Le laboratoire P4

04 mars 1999
02m 08s
Réf. 00214

Notice

Résumé :

Jacques Chirac inaugurera demain, à Lyon, le laboratoire P4 qui va se consacrer à l'étude des virus et des bactéries les plus dangereux. P4 signifie groupe pathogène de niveau 4 (le sida ne relevant que du niveau 3).

Date de diffusion :
04 mars 1999
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
Lieux :

Éclairage

En ce jour d'inauguration du laboratoire P4 Jean-Mérieux à Lyon (P pour agents pathogènes et 4 pour le niveau de sécurité biologique), fallait-il rassurer la population locale des risques éventuels de la présence d'un tel institut de recherche en pleine ville ?

C'est ce que peut donner à penser le sujet du journal télévisé de la mi-journée consacré au premier laboratoire européen de microbiologie chargé d'étudier les virus pour lesquels il n'existe ni vaccin ni traitement : Ebola, Marburg, Lassa... Entre l'interview du directeur technique, Jacques Grange, qui insiste sur les caractéristiques du bâtiment (fenêtres incassables, blindage du bâtiment), les images, souvent en gros plan, de scaphandres, codes confidentiels, portes étanches, sas de décontamination, grilles et un commentaire qui insiste lui lourdement sur les mesures de protection des chercheurs qui seront « triés sur le volet », il s'agit avant tout de souligner les mesures drastiques de sécurité mises en place : le « laboratoire est un bunker », « le plus sophistiqué ».

Il faut dire que ce tout nouveau laboratoire est installé à Gerland, près d'un stade et d'une salle de concert (la halle Tony-Garnier) qui accueillent tout deux beaucoup de public. Sans compter les riverains d'un quartier, déjà voué à la recherche, alors en plein développement.

Le tout premier laboratoire de ce type fut installé à Atlanta aux États-Unis après qu'un incident dans un laboratoire allemand, à Marbourg, ait entraîné la mort de sept chercheurs et la contamination de 31 autres en 1967. Celui de Lyon, financé par Charles Mérieux et sa fondation, est donc inauguré le 5 mars 1999 par le président de la République Jacques Chirac et le maire de Lyon Raymond Barre, en présence d'Anne-Marie Comparini, présidente de la région Rhône-Alpes et de Bernard Kouchner, ministre de la Santé.

Fierté de la France, le P4 de Lyon est appelé à devenir un modèle de sécurité : dalle antisismique, filtration de l'air, différences de pression d'air pour garantir la non-diffusion des éléments pathogènes dans la ville, traitement des déchets, circuit d'eau indépendant... Toutes ces mesures suffiront-elles à convaincre une population qui n'a cessé, depuis l'annonce du projet, de montrer son inquiétude face au projet ?

En 2004, la fondation Mérieux a transféré à l'INSERM la responsabilité du fonctionnement technique.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
C’est demain à Lyon que Jacques Chirac inaugurera un laboratoire de très haute sécurité, qui va se consacrer à l’étude des virus et des bactéries les plus dangereux. Il a été baptisé P4, ce qui signifie Pathogène de niveau 4, sachant que le sida est de niveau 3. Les chercheurs devront donc respecter des règles de sécurité draconiennes et le laboratoire sera placé sous surveillance policière. Visite guidée, Isabelle Pham, Christine Le Hesran.
Journaliste
Laboratoire P4, un laboratoire forteresse. En verre blindé conçu pour résister à tout, attentats ou séismes. Dans cette enceinte, les virus et les bactéries les plus dangereux du monde vont passer entre les mains des chercheurs avec un maximum de précautions.
Jacques Grange
Le chercheur est donc comme dans un set de poupées russes, confiné dans son scaphandre qui lui-même est dans le laboratoire P4, qui est lui-même confiné dans sa boîte.
Journaliste
Des scaphandres fabriqués spécialement. Des sas de sécurité, des douches de décontamination. Ebola ou Lassa, les virus étudiés ici sont les plus mortels mais aussi les moins connus de la planète. L’équipe va travailler sur la mise au point de traitements et de vaccins. Le risque est presque nul, mais il existe avec l’erreur de manipulation, la blessure aussi car les chercheurs travaillent sur des singes.
Jacques Grange
C’est le risque d’une blessure au cours d’une autopsie, d’une prise de sang, c’est le risque d’une griffure. Mais l’animal, normalement on n'étudie les animaux que anesthésiés. Et puis on a tout un protocole qui est rédigé avec les médecins du travail, avec le service de la Croix Rousse, avec le SAMU, et ce protocole qui est un plan de sécurité interne, on va l’exécuter.
Journaliste
Ce laboratoire se veut le plus sûr du monde. Les scientifiques vont travailler à blanc pendant 6 mois pour se préparer à toute éventualité.
Isabelle Leparc-Goffart
On a toujours travaillé sur des échantillons, où on ne connaissait pas ce qu’on avait dedans donc on doit toujours être précautionneux et prendre… On connaît qu’il y a toujours un risque donc de, le risque ici on le connaît. Donc non, ça ne me fait pas peur.
Journaliste
Traque, identification, d’ici les chercheurs pourront donner l’alerte aux nouveaux virus meurtriers qui circulent sans cesse sur la planète.