La culture du tabac

13 octobre 1961
09m 21s
Réf. 00221

Notice

Résumé :

Ce reportage retrace le travail des producteurs de tabac en France, de la plantation à la vente aux manufactures. On y emploie des méthodes aussi bien traditionnelles, à la main, que modernes, à la machine.

Date de diffusion :
13 octobre 1961
Source :
Thèmes :

Éclairage

La région Rhône-Alpes avec ses 1130 ha plantés en tabac est la 3ème en France (après le Périgord et l'Alsace), essentiellement dans le nord de la Drôme – 300 ha et au sud de l'Isère – 720 ha, et secondairement dans le sud de l'Ain grâce à des sols argileux-calcaires favorables à la culture du tabac. Elle commence au début du mois de mars avec les semences ; puis les plants sont transplantés en plein champ vers la mi-mai. Au début de l'été, lorsque le tabac atteint environ 1,80 m de hauteur, la floraison commence. La fleur est alors coupée pour favoriser un développement maximal des feuilles : une vingtaine par pied, des feuilles larges qui retombent légèrement. Après les premières décolorations, la récolte a lieu pendant les mois de juillet ou août. Elle nécessite le recours à une nombreuse main-d'œuvre car la récolte se fait feuille à feuille. Le tabac est ensuite séché à l'air libre dans des séchoirs traditionnels ou dans des locaux où souffle de l'air chaud. On dépend alors les feuilles pour effectuer un long triage d'où ressortent des « manoques », sortes de liasses de vingt-cinq feuilles environ, qui sont soumises à fermentation. Le tabac est trié au cours de l'automne avant d'être livré pour la production et la vente. Un grand nombre d'opérations vont transformer le tabac pressé et emballé en scaferlati (tabac haché). Il est alors expédié à l'usine où il sera transformé en cigarettes ou en cigares.

Le tabac, importé du Brésil par Jean Nicot - d'où son nom « d'herbe à Nicot » - est dans un premier temps, au milieu du XVIe siècle, consommé à la Cour de Catherine de Médicis. À partir de 1674, l'État s'est réservé le monopole de la fabrication et de la vente. Il est interdit dans les états du Dauphiné sous l'Ancien Régime, jusqu'à la Révolution française et la loi du 27 mars 1791 qui proclame la liberté de culture du tabac sur le territoire. Le monopole est rétabli par Napoléon 1er en 1810. Le tabac s'est surtout développé en Isère après l'annexion de la Savoie à la France en 1860 et la guerre de 1870-1871 où l'Alsace, terre de culture du tabac, est occupée par l'Allemagne. Le tabac était transformé dans des manufactures de l'État chargées également à partir de 1890, de la production et du monopole des allumettes. Le Service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA) qui gère le monopole est créé en 1926. La consommation du tabac se développe avec le service militaire obligatoire à partir de la fin du XIXe siècle (le tabac fait partie de la ration du soldat).

En avril 1970, dans le cadre de la politique agricole commune européenne, le monopole du tabac est aboli. La production devient alors du seul ressort des agriculteurs qui gèrent de petites exploitations plantées en tabac (entre 1,5 et 8 ha). La publicité pour le tabac est réglementée par la loi Veil en 1976, puis par la loi Evin en 1991. Après la privatisation de la Seita en 1995, toute participation de l'État à la production de tabac sera abandonnée en 2000. Le monopole exercé longtemps par l'État français a permis l'établissement de taxes qui procurent d'importants revenus au trésor public.

Michelle Zancarini

Transcription

(Musique)
Journaliste
Fleurs de tabac d’un rose diaphane l’été, qui évoquent déjà les volutes des fumée lancées par les fumeurs. Ces plants d'élite fourniront les portes graines, lesquelles graines seront mises en semis et donneront vers le mois de juin des plançons, au repiquage desquels il faut procéder. Cela peut se faire à la main et à l’air libre. Cela se fait ainsi comme cela s’est toujours fait dans beaucoup d’exploitations et toute la famille s’y emploie. Certes, il faut se baisser.
(Musique)
Journaliste
Mais ni homme, ni femme ne recule devant l’ouvrage.
(Musique)
Journaliste
Mais l’on peut aussi utiliser la méthode moderne du repiquage à la machine. La pince saisit le plançon et la roue planteuse l’enfonce en terre. On procède également à la culture du tabac sous toile. Ces immenses tentes sont recouvertes d’un tulle léger qui selon l’étendue revient à environ 2 ou 3 millions d’anciens francs et durent 3 ans environ, mais qui permettent d’obtenir des plantes de qualité supérieure et notamment pour la culture des feuilles destinées à faire des capes de cigares.
(Musique)
Journaliste
Petit plançon deviendra grand, et permettra à son planteur de fumer à son tour.
(Musique)
Journaliste
Ainsi donc, repiqué au mois de juin, le tabac sera cueilli en septembre. La récolte se fait sur une période d’un mois, l’on prend d’abord les feuilles basses et puis les feuilles médianes, puis enfin les feuilles hautes ou de couronne. Dans cette récolte, dans cette cueillette à l’air libre, les feuilles sont disposées sur un chariot avant d’être conduites vers le séchoir familial. Il faut ramasser les feuilles avant la pluie qui cause la rouille qui est un jaunissement prématuré et irrégulier des feuilles et qui risque de les détruire.
(Musique)
Journaliste
Voyons maintenant quel aspect présente la feuille et passons à la cueillette sous toile qui donne l’impression d’une excursion dans la forêt vierge. Une certaine moiteur règne sous ces toiles mais quelles jolies plantes et quelles jolies feuilles on a pu obtenir! Elles sont mises en corbeille.
(Musique)
Journaliste
Là aussi, toute la famille travaille et l’on va maintenant enguirlander les feuilles. Ou tout au moins procéder à l’enguirlandage, ce qui se fait en famille et facilement. Cela consiste à embrocher les feuilles sur une ficelle afin de pouvoir disposer les guirlandes sur des échelles articulées à l’intérieur du séchoir.
(Musique)
Journaliste
Quelle récréation après la classe.
(Musique)
Journaliste
Un séchoir comme celui que nous voyons en ce moment peut contenir de 100 000 à 110 000 feuilles. Il faut qu’elles soient aussi à l’intérieur de ce séchoir à l’abri de la lumière car le grand jour fait rougir les feuilles. Il faut aussi qu’elles soient maintenues dans une certaine température, et cela est réalisé grâce aux volets d’aération disposés sur les parois du séchoir.
(Musique)
Journaliste
Et voici décembre. Décembre, c’est le moment où l’on va livrer sa production à l’entrepôt de la Régie Française des Tabacs. Là, les experts de la Régie Française examinent les livraisons, acceptent ou refusent. Les feuilles sont pesées, comptabilisées, stockées mais payées aussitôt aux producteurs. Et c’est alors la mise en banc à l'entrepôt. Banc d’uniformisation d’humidité, pour les tabacs de Cap par exemple, cela dure environ 15 jours. Après quoi, il faut les mettre en masse pendant une durée de 3 semaines à 1 mois jusqu’à ce que l’on atteigne 45 à 50 degrés. Oui, le tabac fait de la température. Il faut alors procéder au retournement des masses jusqu’à cessation de la fermentation dans une salle climatisée. Température constante de 15 degrés, à 80 d’humidité, et il faut donc démonter les masses et les remonter à côté, le dessus dessous et l’intérieur vers l’extérieur. Après quoi, un nouvel examen dans des salles de contrôle est fait et les feuilles dirigées vers les salles de presse où les balles sont constituées et entreposées, stockées jusqu’au départ vers la manufacture.
(Musique)
Journaliste
Il faut d’abord disposer selon un rite bien établi les feuilles à l’intérieur des blocs qui passeront sous la presse.
(Musique)
Journaliste
Emballer, peser.
(Musique)
Journaliste
Fermer, immatriculer.
(Musique)