Un village mérovigien reconstitué au musée des Temps Barbares de Marle

09 juin 1992
02m 07s
Réf. 00612

Notice

Résumé :

A Marle dans l'Aisne à côté du musée des Temps Barbares, des archéologues reconstituent un village mérovingien, torchis et toits en chaumes. Alain Nice archéologue souhaite présenter dans un but pédagogique, des variantes de reconstitutions. Ce Yves Daudigny, maire de Marle, souhaite que ce village pédagogique soit aussi un outil de promotion de la commune.

Date de diffusion :
09 juin 1992
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Éclairage

A Goudelancourt-lès-Pierrepont, dans l'Aisne, une nécropole mérovingienne et une ferme mérovingienne (des VI-VIIe siècles) ont été fouillées entre 1981 et 1992 par Alain Nice. La nécropole a livré 458 sépultures creusées dans la craie, réparties en deux noyaux et disposées en rangées plus ou moins parallèles. Seuls trois sarcophages en pierre nous sont parvenus, les autres sépultures étant en cercueil de bois. Malgré les destructions dues aux labours et les pillages, le mobilier découvert est abondant. Quelques stèles portent un décor sculpté (croix, oiseaux, scènes de chasse,...). La céramique, la verrerie, l'armement, les accessoires vestimentaires et les objets de parure sont bien représentés. Localisée à proximité de la nécropole, la ferme occupe un peu plus d'un hectare. Elle regroupe 5 bâtiments à ossature de poteaux de bois protégés par des fossés de drainage, parmi lesquels on distingue une maison d'habitation avec un foyer et 4 bâtiments à vocation économique (étable, grange, atelier...), un puits et 14 cabanes creusées dans le sol, des fours, des foyers et diverses fosses.

Parallèlement aux fouilles archéologiques, très vite, l'idée de créer un musée et de présenter les découvertes au grand public a pris naissance. En juin 1991, le Musée des Temps Barbares, associé à un dépôt de fouilles officiel, est ouvert au public dans un ancien moulin. En parcourant ce musée, réparti sur deux niveaux, le visiteur s'immerge dans l'ambiance de l'époque, le contexte archéologique. Un montage audiovisuel retrace, avec une grande fidélité et force détails, l'historique des fouilles aussi bien du cimetière que de l'habitat. La présentation muséographique associe objets, reconstitutions, maquettes, panneaux explicatifs.

Le musée est associé à un parc archéologique qui abrite la nécropole et la ferme mérovingienne reconstituée d'après les fouilles archéologiques de Goudelancourt-lès-Pierrepont, un village franc reconstitué d'après les fouilles archéologiques de Juvincourt-et-Damary (VIe-VIIIe siècles) menées par Didier Bayard en 1984-1991, un jardin archéologique où sont cultivées les différentes plantes qui servaient à la consommation quotidienne mais aussi pour la médecine et l'habillement à l'époque mérovingienne, un enclos pour animaux et une aire de spectacles utilisée lors des fêtes archéologiques annuelles.

Le site internet du musée : http://www.museedestempsbarbares.fr/

Alain Nice. La nécropole mérovingienne de Goudelancourt-lès-Pierrepont. Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 25, 2008, 506 p.

B. Pichon. Carte archéologique de la Gaule. L'Aisne. 02. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002, p. 266-267.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Thierry Bonté
Proche de Paris et très riche en vestiges, l’Aisne a toujours été un département de prédilection pour les archéologues. A Marle, une équipe de chercheurs est allée jusqu'au bout de son rêve en tentant l’expérience d’une reconstitution en grandeur réelle. Après avoir créé le musée des Temps Barbares, ils construisent maintenant un village de l’époque mérovingienne. Ronan Ponnet, Gérard Payen.
Ronan Ponnet
A Marle, en plein centre-ville, une drôle de tribu est en train de s’installer. Murs en torchis, chaume sur les toits, tout doit être fini avant l’été. Cette drôle de tribu, ce sont les archéologues du musée des Temps Barbares. Spécialisés dans l’époque mérovingienne, ils ont voulu donner un plus. Depuis des années qu’ils fouillent les alentours et particulièrement la nécropole de Goudelancourt, ils ont voulu reconstituer une ferme mérovingienne attenante au musée.
Alain Nice
Un autre souci, c’est aussi un souci pédagogique dans la mesure où ce que nous souhaitons, c’est que… c’est présenter ici une multitude de variantes, une multitude d’hypothèses. Chacune des capas, vous avez pu le voir, est complètement différente l’une de l’autre. Il y a diverses variantes. Tout simplement parce qu’en fait, ce nous souhaitons faire ici, c’est proposer justement des variantes de reconstitution.
Ronan Ponnet
Et oui, l’archéologie ne fait que dégager des hypothèses. Et ce village mérovingien les matérialise. Comme les couvertures, par exemple. Toits en chaume ou tasseaux ou bien mode de gazon. Reste que pour Marle, 2800 habitants, ce musée des Temps Barbares et ce village mérovingien sont des plus indéniables.
Yves Daudigny
Ce que je voudrais en faire, c’est qu’il soit un outil utilisé le plus possible par les enseignants, par leurs élèves, par les classes, et qu’il soit un instrument de promotion de la région et de la commune.
Ronan Ponnet
Reste à espérer que ce village mérovingien dure plus longtemps que les huttes gauloises de chasse, mises, écroulées et abandonnées. Pour cette construction, pas d’argent public en tout cas puisque c’est la fondation nationale du Crédit Agricole qui a tout financé. Après Samara dans la Somme vient historiquement Marle dans l’Aisne. La Picardie, même barbare, se muscle culturellement.