Le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal

22 octobre 1996
02m 11s
Réf. 00006

Notice

Résumé :

Le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal ouvre ses portes après 5 ans de travaux. Implanté sur un site archéologique, le bâtiment sur pilotis présente le résultat des fouilles, et de nombreuses maquettes montrent l'importance des activités liées au fleuve, le Rhône.

Date de diffusion :
22 octobre 1996

Éclairage

Commune du département du Rhône, Saint-Romain-en-Gal (1663 habitants en 2008) est situé sur la rive droite du fleuve, à 30 km au sud de Lyon, face à Vienne (Isère). Au IIIe siècle avant J.-C., Vienne, capitale des Allobroges, est l'une des plus importantes cités de Gaule. Après l'annexion du territoire des Allobroges par Rome en 120 avant J.-C., elle est rattachée à la province de Transalpine (future Narbonnaise), puis acquiert le statut de colonie latine vers 50 avant J.-C. Établie sur l'un des axes de communication majeurs de l'Empire romain, Vienne constitue alors une plaque tournante commerciale où transitent les marchandises destinées aux provinces du nord.

A Saint-Romain-en-Gal, la conservation partielle de vestiges du Palais du Miroir, protégés au titre des Monuments historiques dès 1840 et dont on a établi qu'il s'agissait des thermes de Vienne, ainsi que la découverte de nombreuses mosaïques polychromes à partir du XVIIIe siècle motivent l'organisation de fouilles d'archéologie préventive préalablement à tout lotissement. En 1967, sur le terrain affecté à la construction d'un lycée polyvalent, la mise au jour d'une maison de 3000 m2 datée du IIe siècle après J.-C., nommée « maison des dieux Océan » d'après le décor de la remarquable mosaïque de 110 m2 qui ornait son vestibule, a constitué la première étape de la découverte d'un site exceptionnel. Les fouilles se concentrent alors sur sept hectares ; comme l'indique dans le reportage Hugues Savay-Guerraz qui en assurait alors la responsabilité, elles n'ont encore livré qu'une petite partie du riche gisement archéologique. Elles ont cependant révélé que, occupé du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C., le site constituait un vaste quartier résidentiel et commercial de Vienne bâti de maisons à péristyles, d'entrepôts, de boutiques accompagnées parfois d'un modeste habitat, d'ateliers d'artisans, particulièrement de potiers dont les ateliers et les fours ont été dégagés.

Le Conseil général du Rhône acquiert l'ensemble des terrains en 1970 et s'attelle à leur valorisation : mise en place d'une équipe archéologique départementale permanente chargée des fouilles et de l'étude des matériaux recueillis ainsi que création d'un atelier de restauration de mosaïques en 1981, demande de classement du site au titre des monuments historiques prononcé par arrêté du 22 mars 1983, et enfin construction d'un musée. Au terme d'un concours, la conception de ce dernier est confiée en 1988 à l'Atelier d'architecture Chaix & Morel et associés, architectes entre autres des Zénith et de l'École nationale des ponts et chaussées. Au bord du Rhône, dans le prolongement du pont qui relie Vienne et Saint-Romain-en-Gal - en référence à l'unité des deux rives à l'époque romaine -, ils créent pour la salle d'exposition permanente un vaste bâtiment d'acier et de verre porté par vingt-quatre fins pilotis surplombant les vestiges de la maison du Lion, découverts lors des fouilles d'archéologie préventive préalables à la construction. Il est relié par une passerelle à un second bâtiment perpendiculaire de béton abritant les services aux visiteurs, une salle d'exposition temporaire ainsi que les bureaux de la conservation, le centre de recherche et l'Atelier interdépartemental de restauration de mosaïques et de peintures murales.

Le musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal a été conçu comme un musée de site, voué à la présentation des objets recueillis au cours des fouilles et à la compréhension du quartier romain. Au terme d'une concertation avec la Ville de Vienne, qui elle-même possède deux musées archéologiques depuis le XIXe siècle, chacune des structures développe des contenus spécifiques : à Saint-Romain-en-Gal sont privilégiées les thématiques liées à l'activité économique et au décor de la maison. Le musée s'organise ainsi autour de quatre espaces : l'histoire de la Vienne antique, l'économie et l'artisanat, la mosaïque et la vie quotidienne dans la maison romaine. Le mode de présentation des collections, constituées d'objets ou de fragments d'architecture souvent épars, s'apparente à un défi pour les musées d'archéologie : leur mission est de les rendre intelligibles, or comment donner vie à des objets dont l'environnement a disparu ? Il s'agit d'aller au-delà d'une simple évocation de la culture matérielle et artistique dont ils témoignent et de tenter, en les replaçant dans leur contexte, d'évoquer le cadre urbain, monumental et domestique dans lequel ils trouvaient leur fonction. Les images du reportage de France 3 témoignent du principe retenu à Saint-Romain-en-Gal : il consiste à multiplier les maquettes et reconstitutions grandeur nature et, grâce à la transparence du bâtiment, à mettre en miroir les objets et le site archéologique. Conçue par le conservateur en chef François Leyge et l'architecte Philippe Chaix, la scénographie s'attache à marquer la différence de statut entre les reconstitutions et les objets et fragments issus des fouilles, en traitant ces derniers comme autant d'œuvres, disposant les petits objets en vitrine, encastrant les mosaïques dans le parquet et enchâssant les peintures murales sur des cimaises.

Bibliographie :

- André Pelletier, Vienna, Vienne, Lyon, PUL, 2001.

Voir le site du musée.

Florence Charpigny

Transcription

Journaliste
Implanté sur l’immense site archéologique découvert il y a 30 ans et acquis pour 7 hectares par le Conseil général du Rhône, ce grand musée de 14 000 m² est, on le voit, l’aboutissement d’un long projet et de 5 ans de travaux retardés par les aléas de plusieurs entreprises. Une réalisation de 147 millions de francs. Mais pas de tuiles romaines pour abriter les vestiges du passé. Les architectes parisiens ont au contraire apporté des lignes et des matériaux d’aujourd’hui, baies de verre et armatures d’acier dans un but bien évident.
Intervenant 1
Pour faire des édifices qui soient très transparents, très lumineux, et c’était un petit peu le but de poser sur le site, à la fois un grand bâtiment parce que nous avions besoin de places puisque nos collections sont très étendues, et que, en même temps, ce bâtiment soit en rupture complète avec les vestiges du site.
Journaliste
Vestiges qui comme la ville antique, s’étendaient de part et d’autre du fleuve. Les dépôts faits par la Vienne en témoignent et enrichissent les collections du Musée de Saint Romain. Toute la muséographie tient compte de l’importance de ce fleuve nourricier et rassembleur. La visite du spectateur s’organise ainsi avec audio-guidage et bandes ludiques en 4 chapitres, géographique, commercial et artisanal, artistique, avec les fresques et les mosaïques pour lesquelles existe un atelier de restauration. Historique enfin, où l’on découvre la vie quotidienne dans les villas immenses aux technologies de chauffage ou d’égout déjà fort avancées. Car pendant la visite, les travaux continuent mais ici, la reconstruction de luxueuses latrines se fait avec des méthodes bien plus expéditives qu’alors.
Intervenant 2
C’est vrai qu'eux à l’époque, les marbres étaient bien plus épais et ils taillaient sur place.
Journaliste
Quand aux fouilles, elles semblent inépuisables tout autour.
Intervenant 3
Si on tient compte du fait qu’il y a 4 mètres d’accumulation de dépôts archéologiques, en fait on a potentiellement plusieurs siècles de recherches archéologiques pour les années à venir.
Journaliste
Amarré sur les berges du Rhône, ce grand paquebot nous entraîne en fait sur les rives de notre histoire.