Les 35 ans de l'université de Picardie

27 mars 1969
03m 46s
Réf. 00219

Notice

Résumé :

Créée officiellement en 1969, l'université Picardie Jules Verne a 35 ans. Rappel historique dans lequel on voit comment Robert Mallet, recteur de l'Académie, a pris la décision de la construction au sud d'Amiens sur un emplacement où il pensait voir se développer une ville. 35 ans après, retour sur le Campus : Gilles Demailly, président souligne les avantages de l'Université d'Amiens par rapport à la Région parisienne. Rencontre avec Michel Fréville, qui fut étudiant ici avant d'enseigner aujourd'hui. Exemple d'un site délocalisé : Beauvais, une proximité nécessaire pour des étudiants peu mobiles. Patricia Weirauch-Mahieux, directrice de l'IUT souligne qu'il y a beaucoup plus de boursiers qu'ailleurs. Et puis exemple d'un chercheur, Jean-Marie Tarascon, qui est venu après 15 ans passés aux USA.

Type de média :
Date de diffusion :
05 avril 2004
Date d'événement :
27 mars 1969
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Éclairage

A partir de 1964, Amiens est le siège d'une académie, situation que la ville picarde avait connu de 1808 – naissance de l'Université impériale – au milieu du XIXe siècle. Une École de Santé continue cependant à fonctionner. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, sont créées l'École de droit (1941), l'École de commerce et l'École du notariat (1942). Il est alors difficile pour les étudiants de se rendre à Lille, en zone interdite. C'est en 1958 qu'Amiens renoue avec une véritable tradition universitaire : un Collège scientifique et une École supérieure de lettres sont créés mais le Centre universitaire d'Amiens reste rattaché à Lille. En 1964, les limites de la jeune académie sont calquées sur celles de la circonscription d'action régionale picarde. Dans un contexte encore empreint des événements de Mai 68, la loi d'orientation de l'enseignement supérieur du 12 novembre 1968 – dite loi Edgar Faure, Ministre de l'éducation nationale – crée les universités nouvelles – autonomes – et remplace les facultés par des Unités d'enseignement et de recherche (UER) – devenue UFR (Unités de formation et de recherche) en 1984 – administrées par des instances paritaires élues. Un arrêté ministériel du 27 mars 1969 crée l'université de Picardie, dont le siège est à Amiens, des antennes étant progressivement implantées dans l'Oise (Beauvais, Creil) et dans l'Aisne (Laon, Soissons, Saint-Quentin). Le premier président de l'université, Dominique Taddéi, est élu en 1971. A la même date, Max Arniaud en devient le secrétaire général. Économiste, Dominique Taddéi était doyen de la faculté de droit d'Amiens, poste auquel il a succédé à Jean-Pierre Cot en 1969. A la même date et avec l'appui de ce dernier, il devint premier secrétaire de la fédération socialiste de la Somme, évinçant Max Lejeune.

Aussi, au début des années 1970, les facultés de Lettres et Droit s'installent sur le Campus, au sud d'Amiens, dont les terrains ont été acquis à l'initiative du Recteur Robert Mallet en 1966. Cette situation excentrée privant la ville du dynamisme que peuvent lui apporter les étudiants, Gilles de Robien, maire d'Amiens de 1989 à 2002, engage un processus de retour de l'université en centre-ville, où n'étaient restées que les facultés de médecine et de pharmacie (pôle Santé Saint-Charles). Les pôles Saint-Leu (Sciences) et Cathédrale (Droit-Économie) voient ainsi le jour dans le cadre du plan Université 2000, dont les opérations sont en partie financées par les contrats de plan État-Région. Depuis 1991, l'université de Picardie s'appelle université de Picardie Jules Verne (UPJV). Le transfert des facultés restées sur le Campus vers la Citadelle (friche militaire de 18 hectares rachetée par la ville en 1999), est une nouvelle étape dans l'implantation des étudiants en centre-ville, prévue en deux phases, à partir de 2015. Ce projet a été initié par la municipalité élue en 2008, conduite par le socialiste Gilles Demailly, ancien président de l'UPJV (2001-2006).

Julien Cahon

Transcription

Thierry Bonté
L’université Picarde Jules Verne a maintenant 35 ans. Créé officiellement en 1969, l’établissement avait été prévu à l’origine pour permettre l’extension d’Amiens vers le quartier sud de la ville. Devant l’échec de cette stratégie, l’université est revenue en partie dans le centre de la capitale régionale tout en implantant de nombreuses antennes un peu partout dans la région. C’est donc une université en pleine mutation dont Marie Roussel nous conte l’histoire dans le dossier consacré, ce soir, à l’université de Picardie.
Roussel§Marie
Où construire l’université ? Lorsqu'il se posa cette question, en 1964, le premier recteur, Robert Mallet, eu l’idée originale de grimper au sommet de la tour Péret pour observer Amiens et ses environs. C’est alors que la décision s’imposât : il fallait bâtir le campus au sud de l’agglomération.
Mallet§Robert
Nous avons voulu réaliser à Amiens ce qui est jusqu'à présent encore unique en France : une université incorporée à la ville comme l’université doit faire corps avec la nation.
Roussel§Marie
Et c’est ainsi que le campus commença à sortir de terre accompagné de logements pour 1800 étudiants, d’un resto U de 700 places et d’une salle de sport.
Mallet§Robert
Sur cet emplacement où se trouvent des vaches se trouveront des étudiants et même une ville très très animée où il n’y aura pas que des étudiants car nous voulons que les étudiants soient mêlés à la population active et inversement.
Roussel§Marie
35 ans plus tard, les vaches ont effectivement disparu et le campus s’est bien développé. 21 300 étudiants répartis sur différents sites. Plus d’un millier de professeurs et un budget annuel supérieur à 100 millions d’euros. A 130 km de Paris, l’université de Picardie estime avoir sa carte à jouer.
Amélie
Moi, je préfère Amiens parce qu’en TD, on n’est qu’une petite quinzaine et on a su que sur Paris, et tout, c’était carrément plus peuplé, les cours. Pour être plus tranquille.
Demailly§Gilles
Faire des études en région parisienne, ça coûte cher. Développer des locaux de recherche, ça coûte cher au point de vue immobilier, au point de vue coût de la vie. Donc je crois que c’est une chance d’être, en fait, à proximité de Paris pour les problèmes de relation et de sûreté parisienne. Mais c’est aussi un atout d’être en-dehors de ces problèmes d’immobilier, du coût de la vie.
Roussel§Marie
Michel Fréville faisait partie des toutes premières promos à la fin des années 60. D’étudiant, il est devenu assistant puis maître de conférences. Il se souvient de l’époque où c’est lui qui était sur les bancs de l’amphi.
Fréville§Michel
Les restos U, ils étaient moins nombreux. Donc dans le resto U, à l’époque, vous aviez des gens de Sub de Caux, vous aviez des gens de Médecine, Pharmacie, Sciences et Littéraires, etc. Alors, parfois, il y avait des petits conflits mais, bon, souvent, il y avait Sub de Caux qui en prenait plein la tête avec les plateaux ou les vols de soupe à l’époque, quoi.
Roussel§Marie
Mais l’université de Picardie, ce n’est pas seulement Amiens. Elle est aussi délocalisée dans 5 autres villes de la région comme ici à Beauvais. Une proximité nécessaire pour des étudiants picards réputés peu mobiles.
Weirauch-Mahieux§Patricia
Nous avons beaucoup de boursiers. Nous avons environ 50 % des étudiants qui sont boursiers. C’est bien au-dessus de la moyenne nationale. Ce sont des étudiants qui ne souhaitent pas forcément se déplacer soit parce que les parents ne le souhaitent pas ou ne le peuvent pas. Et ce sont des étudiants qui souhaitent bénéficier d’une offre de proximité.
Roussel§Marie
Pourtant, la Picardie attire aussi de bien plus loin. Jean-Marie Tarascon, Bordelais d’origine, a mis fin à 15 ans de recherche aux Etats-Unis pour venir travailler à l’université.
Tarascon§Jean-Marie
On dit,la Picardie est une terre fertile. Mais également fertile au niveau des recherches parce qu’ils faisaient des recherches qui m’intéressaient et sur lesquelles je voyais que je pouvais construire quelque chose de solide et faire un laboratoire avec une vision internationale et ainsi de suite.
Roussel§Marie
Prochaine étape pour cette jeune fac de 35 ans : les diplômes européens dès la prochaine rentrée.