Le 8 décembre à Lyon

09 décembre 1996
02m 17s
Réf. 00079

Notice

Résumé :

Lyon fête la Vierge, deux événements font du 8 décembre un moment fort : l'inauguration de la statue au sommet de Fourvière et la cérémonie de l'Immaculée conception. Et c'est en une longue procession que les fidèles rejoignent la Basilique de Fourvière.

Date de diffusion :
09 décembre 1996
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

A en croire l'extrait diffusé sur FR 3 Rhône-Alpes au lendemain du 8 décembre 1996, la fête qui s'est déroulée le soir précédent est une fête essentiellement catholique. La parole est donnée à Mgr Balland, archevêque de Lyon (1995-1998), et les images centrées sur Fourvière et la statue de la Vierge montrent aussi la procession des fidèles montant vers la basilique avec leurs lampions, puis assistant à la messe. Le reportage a donc décidé de mettre l'accent sur la dimension religieuse rappelée chaque année par les médias, mais dont l'histoire reste très floue dans l'esprit de la population. Il est vrai que guides et ouvrages ont souvent contribué à entretenir les confusions.

La tradition s'est construite à partir de 1852 dans le contexte du Second Empire, alors très favorable au catholicisme, et d'un fort développement de la piété mariale. Au départ il est prévu de placer une statue de la Vierge en bronze doré sur la chapelle de Fourvière puisque la basilique n'existe pas encore. On choisit de fixer la cérémonie au 8 septembre, fête de la nativité de la Vierge et commémoration du vœu des échevins. Des retards conduisent à renvoyer la cérémonie au 8 décembre, fête de l'Immaculée-Conception célébrée en France avant que le dogme n'en soit proclamé par le pape en 1854. L'idée de marquer l'événement par des illuminations, selon une tradition ancienne, s'impose mais se heurte à la nature et un violent orage. Le clergé est sur le point de renoncer à toute forme d'illumination quand il découvre que la population a entrepris de placer des lumignons à ses fenêtres, non seulement dans les couvents qui occupent la colline, mais au bas des pentes. Le dimanche 12 suivant l'illumination est répétée, cette fois avec le soutien des pouvoirs publics qui font illuminer les bâtiments officiels.

D'exceptionnelles, les illuminations deviennent régulières dès 1853, favorisées par les autorités civiles et religieuses, elles sont portées par un courant de ferveur croissant après les apparitions de Lourdes où la bergère Bernadette Soubirous dit avoir a vu la Vierge qui s'est présentée comme l'Immaculée Conception.

La guerre de 1870 conduit à suspendre les illuminations et à les remplacer par deux processions, l'une d'hommes et l'autre de femmes. Dès lors la fête religieuse prend sa forme définitive qui associe des illuminations, spontanées ou organisées, et une procession depuis Saint-Jean vers le sommet de la colline, a fortiori après la construction de la basilique (1896). La procession est remise en cause par les luttes religieuse qui culminent en 1903 avec la mort d'un pèlerin. Mais la fête du 8 décembre symbolisée par Fourvière illuminée et surmontée d'une inscription géante « Lyon à Marie » est devenue une sorte de logo pour Lyon, reproduit sur des millions de cartes postales, d'images, de photos, et ne peut être sérieusement contestée.

Paradoxalement la fête religieuse est moins menacée au XXe siècle par l'anticléricalisme que victime de son succès. Celui-ci encourage une exploitation commerciale, en fait une occasion de fête profane autorisant des manifestations de liesse peu religieuses et tolérant quelques excès. La fin du reportage suggère le déplacement de l'intérêt. Depuis 1989 la municipalité (Michel Noir) organise des animations de rue, dont on voit ici quelques images, en collaboration avec des professionnels du spectacle. Les années qui suivent accélèrent la mutation. La fête de l'Immaculée-Conception devient Festival Lyon Lumière (1999) sous la municipalité centriste de Raymond Barre (1999), puis Fête des Lumières en 2002 avec celle de gauche de Gérard Collomb. Si les élus affichent leur désir de respecter l'origine religieuse, le déplacement du centre de gravité se confirme. La fête déborde sur les jours qui précèdent et suivent le 8 décembre, et amène un flot croissant de curieux et de touristes. Et les ambitieux programmes d'illuminations, qui font de plus en plus concurrence aux petits lumignons des fenêtres, sont l'occasion de promouvoir le savoir faire lyonnais en matière d'éclairages publics.

Bibliographie :

- Philippe Dujardin et Pierre-Yves Saunier, Lumières sur le huit décembre, Lyon, La ville de Lyon, 2002.

Claude Prudhomme

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Là-haut, tout là haut, la Vierge dorée regarde les lumières. Elle se dit que décidément, c’est beau une ville la nuit.
(Bruit)
Journaliste
Ce soir, les Lyonnais l’ont décidé, la Vierge sera fêtée. Comme tous les ans depuis son inauguration sur la colline de Fourvière le 8 décembre 1852. Mais on vénère aussi ce soir-là le dogme de l’Immaculée Conception. Dans les églises, la lumière paraît encore un peu plus pure.
(Musique)
Journaliste
Et puis pour mieux saluer l’Innocente, les fidèles montent vers elle, un espoir à la main.
(Musique)
Inconnue
Témoignage de, oui de la Chrétienté, et puis de l’espoir et puis de la lumière dont on a toujours besoin dans un monde qui est assez sombre et un monde de ténèbres.
(Bruit)
Journaliste
La montée est lente au rythme des cloches qui carillonnent dans toute la ville, au sommet de la colline, une autre lumière les attend.
Intervenant
Voici quelques semaines, j’avais fait part au Pape Jean-Paul II de la célébration de ce centenaire et ces jours-ci, il m’a envoyé une lettre.
Journaliste
Une lettre, une prière dans laquelle Jean-Paul II encourage les catholiques à fréquenter Fourvière, ce lieu de paix.
(Musique)
Journaliste
A l’intérieur de la basilique, on rassemble les 5 000 vœux déposés aux pieds de la Vierge ces deux derniers mois. 5 000 prières pour soi, contre le chômage ou la maladie, mais aussi pour les autres, contre la guerre, contre la faim.
(Musique)
Journaliste
Mais la lumière est aussi sur les scènes. Amateurs éclairés ou simples passionnés, eux aussi transmettent leur message d’espérance pour que l’avenir de l’homme ne soit pas sans issue.
(Musique)