La gestion de l'eau par les agriculteurs de Loyettes

17 juillet 2005
02m 08s
Réf. 00423

Notice

Résumé :

Selon le leader de la Confédération paysanne, José Bové, les institutions encourageraient la culture du maïs irrigué très consommateur d'eau. Les agriculteurs de la plaine de l'Ain ont eux, pour palier au problème de la sécheresse, opté pour l'eau du Rhône.

Date de diffusion :
17 juillet 2005
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Éclairage

Aujourd'hui, l'agriculture est sans conteste le secteur d'activité qui absorbe le plus d'eau. Cette consommation peut s'expliquer par les besoins pour l'élevage et la pratique d'une irrigation massive pour assurer des rendements maximums. Au début des années 1960, avec la construction progressive d'une politique agricole commune des pays européens (PAC), les agriculteurs pour accroître de manière conséquente leurs rendements ont eu recours à l'agriculture intensive (utilisation d'engrais chimiques, de pesticides..). Elle a eu pour conséquence de polluer les eaux des sols. Dans ce contexte, marqué par des tensions entre les différents utilisateurs, la question de l'eau a été posée. Après un doublement entre 1980 et 1990, les surfaces irriguées se sont stabilisées. L'eau destinée à l'irrigation représente en moyenne annuelle environ la moitié de l'eau consommée en France et peut atteindre dans certaines régions 80% en période estivale. Le maïs, céréale très gourmande en eau, doit en plus être arrosé en plein été pendant sa période de floraison. Près de la moitié de l'eau utilisée en France l'est pour l'irrigation du maïs. Et cette production ne cesse d'augmenter car le maïs ainsi produit est principalement utilisé pour nourrir le bétail.

La sécheresse de 1976 a été vécue comme un événement exceptionnel resté dans les mémoires à cause de « l'impôt sécheresse » levé pour venir en aide aux agriculteurs. Les sécheresses plus récentes, du début des années 1990 et surtout celles de 2003 comme celle de 2005, ont été perçues comme une des manifestations du changement climatique avec un retour plus fréquent de ce qu'ont ne peut plus considérer comme un événement-catastrophe exceptionnel, mais comme un phénomène récurrent. En France, à partir de septembre 2004, une grande partie du territoire connaît une pluviométrie inférieure d'un tiers à la moyenne et une sécheresse d'une intensité comparable à celle de 1976. En 2005, à la date du reportage, la situation est donc comparable à celle de 1976, avec des prix de vente qui ont stagné ou baissé (en raison, de plus, d'excellentes récoltes dans l'hémisphère sud). La baisse est d'environ 9% pour le maïs.

Alors que se confirme le retour de la sécheresse, le reportage du 17 juillet 2005 en pleine canicule, présente les points de vue antagoniques des représentants de la Confédération paysanne (dont José Bové qui critique le point de vue de l'Europe) et le représentant national des agriculteurs irrigants à propos de la culture du maïs. Entre Rhône et Ain, les agriculteurs de Loyettes au sud de la Plaine de l'Ain, puisant dans le Rhône, pratiquent l'arrosage par aspersion pour cultiver leur maïs et défendent leur point de vue. En France, plus de 90% de l'irrigation est pratiquée par aspersion et les enrouleurs mobiles sont les principaux matériels employés, ce qui génère des contraintes d'utilisation et se traduit par de faibles performances en termes de régularité des apports. Les choix stratégiques liés au dimensionnement des équipements d'irrigation et aux types de cultures à irriguer, engagent les agriculteurs pour plusieurs années. Dans le même temps, en juillet 2005, le ministère de l'Agriculture et de la Pêche s'interroge, tant pour des raisons de coût économique que de tensions potentielles entre utilisateurs de l'eau, sur les moyens de limiter la vulnérabilité de l'agriculture dans cette période de réchauffement climatique et d'inscrire une politique de gestion de la ressource en eau dans le moyen terme.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
La canicule délie les langues. José Bové estime que les pouvoirs publics et l’Europe jouent les pompiers pyromanes en matière de lutte contre la sécheresse. Selon le leader paysan, les institutions encourageraient la culture du maïs irriguée, très consommatrice en eau. Ce n’est pas l’avis des agriculteurs de la plaine de l’Ain. Elisabeth Phily et Anne-Laure Cahen sont allés à leur rencontre aujourd’hui.
Journaliste
Long de 600 mètres, le système d’arrosage irrigue nuit et jour cette parcelle de 118 hectares de maïs. Un hectare de maïs a besoin de 2 à 3000 mètres cube d’eau par an. Les agriculteurs de la plaine de l’Ain se sont regroupés, ils ont investi dans un système de pompage pour prélever l’eau du Rhône et pas celle de la nappe phréatique.
Daniel Martin
Le blé, on ne l’arrose pas mais il prélève de l’eau dans le sol quand il pleut l’hiver et au printemps. Et à ce moment-là, le maïs lui, il laisse passer l’eau puisqu’il n’est pas présent. Donc, l’eau elle va dans la nappe et on la reprend au moment de l’été. La seule différence c’est que le prélèvement n’est pas à la même époque.
Journaliste
La confédération paysanne s’insurge contre les aides de l'Europe, environ 533 euros par hectare de maïs. Une politique qui incite à choisir des cultures qui ont besoin d’eau.
Alain Millet
Encourager comme l’a fait l’Europe les cultures irriguées puisqu’elles sont indemnisées un peu plus haut que les cultures en sec. C’est vrai que c’est des pratiques agricoles qui ne sont pas durables de toute façon puisqu’on sait bien que les ressources en eau sont limitées, qu’on est dans quelque chose d’hypersensible
Journaliste
De son côté, la fédération des syndicats d’exploitants agricoles défend la politique agricole commune car le maïs est un aliment performant qui sert à engraisser les bovins.
Gilbert Limandas
C’est une plante exceptionnelle qui a une capacité de développement assez importante et il lui faut un peu d’eau. Il est vrai qu’il lui faut de l’eau pour se développer, mais je crois qu’on aurait sûrement intérêt à réfléchir à une politique de stockage de l’eau.
Journaliste
Stocker l’eau pour continuer une agriculture intensive ou choisir d’autres cultures comme le sorgho et le tournesol : sur le terrain, les avis sur la politique agricole sont bien différents.