Les pôles de compétitivité

12 juillet 2005
02m 26s
Réf. 00441

Notice

Résumé :

Depuis 30 ans, Grenoble est un grand pôle de compétitivité dans le domaine de la microélectronique. STMicroélectronics, l'un des leaders mondiaux, travaille en collaboration avec ses concurrents directs. Le projet Minatec, un complexe scientifique européen dédié aux nanotechnologies est en construction.

Date de diffusion :
12 juillet 2005
Source :

Éclairage

L'annonce, en 2005, de la liste des projets retenus au titre de « pôles de compétitivité » s'inscrit dans la volonté du gouvernement de l'époque de mettre en place une nouvelle politique économique axée sur le soutien aux territoires pour lutter contre la désindustrialisation et les délocalisations. Cette approche est alors largement nouvelle. La grande période de la politique industrielle des années 1960, centrée sur les grands projets technologiques et les grandes entreprises, n'a pas survécu aux mutations des années 1970, même si le dernier grand programme, le programme électronucléaire, se prolonge jusqu'à nos jours avec de fortes implications dans la région Rhône-Alpes. Au début des années 2000, la prise de conscience de l'ampleur d'une nouvelle phase de mutations liées à la « mondialisation », c'est-à-dire à une nouvelle redistribution des activités productives à échelle mondiale, incite les pouvoirs publics à redécouvrir l'importance de la dimension territoriale de l'activité économique. Pour une part, il s'agit de prendre acte de ce qui existe et qui n'était jusque là pas pris en compte voire avait été combattu au non d'une modernisation de l'industrie qui privilégiait la concentration et les localisations volontaristes. Les spécialisations territoriales, à échelles diverses, sont pourtant anciennes (quoique évolutives) et sont à la base même des dynamiques économiques. Cette redécouverte a été à l'origine du succès de la notion de « district industriel » dans les années 1980. Appuyés sur l'exemple des régions industrielles italiennes fondées sur des réseaux locaux de PME, les systèmes productifs localisés sont alors proposés comme contre modèle à la concentration et aux multinationales, car jugés plus innovants et créateurs de richesses et d'emplois sur place. Les politiques publiques s'en emparent en France dans les années 2000 et aboutissent à la création de 71 pôles de compétitivités, dont 13 en Rhône-Alpes. Ces pôles ont comme objectifs d'associer, sur un territoire donné, des entreprises, des centres de recherche et des organismes de formation, autour de « projets innovants ». Ils financent, via des fonds publics principalement, des projets sélectionnés en fonction de leurs thématiques dont on attend des retombées en terme d'activité. Le pôle Minalogic, localisé à Grenoble, est un des deux « pôles mondiaux » de Rhône-Alpes, avec le pôle LyonBiopôle. Spécialisé dans les solutions de miniaturisation pour l'industrie (micro et nanotechnologies), il est ici présenté comme un « pôle de compétitivité de 30 ans » et comme le modèle historique français de ce type d'organisation. Cette présentation repose sur l'existence ancienne de relations entre science et industrie à Grenoble, construites à partir de la fin du 19ème siècle, autour de l'hydraulique, de la papeterie, de la construction mécanique et électrique. D'abord limitées, ces relations s'institutionnalisent et changent d'ampleur à partir des années 1950, en parallèle de la concentration à Grenoble de nombreux laboratoires de recherche et de l'essor industriel de la ville. La filière microélectronique se développe d'une part d'un point de vue industriel à partir de l'implantation de Thomson en 1955, et d'autre part d'un point de vue recherche avec la création au sein du CEA d'un laboratoire spécialisé dans l'électronique et les technologies de l'information, le LETI. En parallèle, Grenoble est aussi un site de développement des technologies de l'informatique. Les relations entre les différents acteurs du site sont actives, souvent complexes voire conflictuelles. Elles ont donné naissance à plusieurs entreprises, et participent de la création de STMicroelectronics, premier employeur du bassin grenoblois en 2011. L'entreprise n'en est pas moins une multinationale dont le siège opérationnel et le principal site de production sont en Italie. On perçoit là la complexité des relations économiques territoriales que la politique des Pôles souhaite favoriser. Du point de vue des acteurs locaux, les attentes évoquées dans le reportage sont à la fois d'intensifier les relations, de favoriser les possibilités de mutualisation des activités de recherche onéreuses et d'avoir accès à des financement publics. En 2011, le pôle Minalogic revendique 185 projets labellisés et financés à hauteur de 575 millions d'euros de subventions publiques, pour des dépenses de R&D d'environ 1,7 milliards d'euros. Les retombées en termes d'emplois de recherche sont importantes, mais difficiles à évaluer en termes d'emplois industriels et de services.

Anne Dalmasso

Transcription

Présentateur
En France, des pôles de compétitivité pour redynamiser l’économie française. C’est ce qu’a annoncé ce matin le gouvernement. Au total 67 secteurs répertoriés, en quelque sorte des silicones vallées à la française. L’idée est d’associer différentes entreprises pour développer des projets communs en leur proposant notamment des exonérations fiscales, le but est de résister aux délocalisations. Dans ce domaine euh, Grenoble a joué euh, les précurseurs. Depuis 30 ans en effet, existe un pôle compétitivité autour de la microélectronique et c’est précisément en visitant ce site, il y a un an, que le gouvernement a eu l'idée de multiplier ces pôles. Reportage d’Anne Sylvain et Mathieu Hauville.
Journaliste
Au pied des Alpes, ST Microelctronics, l’un des leaders mondiaux des puces électroniques. Dans cette salle blanche, ils ont tous la même blouse, sont tous ingénieurs mais employés par des sociétés différentes. ST Microelectronics bien sûr, mais aussi Philips et Freescale, ses concurrents directs. Une alliance originale à l’image de ce que seront demain les pôles de compétitivité.
Joël Hartmann
Finalement les trois compagnies, même si elles sont concurrentes ensuite par derrière, ont trouvé un avantage à travailler ensemble de façon à aller plus vite et mieux pour développer ces technologies qui coûtent de plus en plus cher et qui sont de plus en plus de complexes à développer.
Journaliste
C’est au cœur du Polygone scientifique de Grenoble, dans un laboratoire du CEA qu’est né ST Microelectronics il y a 30 ans. L’objectif aujourd’hui est d’aller plus loin encore avec ce nouveau projet Minatec sur un même site. L’idée est de regrouper les laboratoires de recherches, les startup et les écoles d’ingénieurs. Grâce au pôle de compétitivité, Grenoble espère recevoir de l’argent public, indispensable pour gagner son pari.
Jean Therme
Aujourd’hui nos principaux concurrents qui se situent aux Etats-Unis, en Corée, à Taiwan, au Japon et en Chine ont des investissements beaucoup plus importants que ce qu’on est en train de réaliser sur l’environnement grenoblois et il est clair que si on ne n’obtient pas de financements supplémentaires, on ne restera pas dans la course, les meilleurs.
Journaliste
Les entreprises traditionnelles comme Schneider Electric ne sont pas en reste. Grâce au pôle de compétitivité, elles bénéficieront d’allègements de charges et de réductions fiscales mais pas seulement.
Jean-Christophe Hutt
L’initiative de pôle de compétitivité, à travers le maillage qui va nous permettre de développer avec la recherche, nous permettra de, d’intégrer toute cette dimension technologique dans nos produits euh, partout.
Journaliste
Le pôle de compétitivité devrait permettre de créer 5000 emplois sur 10 ans dans le bassin grenoblois.