l'Ouest en mémoire - Rentrée solennelle de l'Université de Rennes

Éclairage

La rentrée 1966 de l'Université de Rennes, qui fait l'objet d'un reportage de Bretagne actualités, nous offre une image de l'université semblant venir d'un autre temps. En effet cette rentrée solennelle nous donne l'image de l'université française telle qu'elle était avant la réforme de l'enseignement supérieur par la loi Faure en 1968 suite aux "évènements" de la même année, ainsi que l'image de l'Université de Rennes avant sa séparation en deux entités distinctes en 1969. On remarque l'aspect prestigieux de cette cérémonie qui réunit de nombreuses personnalités. En plus du recteur Henry Le Moal, recteur de l'université à l'époque, on retrouve aussi d'autres personnages importants comme le Secrétaire d'État à l'Education Nationale, M. Habib Deloncle, l'Ambassadeur de Côte d'Ivoire en France et le Ministre de l'Education Nationale de la Côte d'Ivoire, leur présence étant due au partenariat qui unit l'Université de Rennes à celle d'Abidjan. Un partenariat toujours existant avec l'Université de Rennes 1 aujourd'hui.

Dirigeant cette rentrée solennelle, le Recteur le Moal témoigne de la place centrale qu'occupe le recteur d'académie dans le système universitaire de l'époque puisqu'il avait en charge la gestion de l'institution du point de vue administratif. La présence des professeurs de l'Université en "robes multicolores", pour reprendre les termes employés dans le reportage, témoigne aussi de l'archaïsme du système universitaire français face aux évolutions qui secouent la société française, et qui vont notamment amener à la réforme de l'enseignement supérieur. Ainsi même si le port de la toge s'explique par la solennité de l'évènement dans ce reportage, celui-ci donne néanmoins à voir une tradition qui tombe peu à peu en désuétude. Le port de la toge sera quasiment abandonné après 1968.

Mais ce reportage nous offre donc aussi une image de l'Université de Rennes avant sa séparation en deux entités en 1969. Une séparation qui donne naissance à deux nouvelles universités : Rennes 1 qui conserve les facultés des sciences, de médecine et pharmacie, de droit et de sciences économiques, et Rennes 2 regroupant la faculté de lettres et de sciences humaines.

La cérémonie qui prend place dans le grand amphithéâtre de la faculté de Droit, qui se situe dans les locaux de l'Université place Hoche, c'est à dire en centre-ville, souligne le problèmes de place auquel l'Université de Rennes est et va être confrontée, face à l'augmentation croissante du nombre d'étudiants, déjà au nombre de 18 000 en cette année 1966. Déjà, avant la séparation mais un an après cette rentrée solennelle, l'Université de Rennes tentait tant bien que mal de s'adapter aux évolutions qui secouaient l'enseignement supérieur. Ainsi l'augmentation du nombre d'étudiant obligeait dès 1967 à transférer la faculté de lettres de la place Hoche - où elle était depuis 1909 - vers le campus de Villejean à l'ouest de Rennes. De la même façon la faculté des sciences émigrait à la même date sur le campus de Beaulieu à l'est de Rennes. Des changements qui préfiguraient déjà l'évolution future de l'Université de Rennes.

Frédéric Martin

Transcription

François Foucart

Ici le grand amphithéâtre de la faculté de droit à Rennes où se déroule la rentrée solennelle de l'université. On pourrait dire sans doute que la rentrée solennelle prend chaque année une importance nouvelle. En effet, cette rentrée concerne maintenant des milliers et des milliers d'étudiants de notre région, environ 18 000 cette année pour Rennes et Brest, et 37 000 dit-on en 1972. En présence de très nombreuses personnalités, des professeurs de différentes disciplines en robes multicolores, c'est bien sûr monsieur le recteur Le Moal qui préside la cérémonie. A ses côtés, monsieur Habib-Deloncle, le secrétaire d'Etat à l'éducation nationale. On note aussi la présence de monsieur l'ambassadeur de Côte d'Ivoire, et du ministre de l'éducation nationale de ce pays. Rentrée sous le signe de l'amitié qui lie l'université bretonne à celle d'Abidjan, sous le signe de l'UNESCO, organisme culturel international dont on fête le vingtième anniversaire. Et c'est monsieur Milon, directeur de l'institut de géologie, qui devait prononcer le discours d'usage, discours consacré notamment, au moment où la France vient d'avoir un Prix Nobel, à la recherche.

(Musique)

Monsieur Milon

La soif de connaître nous rend avide de trouver, de découvrir, de chercher. Voilà en quoi consiste la science, le savoir, la connaissance. Voilà quelle est la véritable origine de tout effort de l'esprit de l'homme. Nous essayons de découvrir tout ce que nous pouvons au sujet de l'environnement temporel et spatial dans lequel notre naissance nous a situés. Quelles que soient les opinions philosophiques ou religieuses de chacun, nous pouvons considérer que la vie n'est pas un but, la vie est un chemin, une aventure. Pour faire ce chemin, il nous faut, comme pour une longue excursion, la force, la gaieté, le courage. Je voudrais dire aux jeunes qui font leur premier pas sur cette route, si vous savez vous enrichir ainsi tout le long du chemin, si vous croisez et suivez celui de l'aventure de la science, si vous restez ardents, curieux et lucides jusqu'à l'extrême bout de ce chemin, alors pour vous, la vie sera une partie gagnée.

(Silence)

Michel Habib-Deloncle

Je n'ai garde d'oublier que sinon dans ces lieux mêmes, du moins à proximité, vous avez fêté, monsieur le Recteur, voici déjà cinq ans, le 500ème anniversaire de la vénérable université de Rennes.