, petits objets, musique...

Lancée en 1986, la revue a trouvé rapidement son lectorat. Les ventes ont dépassé rapidement le cap des 10 000 exemplaires et le taux d'abonnements est exceptionnel. En 2003, à la suite des difficultés financières de la Scop Le Chasse-marée, la revue Armen est reprise par les éditions Fitamant, groupe de presse basé à Telgruc-sur-mer dans le Finistère. Ce changement d'édition n'a pas fait perdre l'ambition du magazine breton. En 2008, les ventes sont de l'ordre de 10 500 exemplaires dont 7500 par abonnement. La rédaction se compose de deux journalistes assistés d'une secrétaire de rédaction. La revue fait appel également à des journalistes pigistes et des spécialistes (historiens, économistes, géographes...). Armen est l'un des seuls exemples de revue de ce niveau en Europe, fonctionnant sans subvention et vivant grâce à ces lecteurs.

Soline Billon

Transcription

Journaliste
Fanch Postic était l'un des principaux rédacteurs fondateurs d'Ar Men. Après cinq années consacrées à la revue, on le retrouve, aujourd'hui, dans le cadre historique du Manoir de Kernault à Mellac. Le lieu abrite un centre de recherche et de documentation sur la littérature orale dont Fanch a la charge. Dix-huit années et 139 numéros séparent la première parution de la dernière.
Fanch Postic
Le choix du titre, cela n'a pas été facile. De trouver un titre qui corresponde à la revue que l'on voulait créer, ce n'était pas simple. Et donc on voulait un mot qui soit court, qui soit simple et qui soit aussi un peu symbolique. Ar Men a été choisi tout simplement parce que c'est, à la fois, le phare à la pointe de la Bretagne, un petit peu ce bout de Bretagne presque le plus avancé dans la mer, et puis en même temps, c'est aussi la pierre, ce symbole de la pierre qui est bien présent en Bretagne. Le granit, ce symbole d'un sol solide qui se trouve sous nos pieds.
(Musique)
Fanch Postic
Il s'agissait de créer la revue et ensuite il s'est agi de la faire durer, en la faisant évoluer au gré, je dirais, de l'actualité, des changements qui n'ont pas manqué d'intervenir en Bretagne dans le domaine culturel.
(Musique)
Journaliste
Et puis, c'est l'envers du décor. L'avenir s'assombrit pour les éditions du Chasse-Marée dont Ar Men fait partie. Baisse du chiffre d'affaires. Le groupe dépose son bilan en 2003. Le redressement judiciaire inquiète les salariés. C'est finalement l'éditeur Jacques Fitamant, installé discrètement sur les hauteurs de Telgruc, qui reprendra seul la célèbre revue.
Jacques Fitamant
Je dis que ce n'est pas miraculeux puisque nous n'avons pas véritablement développé, nous avons maintenu. Maintenant, nous avons une légère progression, mais nous avons surtout maintenu le niveau de lecteurs, de lectorat. Mais surtout, nous avons baissé les charges de façon considérable, au niveau des achats, au niveau du papier, de l'imprimerie, à tous niveaux de la chaîne en fait.
Journaliste
En bref, une meilleure gestion?
Jacques Fitamant
Oui, tout à fait.
Journaliste
Pour Jacques Fitamant, les difficultés sont derrière. Aujourd'hui, après un an d'exploitation, la situation semble parfaitement assainie. Les coûts sont considérablement réduits et le titre bénéficiaire. L'équipe est réduite à quatre personnes dont une secrétaire de rédaction. Une réunion de sommaire les rassemble tous les mois pour une répartition thématique et géographique. La ligne éditoriale est maintenue. Objectif : pérenniser la revue sans changer le fond.
Yann Rivalain
Je pense que beaucoup de gens ont quitté la Bretagne pour, justement, aller travailler à Paris. Enormément, ont fait carrière, ont changé de culture, parfois de langue, de mode de vie en partant à Paris. Et ils ont besoin de retrouver ce lien. Est-ce que c'est kitsch? Est-ce que c'est une attitude passéiste? Je ne pense pas. On la retrouve chez les Irlandais des Etats-Unis, on la retrouve chez tous les peuples de la terre, quels que soient les parcours qu'ils ont dû faire. On a besoin de garder ses racines. Pas forcément pour des raisons de passéisme. On a besoin de redécouvrir là d'où on était venu, toujours pour le quotidien, toujours pour savoir pourquoi on réagit différemment à telle ou telle chose, pourquoi notre sensibilité nous porte vers là. Je pense qu'Ar Men a ce rôle, effectivement, pour une partie des gens qui sont à l'extérieur. Mais ce n'est pas Ar Men qui veut ça. C'est la Bretagne et sa culture. Les autres magazines qui travaillent un petit peu sur le même terrain que nous font les mêmes observations, ils ont énormément de lecteurs à l'extérieur. On regrette souvent de ne pas avoir de diaspora. Je pense que dans les magazines ou dans les gens qui s'intéressent à la Bretagne, là on observe une forme de diaspora par la lecture en tout cas.