Joutes à Givors

15 juillet 1964
01m 19s
Réf. 00360

Notice

Résumé :

Les joutes de Givors ont eu lieu en présence d'un public enthousiaste. Plusieurs équipes s'affrontaient sur des barques.

Date de diffusion :
15 juillet 1964
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Éclairage

Sous la chaleur du milieu du mois de juillet 1964, des spectateurs et riverains venus nombreux en famille assistent à des passes de joutes dans le canal longeant le Rhône, à Givors. Les commentaires des Actualités insistent sur l'intérêt du spectacle, tout en s'interrogeant sur son statut de tradition ou de compétition. La petite cité industrielle au sud de Lyon a en effet longtemps été peuplée de bateliers et mariniers vivant du transport fluvial des marchandises. Cette vie près du Rhône a très précocement provoqué la création de sociétés de jouteurs et sauveteurs, dont les membres poursuivent initialement des objectifs humanitaires, mutualistes mais aussi récréatifs en organisant très régulièrement des fêtes nautiques. On compte ainsi plus d'une trentaine de ces compagnies dans le seul département du Rhône dans le dernier tiers du XIXe siècle. La société des Sauveteurs de Givors, fondée en 1886, est quant à elle la plus ancienne de la ville et l'une des plus titrées du pays trois quarts de siècle plus tard, au moment où la caméra s'arrête sur les performances des jouteurs.

Des six méthodes alors reconnues en France – givordine, lyonnaise, provençale, languedocienne, parisienne et alsacienne – le choix des équipements et techniques (les bateaux se croisent à droite) montre qu'il s'agit de la première. Malgré le noir et blanc du reportage, les couleurs traditionnelles bleue et rouge des barques sont évoquées dans le commentaire. Il est vrai que chaque compagnie possède plus généralement son drapeau, son hymne, ses grades, ses insignes et son uniforme. Les rituels de pesée des jouteurs ou de contrôle du matériel ne sont pas montrés, mais appartiennent aussi à la culture de la joute. Bien que quelques femmes pratiquent cette activité, celle-ci demeure alors essentiellement masculine, en donnant à voir les valeurs viriles traditionnelles des gens de rivière.

Pourtant, les interrogations sur le statut de cette « fête nationale » dont le reportage se fait l'écho prennent tout leur sens une fois rapportées à l'année 1964. Le processus de sportivisation de la joute, démarré lentement au début du XXe siècle, ne connait en effet guère d'accélération avant les années 1950 où un championnat unifié est organisé, et c'est seulement en novembre 1964, quelques mois après la séquence retenue par le journal Rhône Alpes actualités, qu'est finalement créée la Fédération Française de Joute et Sauvetage Nautique. A Givors, les traditions fluviales se maintiennent dès lors, tiraillées entre des formes folkloriques qui assurent leur popularité et des compétitions sportives qui les précipitent dans la modernité.

Thierry Terret

Transcription

Journaliste
[Inaudible] les joutes de Givors, disputées sur barques bleues et rouges, c’est la moindre des choses. Est-ce vraiment l’esprit de compétition ou bien cette fête nationale éveillait-elle chez les jouteurs un désir de conquête et de gloire ? Toujours est-il qu’ils avaient le cœur à l’ouvrage. Les lances se brisaient comme des chalumeaux et les plongeons ne manquaient pas. Mais étant donné la chaleur ces bains forcés n’avaient rien d’éprouvant.
(Musique)
Journaliste
Charmante survivance du Moyen-âge, ces jeux nautiques constituent toujours un spectacle qui attire la grande foule.
(Musique)
Journaliste
Les vainqueurs [Gaillardeau] et [Pong].
(Musique)
Journaliste
Mais chaque joueur a pu faire preuve d’un style très personnel, celui-ci, par exemple, dont la technique tiendrait plutôt de la tauromachie.
(Musique)