La Pierra Menta

27 mars 1991
08m 03s
Réf. 00333

Notice

Résumé :

La 6ème édition de la Pierra Menta, dans le massif du Beaufortin, a commencé. Cette compétition internationale de ski-alpinisme se déroule sur 4 jours. La difficulté extrême du terrain contraint les concurrents à avoir un matériel adapté et une bonne condition physique.

Type de média :
Date de diffusion :
27 mars 1991
Source :
Thèmes :

Éclairage

Le 27 mars 1991, France Région 3 diffuse un reportage de FR3 Grenoble sur la sixième édition de la Pierra Menta, une compétition qui n'est encore guère plus connue du grand public que la pratique du ski-alpinisme lui-même. Celui-ci consiste à parcourir une distance plus ou moins longue à ski, en montée comme en descente, sans utiliser de remontées mécaniques mais à l'aide de « peaux de phoque » recouvrant les skis et permettant de prendre des appuis sur les pentes neigeuses. Pratiqué encore de manière confidentielle dans les années 1970, quelques aficionados tentent d'en accélérer la diffusion dans les années 1980 en organisant des compétitions spectaculaires. La Pierra Monta, qui se déroule par équipe de deux skieurs, sur quatre jours, sur les pentes du Grand-Mont en Savoie avec près de 10 000 mètres de dénivelées, est mise en place dans ces conditions. Elle tire son nom de celui d'un éperon monolithique de 120 mètres de haut situé dans le massif du Beaufortain, à 2714 mètres d'altitude, sur lequel le reportage se lance d'ailleurs à partir de vues d'hélicoptère. Pour sa première édition, en 1986, elle accueille onze doublettes, toutes françaises. En 1991, on ne compte encore que 35 équipes masculines et deux équipes féminines au départ, bien que le présentateur du reportage en annonce le double.

Les images du reportage valorisent la vision de skieurs, seuls ou en petits groupes, dans l'immensité de la montagne ainsi que des plans panoramiques pris en plongée sur des paysages grandioses, parfois au son d'une musique classique. Situé entre randonnée, ski de fond, ski de piste et escalade auxquels il emprunte leurs techniques, le ski alpinisme est en effet synonyme de grands espaces et de liberté. Aucune fédération n'en contrôle d'ailleurs la pratique jusqu'en 1997, date à laquelle la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade (FFME) obtient des pouvoirs publics son intégration officielle dans ses activités. L'interview de Denis Pivot, par son statut d'entraîneur national qui apparaît en incrustation sur l'image comme par ses propos techniques, confirme qu'aux côtés d'une pratique de loisir, la version compétitive du ski-alpinisme répond dès cette époque aux normes en la matière.

La course attire des spécialistes de la montagne dont les commentaires indiquent qu'ils proviennent de nombreux pays et comptent parmi eux des femmes (dont les sœurs Trécourt, invaincues depuis leur première participation en 1988). L'affirmation est exacte, mais probablement un peu trop enthousiaste. En 1991, il n'y a encore que deux équipes femmes et, sur les 38 doublettes hommes, seules huit sont étrangères.

La seconde partie du reportage se centre sur les équipes de tête. Elle valorise séquence après séquence, en plans larges ou rapprochés, l'effort physique, la maîtrise technique et, parfois, les défaillances des meilleurs skieurs-alpinistes. Les scènes de solidarité, où un concurrent porte les skis de son coéquipier ou enlève ses peaux de phoque synthétiques, mettent en exergue les valeurs supposées de l'activité. La victoire revient finalement à la paire italienne Adriano Greco et Fabio Meraldi, devant deux doublettes françaises : Thierry Bochet et Francis Bibollet à la seconde place, et les gendarmes Daniel Lanne et Gilles Trousselier à la troisième. Thierry Bochet et Francis Bibollet prendront leur revanche sur les Italiens dès l'année suivante.

Le film ne s'arrête pas sur les milliers de spectateurs venus encourager et admirer les concurrents. Le parti-pris est autre, qui place au centre l'effort individuel ou en doublette. La Pierra Menta n'a pourtant, dès cette époque, plus grand chose à voir avec la quête de solitude des sommets. En 2011, près de 200 équipes ont pris part à sa 26ème édition. Drainant spectateurs et sponsors avec le soutien inconditionnel des collectivités, elle est devenue l'une des plus grandes courses de ski-alpinisme du circuit international et une opportunité pour le tourisme alpin.

Thierry Terret

Transcription

Présentateur
Nous partons maintenant à l’assaut de la montage avec la sixième édition de la Pierra Menta dans le massif du Beaufortain, une grande classique internationale alpestre, 70 équipes au départ par équipe de 2. Un critérium des neiges où les plus physiques se sont imposés. Reportage FR3 Grenoble.
(Musique)
Journaliste
Au cœur du massif du Beaufortain et de la Savoie Olympique, majestueux, le sommet symbole d’une course superbe, la Pierra Menta.
(Musique)
Inconnu 1
Attention, quatre, trois, deux, un, go, partez.
Journaliste
Ils sont partis pour plusieurs heures de course. Pour ces athlètes des cimes, la montagne se transforme en stade, le plus grand stade naturel du monde devenu aussi le théâtre moderne d’un sport en plein ascension, le ski alpinisme.
Denis Pivot
Le ski alpinisme existe en fait depuis que le ski, depuis que les premières personnes sont montées sur des skis. C’est-à dire que le ski, c’est un moyen de se déplacer dans les montagnes, euh à la montée et à la descente quelle que soit la raideur de la pente. La Pierra Menta, c’est une compétition, c’est la forme compétitive du ski alpinisme, c’est devenu en quelques années une des plus grandes compétitions et en tout cas, le passage obligé pour tous les meilleurs skieurs alpinistes européens, il n’y a aucun équivalent dans aucune course au monde de la Pierra Menta puisqu’elle se déroule sur 4 jours, avec des très forts dénivelés tous les jours. Les dénivelés, c’est la hauteur qui est gravie chaque jour. Là, qui représente 10000 mètres de dénivelés. Alors, pour se rendre compte de ce que représente 10000 mètres de dénivelés, on peut dire que c’est chaque jour, l’équivalent d’un marathon à pied.
(Musique)
Denis Pivot
On utilise des skis plus légers que les skis de piste, euh ensuite dessous, on met pour pouvoir monter, pour pouvoir adhérer à la neige, on met des, ce qu’on appelait des peaux de phoques, qui sont maintenant des peaux synthétiques autocollantes qui permettent d’adhérer à la neige. Ensuite la fixation est un peu spéciale, elle est articulée, donc à la montée, il y a un débattement qui permet de marcher, et ensuite à la descente, on tourne cette partie, on bloque le talon et on l’utilise exactement comme un, une fixation de ski de piste.
(Musique)
Journaliste
Ils étaient 140 à participer cette année à la 6ème édition de la Pierra Menta. Parmi eux, des vedettes de l’alpinisme, comme ici Patrick Gabarou, de nombreux guides de montagne, des moniteurs de ski, et surtout beaucoup d’amateurs venus pour le plaisir de l’effort, la beauté du geste, le sentiment de plénitude. Des français, mais aussi des italiens, des suisses, des autrichiens, des tchèques, des polonais, des bulgares. Dans leur sac, tout le matériel traditionnel de l’alpinisme, cordes, piolets, sangles, baudriers. La Pierra Menta se dispute par équipe de 2 concurrents. Plusieurs femmes y participent chaque hiver comme les sœurs Trécourt. Claudine et Sylvie, toutes deux, professeurs d’éducation physique, excellentes grimpeuses, et meilleure équipe féminine de la Pierra Menta 91. Trois équipes cette année vont dominer la course. Trois équipes de grands spécialistes, et tout d’abord, celle des italiens. Adriano Gréco et Fabio Meraldi, des lombards, déjà 2 fois vainqueurs de l’épreuve. Dans leur foulée, les champions de France de la discipline. Deux gendarmes, Daniel Lanne et Gilles Trousselier. Bons sur tous les terrains de la montagne. Troisième équipe, celle composée de Thierry Bocher, berger et moniteur à Arêches et de Francis Bibolet, guide à La Giettaz.
Inconnu 2
La journée va être dure.
Journaliste
Après les 2 premières étapes et près de 8 heures de course, ces 3 équipes sont groupées en moins de 10 minutes. Avec toutefois un léger avantage aux italiens et c’est lors de la troisième étape, la plus difficile, la plus spectaculaire, que tout va se jouer.
Inconnu 3
Allez Daniel, allez. Allez, papy, viens, allez garde le moral va.
Journaliste
Victime d’un début de bronchite, Daniel Lanne est le premier à lâcher prise.
Inconnu 3
Allez , allez. Bats-toi Dany, Et maintenant il faut que tu descendes pour récupérer.
Inconnu 4
Ouais, tu vas récupérer, va. D’accord.
(Bruit)
Journaliste
Pendant que Gilles Trousselier s’efforce d’attendre et de réconforter son coéquipier défaillant, les italiens eux, réglés comme des horloges, synchronisent leur effort et caracolent en tête. Lanne et Trousselier sont définitivement battus.
(Musique)
Journaliste
Dans les terrains les plus variés de cette troisième étape, Greco et Meraldi, expérimentés et parfaitement homogènes, survolent et avalent les difficultés. Seul, le duo Francis Bibolet et Thierry Bochet peut encore les inquiéter. Il n’avait qu’une minute de retard à l’issue des deux premières étapes. Mais Bochet faiblit insensiblement et malgré l’aide de Bibolet qui lui porte même ses skis, il ne peut suivre plus la cadence des italiens. Meraldi et Greco remportent pour la troisième année consécutive la Pierra Menta, l’édition 91 aura été tout simplement magnifique.
(Musique)
Adriano Greco
La Pierra Menta c’est notre course, le course qui nous, plus beau pour nous. C’est la course plus difficile que nous, tout la saison alpinisme nous font, et c’est la meilleure course du monde pour du ski alpinisme. Je pense que la Pierra Menta elle doit devenir la coupe du monde du ski alpinisme.
(Musique)