L’inexorable déclin du patois roman dans le Sundgau
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Le patois roman témoigne de la diversité linguistique du territoire alsacien résultante de la diversité et de la complexité de son peuplement depuis la préhistoire. Tout comme pour les dialectes alsaciens, le nombre de ses locuteurs décline au fil des années et il n’est pratiqué plus que par une minorité vieillissante.
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Date de publication du document :
26 mars 2025
Date de diffusion :
01 juil. 2002
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Contexte historique
ParProfesseure certifiée d'histoire-géographie au Lycée Marc Bloch de Bischheim
La langue française cohabite en Alsace avec des langues régionales, aussi appelées dialectes, et des patois : les parlers romans (ou welches) des fonds des vallées vosgiennes et du Sundgau. Jusqu’au XIXᵉ siècle, les patois étaient nombreux et vivants sur l’ensemble du territoire français, mais ils ont décliné sous l’effet de l’unification linguistique engagée par l’État français dès le Moyen Âge. Tous sont des systèmes de signes et de règles de combinaison de ces signes, mais un seul est parvenu à s’ériger en langue nationale officielle : le français. Ce qui différencie la langue du dialecte ou du patois, pour sa part essentiellement oral et utilisé dans des espaces réduits, est le degré de reconnaissance officielle de leur statut, décrété par l'État ou une autre forme de pouvoir dominant, comme l’Église, par exemple. C’est lorsque le dialecte devient un instrument de gouvernement qu’il devient une langue, au sein d’un pays dans lequel s’est installé un pouvoir politique donné. Cette complexité et ce pluralisme linguistique sont accrus dans l’espace du Rhin supérieur en raison des vagues migratoires successives qui y ont déferlé, parvenant plus ou moins bien à s’implanter.
Peuplée de Celtes depuis le IXᵉ siècle avant J.-C., l’Alsace fut progressivement conquise par les Romains à partir de la fin du Ier siècle avant J.-C. et intégrée aux structures politiques de l’Empire. C’est ainsi que le latin s’y imposa progressivement comme langue officielle, de par son rôle essentiel dans la vie politique, administrative et culturelle. Le celte resta cependant la langue du peuple jusqu’au IVᵉ siècle après J.-C. Il fut ensuite rapidement supplanté par les langues des Alamans et des Francs, peuples germaniques qui s’implantèrent massivement dans la région, contribuant au déclin et à la chute de l’Empire romain d’Occident (476). L’organisation politique, administrative et sociale de l’espace alsacien fut profondément restructurée avec les Alamans. La conséquence immédiate de cette présence et de cette réorganisation fut également linguistique, avec la disparition du latin de la vie publique. Celui-ci s’est cependant maintenu le long de la frontière avec l’ancien empire romain sous la forme des patois romans, lointains témoins du latin vulgaire qui était parlé à la fin de l’Empire romain dans ces espaces ou à proximité. Contrairement au français, au castillan ou au portugais, qui s’imposèrent à partir du XVᵉ siècle comme des langues romanes, leur influence est demeurée locale. Les différents parlers romans (ou welche, terme d’origine germanique signifiant « celui qui ne parle pas allemand ») se sont ainsi maintenus jusqu’à nos jours dans leur diversité spatiale, tant dans l’extrême sud de l’Alsace que dans les vallées vosgiennes (haute vallée de Munster, vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, fond de la vallée de la Bruche, etc.). Les progrès de la scolarisation et le développement des médias modernes comme la radio puis la télévision, mais aussi la volonté affichée du pouvoir central de limiter les langues régionales et les patois, expliquent l’extension du français à leur détriment.
Éclairage média
ParProfesseure certifiée d'histoire-géographie au Lycée Marc Bloch de Bischheim
Rund Um est un magazine quotidien en langue régionale proposé en Alsace par la chaîne de télévision France 3. Chaque jour, il propose un nouveau reportage permettant de découvrir la richesse du patrimoine alsacien tout en donnant à entendre la diversité des accents à travers la région. Ces reportages courts visent à dépeindre les sujets abordés en les valorisant, tout en donnant largement la parole aux acteurs.
Le reportage commence par des images des collines du Sundgau, où l’élevage traditionnel perdure. Ce paysage rustique et immémorial permet d’introduire le sujet : le patois roman, lui-même présenté comme immémorial par René Pierre. Ce dernier, décédé en 2017, appartenait à l’une des dernières générations de Sundgauviens cultivant encore le patois roman, stimulés par leurs voisins du Jura suisse et du Territoire de Belfort, où ce dernier reste vivant. Le terme de langue pour le qualifier est discutable, mais il illustre l’engagement et l’attachement de ses locuteurs à sa survie.
Le patois roman est ainsi devenu l’expression de la nostalgie, à l’occasion de rencontres où l’on chante, récite des poèmes, des contes, des légendes et des histoires. Essentiellement oral, comme la plupart des patois, il a fait l’objet de nombreux efforts pour assurer sa transcription, permettant ainsi sa transmission et sa sauvegarde pour les générations futures.
Les reporters portent la parole de ces derniers patoisants, sans chercher à la compléter ou à la discuter. L’objectif n’est pas de proposer une présentation objective du patois roman ni de développer une problématique, mais plutôt d'apporter un éclairage complémentaire sur la diversité linguistique de la région et le devenir de ce plurilinguisme.
Transcription
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