La plasturgie à Oyonnax

09 octobre 1995
03m 34s
Réf. 00135

Notice

Résumé :

Le secteur de la plasturgie se porte bien. Dans la Plastics Vallée, le lycée Arbez Carme forme des professionnels. Sa situation géographique en fait un établissement privilégié.

Date de diffusion :
09 octobre 1995
Source :
Lieux :

Éclairage

Dans ce reportage de 1995 sont évoquées les relations entre enseignement, recherche et production dans le district industriel d'Oyonnax qui a fait de la plasturgie sa spécialité, au point que l'on emploie le terme Plastics Vallée pour en parler.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, le bois, et en particulier le buis, était travaillé par les paysans pour en faire des peignes, des tabatières, des boutons... Bientôt, le savoir-faire se porta sur d'autres matières comme la corne, qu'il s'agisse de celles des sabots ou des cornes proprement dite, mais la spécialisation dans la production de peigne se maintint entraînant la croissance d'Oyonnax. L'arrivée de l'électricité et surtout celle du celluloïd vont orienter la production vers le plastique. Marie-Léon Arbez-Carme, originaire de Saint-Claude, ville qui dans le Jura voisin se spécialise dans le même type d'activités, s'installe à Oyonnax après ses études de physique-chimie. Il met son savoir au service de l'industrie naissante du plastique en travaillant sur les colorants capables de donner au celluloïd toutes les teintes de l'ivoire pour la fabrication d'articles de toilette. C'est l'époque aussi où ses savoir-faire sont appliqués à la galalithe, polymère issu du lait, utilisé pour la fabrication de boutons, de bijoux polis, de stylos. Celui qui avait travaillé en collaboration avec plusieurs industriels locaux, pionniers des matières nouvelles, réussit à imiter l'ivoire, l'écaille, le camaïeu (pierre fine divisée en deux couches de même couleur de tons différents).

Lors de la mise en place d'un lycée professionnel et d'une cité technique associant la recherche et le développement avec les industriels locaux autour du plastique, le nom de ce chimiste peu connu en dehors de la région, fut retenu pour devenir celui du lycée. La main d'œuvre est habituée à des travaux de précision et sa formation se fait en lien direct avec les petits industriels de la filière

Le bassin d'Oyonnax doit une grande part de sa prospérité à la transformation des matières plastiques et industries annexes. C'est un savoir-faire unique qui recouvre toute la filière : recherche, conception, outillage, transformation, emballage, exportation et technologies nouvelles. En 1986, le concept de « Plastics Vallée » est introduit dans l'image de marque d'Oyonnax, pour mieux situer la spécialisation d'une industrie que la ville d'Oyonnax fut la première en France à développer et dont le berceau originel s'étend aujourd'hui à 50 km à la ronde.

L'entreprise qui est évoquée sous le nom de Coram, dans le reportage, est en fait la société Gilac (on voit le sigle sur la façade lorsque les élèves arrivent pour la visite). Il s'agit de la première entreprise qui, au tout début des années 1940 s'est engagée dans les presses à injection pour le plastique. Elle va aussi développer des compétences dans le frittage (consolidation de poudres sans fusion) des polymères pour la fabrication d'articles ménagers ou de pièces d'outillage.

Olivier Lacroix choisit les initiales de sa fille Gisèle Lacroix (GILAC), l'un des premiers à se lancer dans la fabrication des cuvettes en plastique, dans les années 1950, au moment même où Roger Vailland fait d'Oyonnax et de l'industrie du plastique le cadre de son roman 325 000 francs.

Racheté par le groupe néerlandais Coram spécialisé dans les objets de salles de bains en plastique, la société est aujourd'hui une des branches du groupe Wirquin et elle a développé des compétences dans le mobilier de jardin. Elle compte une soixantaine de salariés. Elle est assez caractéristique des PME qui constituent le maillage du bassin d'emplois d'Oyonnax qui est le plus industriel de l'Ain. Pourtant, depuis le début des années 2000, la plasturgie ne créée plus d'emploi et les emplois dans ce secteur sont presque aussi nombreux dans la région lyonnaise que dans la Plastics vallée.

Voir le site du lycée Arbez-Carme et celui de la Plastics Vallée.

Jean-Luc Pinol

Transcription

Journaliste
Bonsoir, à partir du 12 octobre Eurexpo Lyon accueille les 33e Olympiades des métiers. C’est l’occasion de découvrir des professions dans ce qu’elles ont de plus valorisant. Ce soir gros plan sur la plasturgie. C’est grâce à la plasturgie que l’on peut concevoir et fabriquer des objets comme ceci, cette petite raclette, cette réglette, ce petit entonnoir ou cette boîte. La plasturgie gros plan et reportage à Oyonnax dans la Plastics Vallée.
(Musique)
Intervenant 1
Il y a des emplois en plasturgie. Et je crois que c’est une bonne chose de pouvoir le dire. Même si pendant la période un peu difficile, de 1990 à 1993, la plasturgie comme tous les secteurs industriels a connu quelques déficits d’emploi. A l’heure actuelle, nous avons plus d’offres d’emploi que nous n'avons de possibilités de les satisfaire. Et ça c’est un élément de très grande motivation pour nos étudiants, ils savent qu’ils auront un métier, une embauche derrière, et des responsabilités à exercer.
Journaliste
850 élèves au cœur de la Plastics Vallée. Le Lycée Arbez Carme forme à la plasturgie du BEP aux études post-BTS. La région Rhône-Alpes, le district urbain d’Oyonnax ont investi massivement dans cet établissement pour que les étudiants disposent de conditions d’enseignement particulièrement favorables. Ici le plastique est roi, de la conception à la fabrication en passant par l’étude des matériaux. Situation concrète, la vie de l’entreprise est totalement recréée. Le Lycée Arbez Carme est en étroite liaison avec les sociétés de plasturgie de la région. Chaque étudiant est emmené à y suivre un certain nombre de stages. Visite chez Coram, la première entreprise de plasturgie installée à Oyonnax, c’était dans les années 40, spécialiste du sanitaire. Coram emploie plus de 200 personnes.
Intervenant 2
On a par exemple chez Coram, une politique de liaison avec l’ensemble des gens qui font de la formation au niveau de la plasturgie. Pour ma part, au niveau de la production on essaie d’avoir une politique de stagiaires assez importante. Tous les ans, je prends 3 stagiaires dans mon service de tous les niveaux, BEP, Bac Pro et BTS. Ce qui permet d’avoir des liens assez forts avec la formation et l’entreprise que nous sommes.
Journaliste
Jérémie [Lotené], responsable de la production chez Coram sait de quoi il parle. Ce jeune cadre très dynamique a suivi ses études au Lycée Arbez Carme où il a décroché un BTS et c’est tout naturellement qu’il a trouvé sa voie dans une entreprise de la Plastics Vallée. 71% des étudiants qui sortent du lycée sont immédiatement employés en contrat à durée indéterminée. Salaire moyen d’un débutant : 8 000 francs net par mois. Des avantages qui font bien sûr le succès de la filière plastique.
Intervenant 3
Avec ces problèmes qu’il y a, je préfère continuer mes études au maximum pour avoir le plus de chances possibles de trouver du boulot.
Journaliste
Toujours dans cette filière ?
Intervenant 3
Toujours dans cette filière, oui.
Journaliste
Qu’est ce qui vous a séduit ?
Intervenante 1
Le fait de fabriquer, de créer des objets de taille, de toutes sortes. Et c’est très très vaste, quoi. On peut faire autant de petites pièces de précision pour les montres, autant des pare-chocs de voitures. Donc c’est vraiment très très varié. Et puis c’est vrai que le plastique, si on regarde autour de nous, on en a absolument partout quoi maintenant.
(Musique)