Visite de Lionel Jospin sur le front des inondations

09 avril 2001
02m 03s
Réf. 00216

Notice

Résumé :

La situation est loin de s'améliorer sur le front des inondations. Plus de 600 personnes ont déjà été évacuées de chez elles. Reportage à Abbeville où Lionel Jospin s'est rendu pour constater l'étendue des dégâts. Il est allé dans le "quartier des planches" où des riverains en colère l'ont interpellé. Il a répondu sur la question de l'eau qui aurait été détournée de Paris vers la Somme. Le Premier ministre a essayé d'expliquer et de répondre. Après son départ, une habitante crie son désespoir.

Date de diffusion :
09 avril 2001
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

De mars à mai 2001, la vallée de la Somme a été touchée par des inondations d'une ampleur exceptionnelle. Le phénomène débute de façon sporadique à la fin du mois de février mais est habituel à cette période. Dès la fin du mois de mars, le niveau des eaux commence sérieusement progresser : l'Ancre, l'Avre, la Noye débordent, 60 habitations sont touchées dans les communes traversées par la Somme et trois d'entre-elles (Boves, Gorenflos, Fontaine-sur-Somme) sont évacuées. Le 3 avril, les hortillonnages d'Amiens sont submergés, plus de 1 000 maisons sont touchées et des villages entiers sont évacués entre Abbeville et Amiens.

Le 9 avril, le Premier Ministre Lionel Jospin, en visite à Abbeville, est chahuté et conspué par des habitants en détresse, fatigués, énervés, laissés sans explications claires sur les causes de cette crue (considérée comme centennale), à la recherche d'explications et surtout travaillés par la "rumeur d'Abbeville", dont l'évocation par les médias a suffi à lui donner corps. Ces inondations sont en effet perçues par un nombre grandissant d'habitants comme un complot préparé à Paris qui aurait détourné les eaux de la Seine dans la Somme via le Canal du Nord afin d'éviter une inondation dans la capitale, qui reçoit, du 25 au 30 mars, une délégation du Comité international olympique, venue évaluer la candidature de la ville aux JO de 2008.

La décrue commence fin avril. Les dégâts matériels sont considérables : près de 3000 sinistrés, dont 1300 ont dû être évacués, 1500 habitations endommagées, 2000 caves inondées, plus de 165 communes concernées et 200 entreprises touchées.

Julien Cahon

Transcription

Maillard§Frédérique
Madame, monsieur, bonjour. La colère et le désarroi des sinistrés. Lionel Jospin en déplacement, hier, dans la Somme a été fraîchement accueilli par les habitants d’Abbeville. Sa visite a même été écourtée. Le Premier ministre ne s’est pas rendu, comme prévu, à Fontaine-sur-Somme, la commune la plus touchée du département. Première aide d’urgence, une enveloppe de 600 000 francs a été débloquée. Frank Petit, Mustapha Nezzari.
Petit§Frank
Surprise. A peine rentré du Brésil, Lionel Jospin part à la rencontre des Abbevillois. Il est accueilli par le maire de la petite sous-préfecture de la Somme.
Jospin§Lionel
Tous les moyens, je crois, qui sont nécessaires ont été mis. On peut en mettre plus si c’était nécessaire.
Petit§Frank
Direction le faubourg des planches, l’un des quartiers les plus touchés par les crues. Le Premier ministre annonce le déblocage de 600 000 francs pour des aides individuelles ainsi que la mise en place d’une mission du ministère de l’environnement et de l’équipement pour étudier le phénomène des crues sur la Somme. Soudain, Lionel Jospin est interpellé par les Abbevillois. La Somme serait inondée pour épargner des crues dans la région parisienne.
Jospin§Lionel
Vous pouvez imaginer que quelqu’un décide, à Paris, je ne sais pas quoi, d’aller noyer la Somme. Ça n’a pas de sens. Donc ne croyez pas à ça. Comment est-ce que l'on bouche ? Il n’y a pas de robinets qui sont établis entre le bassin de la Seine et le bassin de la Somme. Ça n’a pas de rapport.
Petit§Frank
Le premier ministre continue malgré tout sa visite guidé par les habitants en colère.
Habitante
J’habite ici depuis ma naissance. Je sais les conditions atmosphériques. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il y a des gens qui ont 80 ans. Ils n’ont jamais vu ça.
Jospin§Lionel
Oui, mais c’est ça le propre des phénomènes exceptionnels. Quand on a eu des tempêtes en décembre 99, on a eu des millions d’arbres par terre, on n’avait jamais vu ça.
Petit§Frank
Lionel Jospin repart. Les Abbevillois, eux, restent.
Habitante
Vous ne vous rendez pas compte. C’est 20 ans de notre vie, nous, là, qu’on vient de perdre et qu’on va perdre. 15 jours qu’on ne dort pas et qu’on ne mange pas et on voit tout notre labeur de 20 ans partir comme ça. Mais vous vous en fichez.
Petit§Frank
Visite courageuse et risquée pour le chef du gouvernement qui a réaffirmé que l’état de catastrophe naturelle serait, quoi qu’il en soit, déclarée.