L'Adayg

03 décembre 1984
03m 03s
Réf. 00381

Notice

Résumé :

Depuis déjà plusieurs années, les exploitations autour de la ville de Grenoble disparaissent. Afin de protéger celles qui restent, l'Association pour le Développement de l'Agriculture dans l'Y Grenoblois (ADAYG) a été créée.

Date de diffusion :
03 décembre 1984
Source :
FR3 (Collection: JT FR3 Alpes )
Personnalité(s) :
Thèmes :

Éclairage

Le survol de la plaine du Grésivaudan inaugure ce reportage sur le devenir de l'agriculture périurbaine. Les premières images montrent l'imbrication de la campagne dans la ville et le mitage progressif des champs par l'urbanisation tandis que la voix off du journaliste, d'un ton grave, évoque la diminution drastique depuis 20 ans du nombre des exploitations agricoles et le mouvement inexorable de ce phénomène. Le cas de Grenoble est emblématique d'un phénomène qui concerne peu ou prou toutes les campagnes à proximité des villes. Dans une région où le monde rural occupait une place importante, avec une grande diversité de paysages et de productions, avec des propriétés de taille assez modeste mais des exploitations devenues plus vastes avec le départ d'un nombre important d'agriculteurs âgés, la concurrence avec les activités industrielles comme commerciales est forte, surtout à proximité des villes. Pour l'agglomération grenobloise, la présence des reliefs rend l'agriculture plus compliquée et renforce le poids des territoires de plaine, plus aisés à travailler et plus fertiles. Les images, dans un enchaînement qui n'est pas toujours en synergie avec le commentaire, alternent de manière redondante et illustrative, les vues aériennes et les gros plans sur des bâtiments urbains, des parkings, des immeubles ou des lotissements bordés par des champs encore cultivés. Certaines séquences montrent des bâtiments à l'allure et aux matériaux qui signent de fermes anciennes, insérées à l‘intérieur d'un village devenu banlieue (Sassenage). Le reportage n'est pourtant guère explicite quant à l'usage des maisons. Un agriculteur interrogé fait part de la principale difficulté : la question du foncier dont la hausse est la principale menace pour la pérennité des exploitations. Leur morcellement en raison des lotissements ou des aménagements divers accentue les difficultés que les préemptions par les municipalités ou les services de l'Etat renforcent.

Le journaliste présente ce qu'il indique être la solution pour cette forme d'agriculture : la mise en place d'une structure nommée l'ADAYG (association de défense de l'agriculture de l'Y grenoblois – évoquant le territoire allant de Pontcharra à Voiron et rassemblant les deux vallées de l'Isère et du Drac puis la cluse de Voreppe). Imitée de l'exemple lyonnais, elle regroupe les agriculteurs du Grésivaudan qui veulent défendre leurs intérêts en favorisant l'agriculture de proximité urbaine. Cette association doit permettre de lutter plus efficacement contre la spéculation foncière ou les nuisances générées par toutes les formes de circulation et la pollution qui en résulte. Elle doit surtout faciliter la commercialisation des produits, grâce à la proximité d'un marché porteur et d'une demande qui ne fait qu'augmenter. Elle vise enfin à inciter de jeunes agriculteurs à s'installer et à les aider à assurer la viabilité de leurs exploitations.

Trente ans après, le survol aérien qui achève le reportage montrerait un mitage plus marqué et masquerait davantage les exploitations avec cependant les mêmes problématiques. Il reste que ce reportage ne fait aucune allusion à un phénomène connexe mais important pour cette agriculture de proximité : les jardins familiaux.

Anne-Marie Granet Abisset

Transcription

(Silence)
Journaliste
Entre 1970 et 1980, sur 100 exploitations situées dans le secteur grenoblois, 23 ont disparu. Un chiffre inquiétant, non seulement pour l’avenir d’une activité déjà pénalisée par l’environnement montagnard mais inquiétant également pour l’équilibre d’une région en plein développement. Et où l’on compte plus de 500 000 habitants. 1970, 3500 exploitations ; 1980, 2600 exploitations. Ceux qui restent veulent stopper ce déclin. De Voiron à Pontcharra, en passant par Grenoble, la proposition de mobilisation lancée début novembre par différentes associations regroupées sous le cigle d’ADAYG, Association pour le Développement de l’Agriculture dans l’Y Grenoblois. Cette association est peut-être donc une solution. L’exemple de l’expérience réussie sur la région lyonnaise peut permettre d’espérer. Il faut dire qu’être agriculteur à la ville n’est pas facile.
Intervenant
La pression et la demande de terrain est quand même assez forte et il fait…, les terrains à maraicher et agricoles se raréfient et les agriculteurs se trouvent confrontés de ce fait à des problèmes de structure d’exploitation et cela pour certains devient un peu difficile. Il y a certains avantages puisque l’on peut commercialiser nos produits sur une distance assez courte et qu’on se trouve au porte d’une agglomération qui offre une consommation assez forte mais vous avez les nuisances de la ville, vous avez la proximité des immeubles. On a quand même une fréquentation, une … qui n’est pas toujours agréable.
Journaliste
L’ADAYG veut donc devenir le réconfort et l’assistance de l’agriculture de la région urbaine grenobloise. Premier point à régler, le marché foncier agricole installé dans une anarchie qui ne favorise qu’une chose, « la spéculation ». L’arrêt relatif de l’urbanisation, [clés oblige], devrait aider à normaliser et surtout moraliser ce marché. Deuxième point tout aussi important, convaincre ceux qui ne le sont, que les zones agricoles en secteur d’agglomération sont viables et nécessaires, cela malgré les difficultés et l’environnement. Ainsi à Sassenage, par exemple, à moins de 4 kilomètres de Grenoble, les quelques exploitations qui subsistent ont leurs terres morcelées, coincées entre villas, routes et immeubles. On comprend que de jeunes agriculteurs, éventuels candidats à la succession, hésitent. Pourtant, cette agriculture grâce aux débouchés qu’elle trouve sur le marché local est rentable. Rentable à condition d’intensifier la production, de diversifier la gamme des produits proposés, et de les commercialiser intelligemment. En fait, il faut organiser le peu de place laissé à cette agriculture très spéciale, l’organiser, la respecter et y croire. Du travail en perspective.
(Silence)