Plan social chez Goodyear à Amiens

21 novembre 1996
01m 47s
Réf. 00214

Notice

Résumé :

Blocage entre syndicats et direction chez Goodyear, après le CCE, et la confirmation du plan social qui prévoit 67 suppressions d'emplois dans l'unité d'Amiens. - Stanislas Kozimor, représentant CCE CGT, annonce la baisse des exportations des pneus fabriqués à Amiens. Christian Poveda, représentant CCE FO, estime que la suite dépend de la mobilisation des gens.

Date de diffusion :
21 novembre 1996
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Éclairage

Le fabricant de pneus américain Goodyear – société fondée en 1898 – s'implante à Amiens en 1960 sur la zone industrielle nord (créée en 1954), en face de l'usine Dunlop, un autre leader mondial du pneu. C'est l'époque de la décentralisation industrielle. Un autre grand équipementier automobile, Férodo – une usine d'embrayages devenu Valéo – est aussi présente à Amiens. Amiens, historiquement réputée pour son industrie textile, se proclame ville du pneu et du caoutchouc. Les publicités vantent par exemple les propriétés des nouveaux pneus agricoles Goodyear Torque Grip, fabriqués à Amiens, dans un contexte de modernisation de l'agriculture .

Ces trois entreprises sont les plus importantes de la zone. L'extension du site Goodyear s'accompagne rapidement d'une hausse des effectifs, dans un contexte d'exode rural et de l'arrivée sur le marché de travailleurs issus du baby boom : Goodyear Amiens compte plus de 500 salariés en 1962 et 1 030 en 1967. Dans le même temps, la syndicalisation des ouvriers s'organise et la CGT devient le syndicat majoritaire. Le jeune ouvrier communiste Maxime Gremetz contribue alors activement à l'implantation du syndicat CGT dans les entreprises de la zone industrielle. Quelques conflits sociaux ont lieu dans les années 1960, avant l'explosion de Mai 1968. Les conflits entre le syndicat majoritaire et la direction, qui ont toujours été frontales, remontent au milieu des années 1990, avec l'annonce de premiers plans sociaux, puis se sont intensifiés à partir de 2007.

Julien Cahon

Transcription

Présentateur
Goodyear, c’est le blocage total entre les syndicats et la direction après un comité central d’entreprise à Rueil Malmaison, en région parisienne. La direction maintient son plan social sur le site d’Amiens. 67 suppressions d’emploi sont annoncées. Hélène Vergne, Jean-Paul Delance.
Vergne§Hélène
Goodyear, une entreprise prospère en Europe et en France. Une entreprise qui investit en Pologne, en Europe de l’Est et qui compterait 77 millions de bénéfices pour l’année. Et pourtant, les 1690 salariés du site d’Amiens font la grimace car si depuis janvier 96, 150 embauches ont eu lieu, aujourd'hui, 67 suppressions de poste sont prévues. A l’atelier de rechapage d’Amiens qui compte 7 salariés, toute activité a d’ores et déjà cessé. Les syndicats dénoncent une politique jugée imprudente.
Kozimor§Stanislas
La principale raison qui peut nous faire craindre dans l’usine d’Amiens, c’est que l'expert nous annoncer que le budget à l'export, c’est à dire que les pneus fabriqués à Amiens et qui vont dans une usine soeur, va être en diminution en 97. Ce qui veut dire que ces pneus-là sont fabriqués ailleurs, qu’ils ne sont plus fabriqués à Amiens, d’où la crainte d’une délocalisation. C’est une politique de court terme. Suppression de personnel. Et tant qu’il y aura des bénéfices à Amiens, le site va subsister mais combien de temps ?
Vergne§Hélène
Jusqu'où êtes-vous prêt à aller, vous ?
Poveda§Christian
Eh bien, où on peut aller. Toute dépend de la mobilisation des gens. Mais bon, c’est vrai que nous, on est contre ce plan social du fait qu’il n’y a aucun élément économique pour l’établir.
Vergne§Hélène
Pour l’heure, la direction se refuse à tout commentaire et reste vague quant aux éventuels transferts ou départs en préretraite. Une seule chose est sûre : le site d’Amiens coûte cher, trop cher, au-delà de services quotidiens peu à peu supprimés. C’est le cas du ramassage par bus dès janvier prochain. C’est bel et bien le site entier qui, à terme, serait menacé.