Le marché gare de Lyon entre Perrache et La Mulatière

22 mai 1957
02m 36s
Réf. 00219

Notice

Résumé :

Lyon se dote d'un marché de gros pour son approvisionnement. Les travaux ont débuté en 1956 et le chantier de construction présente un édifice qui sera de grande ampleur.

Date de diffusion :
22 mai 1957
Source :
Lieux :

Éclairage

Les grandes villes doivent mettre en place des outils d'approvisionnement proportionnels à leur population. A Lyon, depuis le XIXe siècle, un marché de gros en plein air s'est installé aux abords du Palais de Justice sur la rive droite de la Saône. Ce marché se tenait le matin et connut un développement considérable pour la commercialisation des produits qui arrivaient du nord de la vallée du Rhône, très abondante en fruits et légumes. Parallèlement, sur la rive gauche de la Saône, quai Saint-Antoine, marché de gros et marché de détail cohabitaient. Là, les grossistes plutôt spécialisés dans les produits d'importation ou de régions de France assez éloignées, étaient ouverts matin et après midi.

Ce développement des échanges commerciaux s'opéra sans qu'aucun bâtiment permanent ne fût construit. Les grossistes traitaient leurs affaires dans des tentes... Le pittoresque y gagnait mais l'absence d'installations et les embouteillages provoqués par l'arrivée et le départ des différents intervenants rendait la situation particulièrement délicate.

Le reportage ironise sur la lenteur de la prise de décision et inscrit les mutations dans le contexte de l'aménagement du territoire qui à la fin des années 1950 s'accélère avant même que la Ve République n'en fasse son cheval de bataille. Les premiers projets remontent, comme le mentionne le commentaire, aux années 1920 quand les professionnels et la ville souhaitaient voir aboutir les projets dans les meilleurs délais. L'installation sur l'ancienne gare d'eau, au sud de la gare de Perrache est envisagée, mais le déclenchement du second conflit mondial mit un terme au projet.

Dès la fin de la guerre, un nouveau projet fut élaboré par les services de la ville et approuvé par le conseil municipal en août 1950. L'emplacement de l'ancienne gare d'eau des frères Seguin – ils ont été à l'origine de la ligne Saint-Etienne Lyon qui arrivait au sud de la presqu'île – est retenue. Une fois le projet déclaré d'utilité publique, la ville fut autorisée à lancer un emprunt pour financer les travaux et le projet fut définitivement adopté en janvier 1955. Les travaux débutèrent en 1956. Le vaste chantier, situé au sud de la presqu'île, après les voûtes de Perrache, est offert au regard du téléspectateur.

Le contraste est fort entre la première partie du reportage, dont le commentaire ironique souligne le caractère routinier et la seconde partie, véritable credo moderniste. Il est indiqué que la réalisation du projet a été confiée au Comité pour l'expansion économique de la région lyonnaise.

Ce comité est une émanation du mouvement Économie et Humanisme créé pendant le second conflit mondial par le père Louis-Joseph Lebret. Ce mouvement est complexe puisque s'y retrouvent, à la fois, tenants de la nébuleuse modernisatrice et des partisans d'une utopie communautaire, militants catholiques et experts urbains. Ce Comité a publié en 1955, un ouvrage et un atlas intitulé Lyon et sa région, Analyses et enquêtes sur l'aménagement du territoire.

Bibliographie :

- Olivier Chatelan, « Expertise catholique et débuts de l'aménagement du territoire à Lyon (1945-1957) », Chrétiens et sociétés, XVIème-XXIème siècles, 2008, n°15, p. 107-128.

Voir le site de la Bibliothèque municipale de Lyon pour un historique du marché gare.

Jean-Luc Pinol

Transcription

(Musique)
Journaliste
Lyon se préoccupe aussi de l’aménagement du territoire et de l’expansion économique . Lyon va de l’avant, lentement mais sûrement. Le marché de gros projeté en 1923 se réalise 34 ans après. Il en vaudra au budget municipal 2 milliards 645 millions et 134 014 francs très exactement et ceci remplacera cela qui fait sans doute plaisir à Guignol et Gnafron, qui est nourrissant pour quelques uns, distrayant pour d’autres, angoissant pour celui-là et bon chien chasse de race. Quand aux embouteillages, fouillis, énervement, comme partout ailleurs. La justice derrière ces colonnes fait la sourde oreille. Lyon: 900 000 bouches à nourrir, rive gauche et rive droite de la Saône, sont submergées de denrées alimentaires. Centre géographique, carrefour économique, la solution la voici. C’est une réalisation confiée au comité pour l’aménagement et l'expansion économique de la région lyonnaise. 16 hectares d’abord puis 20 et plus si cela est nécessaire. Voies ferrées à proximité, voie d’eau avec le port Rambaud sur la Saône et le port Edouard Herriot sur le Rhône. La route avec l’axe nord-sud, entrepôts frigorifiques proches. Les architectes et les ingénieurs de la ville, promoteurs du plan ont prévu à l’intérieur des circulations pratiques et modernes. Des chaufferies, des caves, des restaurants, des banques, des postes de police, des services médico-social, les bureaux de poste, les quais pour les producteurs. 52 carreaux pour ceux-ci, soit au total de 260 pour les producteurs, 52 par bâtiment j’ose dire, 122 pour les commissionnaires, il y a 18 équipes d’expéditeurs qui seront équipés complètement d’une façon moderne. Des quais ferrés couverts, des quais routiers couverts, les arrivages sont actuellement de l’ordre de 200 000 tonnes par an en fruits et les légumes. Vous savez que la vallée du Rhône est une riche productrice de fruits et cela ne peut que s’accroître. Progrès, urbanisme, polissez-le sans cesse et le repolissez, progrès urbanisme et commerces. Nous venons de vous montrer un exemple d’aménagement du territoire et d’expansion économique. Ici Lyon, à vous Paris.