L'ENS à Lyon

08 novembre 1991
02m 30s
Réf. 00163

Notice

Résumé :

Depuis 1985, l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud a été décentralisée à Lyon. Cette action est le résultat de la politique de décentralisation de cette époque. Son installation a suscité de nombreuses controverses.

Date de diffusion :
08 novembre 1991
Source :
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Lorsque Edith Cresson a été Premier ministre (mai 1991-avril 1992) pendant le second septennat de François Mitterrand, la question de la délocalisation en régions de certaines grandes institutions a provoqué des polémiques assez vives. Dans le cadre des décisions qui ont entraîné la délocalisation de l'Ecole Nationale d'Administration à Strasbourg – la décision a été prise en novembre 1991, quelques jours avant la diffusion du reportage - le journal télévisé de FR3 Rhône Alpes tourne un sujet dont l'objectif est de montrer qu'une grande école peut parfaitement fonctionner à Lyon. L'exemple retenu est celui de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, installée dans le quartier de Gerland depuis 1986.

Le commentaire souligne les nombreuses résistances à cette politique, puisque pour l'ENS de Lyon, la décision a été prise en 1975, à l'époque du gouvernement Chirac sous le septennat de Valery Giscard D'Estaing, mais seulement appliquée onze ans plus tard après que Jean-Pierre Chevènement ministre de l'Education nationale du gouvernement de Laurent Fabius, sous le premier septennat de François Mitterrand, ait décidé de dissoudre les ENS pour désamorcer la fronde qu'avait déclenchées les opérations de déplacement à Lyon. Deux écoles sont créées, celle de Saint-Cloud consacrée aux filières scientifiques et celle de Fontenay-aux-Roses/Saint-Cloud qui se spécialise dans les lettres et les sciences humaines. A partir de 1986, l'Ecole de Saint-Cloud s'installe à Lyon dans les locaux édifiés dans le quartier de Gerland, à proximité de la Halle Tony Garnier. Elle prend le nom d'Ecole normale supérieure de Lyon. Comme le dit, dans le reportage, son premier directeur, le physicien Guy Aubert, seule une minorité du personnel administratif et enseignant de l'Ecole de Saint-Cloud a rejoint le nouveau site lyonnais dans des bâtiments dus aux architectes Philippe Dubois-Brubet et Daniel Barraud

Cette installation participe de la reconversion du quartier de Gerland qui après avoir été un quartier industriel s'oriente de plus en plus vers des fonctions scientifiques amorcées, plusieurs décennies auparavant, par l'installation de la firme Mérieux dans le quartier. Pendant le mandat de Raymond Barre à la mairie de Lyon, l'Ecole normale de Fontenay/Saint-Cloud s'installe à quelques centaines de mètres de l'ENS de Lyon sous le nom d'ENS Lettres et Sciences humaines dans des bâtiments conçus par l'architecte Henri Gaudin. La nouvelle école est inaugurée en 2000.

Le 1er janvier 2010, les deux ENS ont fusionné et le nouvel établissement a pris le nom d'Ecole Normale Supérieure de Lyon.

Jean-Luc Pinol

Transcription

Présentateur
Il n’y a pas de raison pour que tout soit à Paris. Les provinces acquiescent aujourd’hui aux propos d’Edith Cresson, surtout les régions, dont la nôtre fait partie. Ces régions qui profitent des mesures de déconcentration d’organismes publics prise par le Premier Ministre. Le déménagement spectaculaire de l’ENA à Strasbourg fait couler toujours beaucoup d’encre. Pourtant, une grande école en région, cela n’est pas si incongru. L’exemple de l’école normale supérieure qui s’est décentralisée à Lyon il y a 6 ans.
Journaliste
La décision de décentraliser l’école normale supérieure de Saint-Cloud vers Lyon avait été prise en 1975. Mais il aura fallu 11 ans pour que cela devienne une réalité. 11 ans et une petite demi-douzaine de ministres de l’éducation nationale ; tour à tour confrontés à un dossier rendu délicat par la résistance des personnels administratifs et techniques et du lobby de l’association des anciens élèves. Lobby évidemment influent à tous les étages de la République. Et il aura fallu surtout le coup de gueule en 85 de Jean-Pierre Chevènement alors chargé de l’éducation nationale. Il décide de dissoudre les 5 écoles de Normale Sup pour en recréer 4, dont celle de Lyon. Une manière radicale d’en finir avec les états d’âmes.
Guy Aubert
De toute façon, tout avait été réglé avec les représentants des personnels ; pour que les personnes qui ne souhaitaient pas venir à Lyon puissent être redistribuées en surnombre sur les établissements de la région parisienne. Comme toute la campagne qui avait eu lieu pendant ces 10 ans avait conduit à faire que Lyon, ça devenait une espèce d’épouvantail ; ça a été le résultat que vous connaissez, c’est-à-dire une dizaine de personnes qui sont venues.
Journaliste
Dix personnes sur 250, avec un mari directeur de banque, un fils de 10 ans, Odile Coulombel a accepté l’aventure.
Odile Coulombel
C’est une décision qui est dure à prendre pour plusieurs raisons. Bon, déjà, il y a la famille qui est quand même un potentiel important dans une vie, la famille, ça compte. Et le travail aussi, ça compte. Il fallait bien réfléchir en fait. Bon, j’ai eu la chance, pour moi, mon mari m’a dit, tu fais ce que tu veux, si tu as envie de partir sur Lyon, si cela te plaît, tu pars et je te suis. Il n’y a pas de problème. Ça, j’ai quand même cette chance là.
Journaliste
Aujourd’hui, Normale Sup Lyon fonctionne avec un staff technique et administratif de 60 personnes, et Odile ne regrette pas vraiment les bords de Seine. Et si c’était à refaire dans l’autre sens, retourner sur Paris ?
Odile Coulombel
Ah non, non, pas sur Paris. Non, parce que la vie n’est pas la même. Il y a aussi ce côté-là.