Lyon au service de l'enfance

28 mai 1943
02m 37s
Réf. 00142

Notice

Résumé :

A l'Institut Mérieux de Lyon, on prépare de la tuberculine pour le dépistage de la tuberculose et du sérum de bovidés afin de lutter contre la sous-alimentation des enfants.

Type de média :
Date de diffusion :
28 mai 1943
Lieux :

Éclairage

Marcel Mérieux, fils de soyeux lyonnais, diplômé de l'Ecole supérieure de chimie industrielle de Lyon travaille quelques années auprès de Pasteur avant de créer, en 1897, l'Institut biologique Mérieux rue Childebert, à côté de l'Hôtel-Dieu de Lyon. Ce sont peut être des bâtiments de l'Hôtel Dieu que l'on aperçoit depuis la fenêtre du laboratoire qui n'est pas nommé. Le nom de Mérieux n'est évoqué que pour l'association philanthropique Mérieux mais il est clair que le laboratoire évoqué au début du film est bien l'Institut Mérieux qui a mis au point le dépistage de la diphtérie, et la fièvre typhoïde. Le laboratoire produit aussi de la tuberculine de Koch utilisée pour la percuti-réaction qui permet de dépister la tuberculose.

En 1943, Charles Mérieux est à la tête de l'entreprise depuis le décès de son père en 1937. Il a été chargé par l'armée de produire du sérum antitétanique mais « le Docteur » fournit aussi clandestinement du sérum à la Résistance. La seconde partie du reportage évoque la production de sérum de bovidés qui permet de lutter contre la sous-alimentation enfantine qui favorise la contamination par le bacille de Koch. L'entreprise s'est rapprochée des abattoirs de Gerland afin de collecter le sang permettant la fabrication du sérum. Cette installation explique que, encore aujourd'hui, de nombreux laboratoires de biochimie soient implantés dans ce quartier du sud de Lyon.

Ce film est produit en 1943 par France Actualités une société mixte franco-allemande qui s'est installée à Paris après l'occupation de la zone sud par les Allemands. De nombreux documents de cette société sont marqués par une propagande pro-nazie assez explicite dès la fin de l'année 1943 mais ce n'est pas le cas ici. Ce document est caractéristique de ce que Jean-Pierre Bertin-Maghit appelle « film d'intérêt national » dont le rôle est de fédérer et d'éduquer. Le souci fédérateur se traduit d'emblée dans la manière de montrer l'agglomération lyonnaise où se succèdent les images de la cathédrale Saint-Jean dans le Vieux-Lyon et les Gratte-Ciel de Villeurbanne qui ont symbolisé la puissance des banlieues ouvrières et peut-être menaçantes au milieu des années 1930. Pourtant dans tous les milieux, dans tous les quartiers de la grande ville, la préservation de la santé des jeunes enfants est une cause et un enjeu qui ne peut être remis en cause. Le reportage enchaîne les images de manière à démontrer cette dimension fédératrice et « le rapport entre la voix off et l'image devient primordial dans l'art de la persuasion ». Ici pas d'ambiguïté, l'adhésion du spectateur est recherchée. Le montage alterne plans d'ensemble et plans rapprochés, il utilise le « fondu enchaîné généralement de plusieurs visages ». Cela est particulièrement patent pendant les scènes sur la percuti-réaction où le visage radieux des petites filles est bien utilisé pour obtenir l'adhésion à une cause qui n'admet pas d'opposition : la santé de l'enfance, c'est l'avenir de la France de demain.

Bibliographie :

- James Charrel, «« Entre pouvoir allemand et pouvoir français ». Les actualités cinématographiques en France », Sociétés et Représentations, 2001, n°12.

- Jean-Pierre Bertin-Maghit, « Encadrer et contrôler le documentaire de propagande sous l'occupation », dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire, juillet-septembre 1999, n°63.

Jean-Luc Pinol

Transcription

(Musique)
Journaliste
L’agglomération lyonnaise avec sa population de 850 000 habitants, a pris depuis longtemps les mesures propres à assurer la santé de ses jeunes enfants.
(Musique)
Journaliste
Voici pour le dépistage de la tuberculose un laboratoire lyonnais qui prépare la tuberculine pour percutiréaction. Les milieux de cultures sont tout d’abord stérilisés à l’autoclave. Ils sont placés ensuite dans des chambres étuves, dont la température est réglée à 37°. Voici l’ensemencement du redoutable bacille de Koch. Il va se développer si rapidement à la surface du bouillon nutritif qu'au bout de 6 semaines, les germes invisibles s’agglomèrent en un voile épais. Après filtration et stérilisation, on vérifie sur cobaye la parfaite innocuité de la tuberculine. Une goutte de tuberculine, une simple friction du doigt, c’est l’inoffensive percutiréaction.
(Musique)
Journaliste
Réaction positive, une éruption caractéristique révèle qu’il y a eu contamination. Mais seule une enquête médicale plus précise montrera s’il y a tuberculose. Réaction négative, ces enfants sont indemnes de tuberculose. L’épreuve devra être répétée les années suivantes pour mettre éventuellement en évidence le premier contact avec le bacille de Koch par la percutiréaction positive, véritable signal d’alarme de la tuberculose. Pour lutter contre la sous-alimentation si favorable à la tuberculose, une œuvre lyonnaise a organisé sur l’initiative du docteur Merieux, la préparation et la distribution gratuite du sérum de bovidé. Sous le contrôle des vétérinaires des abattoirs, 6 litres de sang sont recueillis sur chaque bovin. Le 3 600e vient d’être saigné. Son sang sera transformé en sérum par des centrifugeuses, puis stérilisé partiellement à 56° avant d’être réparti en flacons.
(Musique)
Journaliste
Les 15 000 litres déjà distribués par le comité commun pour l’hygiène de l’enfance ont permis aux enfants lyonnais de récupérer plus de 50 000 kg. Lyon, cité du travail, montre à tous, le chemin qui conduira nos enfants vers la santé.
(Musique)