Diellou amerikan [Un film américain]

Goude diviz Alamagn da fonnusaat ar brezel dindan vor a-enep listri-karg ar broioù neptu o pourveziñ Frañs hag ar Rouantelezh-Unanet e voe divizet kerkent, gant ar prezidant Wilson ha Stadoù-Unanet Amerika, emellout er brezel european da vat d’ar 6 a viz Ebrel 1917, dreist-holl goude taol itrik Mec’hiko oc’h ober emglev gant Alamagn.

Breizh, un talbenn brezel mor

Buan-tre e oa bet savet an American Expeditionary Forces (AEF) dindan urzhioù ar jeneral Pershing. Ar c’hentañ rann-arme troadeien a voe dilestret e Sant-Nazer, o vodañ 15 740 soudard eus an arme reoliek. E Mouster-al-Loc’h, nepell eus ar porzh-se, e voe savet ur c’hamp gouest da reiñ bod da 60 000 soudard. E-kichen Brest e voe savet ivez Kamp Pontanezen evit degemer betek 75 000 soudard. Ur gwir gêr nevez e oa gant ruioù ha tiez e koad evit lojañ, magañ, pareañ ha gourdoniñ ar wazed a-raok ma’z afent d’an talbenn, ur prizon… Embannet ez eus bet ur gazetenn, Pontanezen Duckboard hec’h anv. Evit pep den degaset e voe diskarget war-dro un donenn dafar a bep seurt : danvez evit sevel ar c’hampoù, ar c’haeoù dilestrañ, kefluskerioù, kirri-tan Ford T ha Cadillac.
Estreget ar bonioù dour-nijerezioù gall e voe savet o re gant an Amerikaned : en Enez-Tudi e-tal Pont-’n-Abad ha lenn-vor Enez-Terc’h e-tal Lilia. Ar c’hirri-nij-se a voe gouestlet da furchal ar mor da glask war-lerc’h listri-spluj alaman, an U-boot, a-benn klask distrujañ anezho pe gelaouiñ al listri brezel hobregonet mignon o verdeiñ a dro-war-dro. Dont a ra neuze Breizh da vezañ unan eus an tachennoù strategel pennañ, un talbenn brezel mor.
En holl e voe 200 000 Sammies (lesanv soudarded ar Stadoù-Unanet) o tilestrañ e bro Naoned ha Sant-Nazer etre dibenn 1917 hag 1918. Hogen 804 000 anezho a dremene dre Bontanezen e-keit-se. An hanter eus an daou vilion a soudarded amerikan a voe paseet dre Vreizh. Kampoù bras embregiñ a oa bet savet e Koetkidan hag e Meukon (e-kichen Gwened), chantieroù diskar koad (forest Kamorzh)…

Daou ved oc’h eskemm kenetrezo

Paeet mat e oa ar Sammies. Estreget degas ganto a bep seurt danvez iskis evel ar chewing-gum pe chokolad e prenent kalz marc’hadourezh er vro ivez : dilhad, boued, legumaj, sivi Plougastell, hag… alkool. Gant prefed Penn-ar-Bed e voe kemennet groñs skritellañ an titouroù hag ar prizioù eus an danvezioù boutin e saozneg hag e galleg.
E-pad un nebeud mizioù e oa deuet Pontanezen da vezañ kêr vrasañ ar vro ! Degaset a rae mibien Uncle Sam boazioù nevez, dañsoù ha dreist-holl modoù sonerezh nevez : ar jazz da skouer. Evel-se eo bet Breizh unan eus an dorioù pennañ evit degemer sevenadur modern ar bed nevez en Europa. Met an eskemmoù a chome berrbad : un toulladig devezhioù ehan a-raok bezañ kaset d’an talbenn, chom da gousket un nebeud nozvezhioù a-raok bezañ ambarket en-dro war hent an distro, chom da ziskuizhañ a-raok bezañ pareet… Mare an distro e 1919 a voe an hini birvidikañ, ha moarvat an hini skuizhusañ evit polis an arme amerikan. Un dae e voe lakaat evezh war kement a dud, deuet didrabas o spered ha mall warno tañva banneoù gwin pe Cognac a-raok distreiñ da vro ar prohibition.

TES – Ti-embann ar skolioù – www.tes.bzh

Levr

Éric Rondel, Brest, le port de la Première Guerre mondiale, Astoure Édition, 2012.


Version française

Après la décision de l’Allemagne de multiplier les attaques sous-marines contre les navires marchands des pays neutres qui approvisionnent la France et le Royaume-Uni, le président Wilson et les USA décident aussitôt, le 6 avril 1917, de prendre part à la guerre en Europe, surtout après le coup de force du Mexique qui s’allie à l’Allemagne.

La Bretagne, un front de guerre maritime

Rapidement, les American Expeditionary Forces (AEF) sont créées sur ordre du général Pershing. La 1ère division d’infanterie mécanisée débarque à Saint-Nazaire, regroupant 15 740 soldats de l’armée régulière. Non loin de là, au Moustoir, est construit un camp capable d’héberger 60 000 soldats. Près de Brest, on construisit aussi le camp de Pontanézen pouvant accueillir 75 000 soldats, une véritable ville sortie de terre, avec ses rues et ses maisons en bois pour loger, nourrir, soigner et entrainer les hommes avant de partir au front, une prison… Une revue, Pontanezen Duckboard, est même éditée. Pour chaque soldat présent, on débarque environ une tonne de matériel de toute sorte : matériaux pour construire les camps et les quais de débarquement, moteurs, automobiles Ford T et Cadillac...
En plus des bases d’hydravions françaises, les Américains installent leurs propres bases : sur l’île Tudi en face de Pont-l’Abbé et à Enez-Terc’h en face de Lilia-Plouguerneau. Ces avions sont capables de sonder la mer à la recherche de sous-marins allemands, les U-Boote, pour les détruire ou pour renseigner les cuirassés alliés en patrouille aux alentours. La Bretagne devient un point stratégique important, un front de guerre maritime.
En tout, ce sont 200 000 Sammies (le surnom des soldats américains) qui débarquent à Nantes et Saint-Nazaire entre fin 1917 et 1918. Dans le même temps, ce sont 804 000 hommes qui transitent par Pontanézen. La moitié des deux millions de soldats américains transitent donc par la Bretagne. De grands camps d’entrainement sont construits à Coëtquidan et à Meucon (près de Vannes), ainsi que des chantiers de déboisement (la forêt de Camors)…

Deux mondes en contact

Les Sammies sont bien payés. Ils apportent des produits nouveaux, comme le chewing-gum ou le chocolat, mais ils achètent aussi beaucoup de produits locaux : vêtements, nourriture, légumes, fraises de Plougastel, et… de l’alcool. Le préfet du Finistère recommande expressément d’afficher les noms et le prix des principaux produits en anglais et en français.
Pontanézen devient pendant quelques mois la plus grande ville de la région. Les enfants d’Uncle Sam apportent de nouvelles habitudes, de nouvelles danses et surtout une nouvelle musique, le jazz. C’est ainsi que la Bretagne devient une des principales portes d'entrée en Europe de la culture moderne venant du nouveau monde. Mais les échanges ne durent pas : quelques journées de permission avant de repartir au front, quelques nuits de sommeil avant de rembarquer vers l'Amérique, quelques jours de convalescence avant la guérison… La période du retour en 1919 est la plus intense et certainement la plus fatigante pour la police militaire américaine. C'est un défi d'encadrer un si grand nombre de soldats à l'esprit insouciant, désireux de profiter du vin ou du cognac avant de retrouver le pays de la prohibition.

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Bibliographie

Éric Rondel, Brest, le port de la Première Guerre mondiale, Astoure Édition, 2012.