Marché des potiers de Dieulefit

04 juin 1995
01m 58s
Réf. 00291

Notice

Résumé :

Le marché des potiers de Dieulefit a rassemblé plus de 25 000 personnes. C'était également l'inauguration de la Maison de la Terre, lieu de formation, d'apprentissage et de conservation du patrimoine local.

Date de diffusion :
04 juin 1995
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Tous les deux ans pendant le week-end de la Pentecôte (les années impaires), Dieulefit, petite cité de Drôme provençale qui s'étire le long du Jabron, célèbre les potiers lors d'un marché très couru. C'est que la commune entretient avec cet art du feu une histoire vieille de 2 000 ans.

Des fouilles archéologiques ont, en effet, révélé des vestiges de fours et de poteries datant de l'époque gallo-romaine dans les quartiers actuels de Graveyron et des Grands Moulins. Car, à l'époque déjà, les hommes utilisent les ressources du sol local, une argile riche en kaolin particulièrement réfractaire, pour façonner amphores, pichets, coupes, bouillottes... Un four de potier médiéval a également été mis au jour près de l'église Notre-Dame-de-la-Calle.

Au XVe siècle, les premières traces écrites révèlent l'existence d'une tuilerie sur la colline des Plattes ; on trouve aussi mention d'un certain Jean Peyronnel, premier potier dieulefitois connu, dont l'atelier se trouvait sur l'actuelle place de l'Église.

L'activité potière se développe progressivement jusqu'au XIXe siècle, époque à laquelle elle fournit, avec les filatures, ses principales ressources à la ville. On compte alors 90 potiers dans la commune dont les productions utilitaires déclinent le vert et le jaune.

Le déclin de l'activité industrielle et l'explosion des arts décoratifs au début du XXe siècle marquent l'apparition à Dieulefit d'une poterie artistique, notamment grâce au peintre orléanais Étienne Noël, qui s'installe ici et achète la fabrique de Louis Pignet dans les années 1920. Il se démarque des fabrications locales, met au point de nouveaux émaux, diffuse ses œuvres à Paris, Londres, en Afrique du Nord et surtout sur la Côte d'Azur.

C'est ce patrimoine qu'est appelé à mettre en valeur la Maison de la Terre, inaugurée en ce 4 juin 1995, et auquel le journal télévisé régional consacre un reportage. Ce centre culturel doit s'attacher aussi à promouvoir la céramique contemporaine et surtout il a vocation à servir de lieu de formation professionnelle, à travers des ateliers et des stages pour enfants et adultes.

En 2007, cette structure est devenue la Maison de la Céramique du pays de Dieulefit, au double objectif : diffuser la culture de la céramique à travers un espace de présentation de l'histoire potière de Dieulefit, des expositions grand public sur les artistes contemporains, des actions pédagogiques et des activités de loisirs ; développer une formation professionnelle, en encourageant le développement de la filière.

Dieulefit compte de nos jours une trentaine de potiers. S'ils n'utilisent plus l'argile locale, ils ont néanmoins créé la marque « Dieulefit original » qui garantit l'authenticité et la qualité de leur fabrication : une pièce à usage domestique, ornemental ou artistique, conçue, réalisée, travaillée, émaillée, décorée entièrement dans les ateliers de Dieulefit.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
Madame, Monsieur, bonsoir. Vous étiez plus de 25000 à envahir Dieulefit en Ardèche à l’occasion de son célèbre marché des poteries. Une manifestation artisanale organisée en même temps que l’inauguration de la Maison de la Terre, le symbole d’une tradition de la poterie vieille de plus de 2000 ans.
Journaliste
Lorsqu’il a créé l’homme, Dieu le fit en pétrissant l’argile. Et puis, il lui a insufflé la parole. Les têtes brûlées de Jane Norbury, sonorisées par Etienne Delmas, accueillent les visiteurs dans la toute nouvelle Maison de la Terre.
(Bruit)
Journaliste
C’est par une exposition sur le thème de la terre et de la musique que ce lieu a été inauguré.
(Bruit)
Journaliste
La vocation de la Maison de la Terre sera multiple.
Serge Emiliani
Le premier point, c’est un volet formation. Ce sont les ateliers qui sont ici au sous-sol, qui permettent, soit aux gens de découvrir ce métier, soit aux gens de se perfectionner dans ce métier. Le deuxième point, c’est de montrer ce qu’est la céramique contemporaine aujourd’hui ; et enfin le dernier point qu’on mettra en place dès septembre, c’est d’être aussi un conservatoire du patrimoine local.
Journaliste
Dieulefit maintient, en effet, une tradition de potier depuis 2000 ans. Aujourd’hui le village compte encore 26 ateliers. Mais à la pentecôte, la poterie est vraiment reine. Pour sa dernière édition en 1993, 25000 visiteurs étaient venus sur le marché aux potiers. Vous êtes venu pour acheter ?
Inconnu 1
Pas spécialement, pour voir, on ne sait jamais.
Inconnue
Je trouve qu’il y a moins de choix que la dernière fois.
Journaliste
Et les prix ?
Inconnue
Le prix est un peu plus élevé.
Inconnu 2
Tout ce qui est inventif et tout, je trouve que c’est un peu démesuré au point de vue prix. Le reste me paraît tout à fait convenable.
Journaliste
Tradition, art brut, recherche, vases, vaisselle, objets inutiles ou ustensiles, dans une palette de couleurs innombrables, plus de 100 potiers proposent le produit de leur artisanat. Des pièces uniques à emporter sur un coup de cœur.